1 300 employés de l’usine Palmar sur le pavé Un drame humain concernant de nombreux pères et mères de famille

1 300 employés de Palmar Ltée sont dans le désarroi total, jetés sans ménagement sur le pavé, depuis la fermeture de cette usine de textile située à Mon Loisir le 22 février. Indécis sur leur sort, ils sont nombreux à mener une bataille acharnée afin de recevoir leur compensation pour leur temps de service, ce qui leur permettrait de garder la tête hors de l’eau. Suite à une rencontre avec le ministre du Travail le lundi 18 mars, ils s’accrochent à une lueur d’espoir.

Parmi ces travailleurs, Swastee Ramsahaye, âgée de 48 ans, habite à Pointe-aux-Piments. Elle a vu ses projets anéantis du jour au lendemain, suite à la fermeture soudaine de l’usine. « Ce jour-là, je travaillais le ‘shift’ du matin. J’ai appris la fermeture le soir dans le journal. Le monde s’est écroulé autour de moi. Il n’y avait aucun préavis. Mes larmes ont commencé à couler », dit-elle. En juin, Swastee Ramsahaye aurait compté 21 ans de service à l’usine Palmar.

Une angoisse la tenaille au quotidien. Les longues journées sous le soleil de plomb de Port-Louis sont extrêmement stressantes pour cette mère de deux enfants. « Cela m’affecte beaucoup moralement. Mais si nous ne descendons pas dans la rue pour lutter pour nos droits, on nous laissera tomber. Tous nos collègues se serrent les coudes et essaient de montrer leur support », affirme-t-elle.

Swastee Ramsahaye a deux enfants, âgés de 11 et 16 ans, qui sont toujours à l’école. L’aîné est en Form V et sa fille en Form I. Cette dernière vient d’intégrer le collège cette année-ci. La quadragénaire ne sait plus à quel saint se vouer pour pouvoir financer leurs études. « C’est bien difficile. Mon fils prend des leçons particulières, et il faut acheter ses fournitures scolaires. Je ne sais plus comment faire », explique-t-elle, avec un désespoir palpable dans la voix. Son époux, étant maçon, n’a pas de rémunération fixe.

Avec le fardeau des dettes sur les épaules, son seul souci pour le moment est de trouver un autre emploi au plus vite. Elle ne jette pas l’éponge, et ses enfants en tête, se rend tous les jours dans les hôtels et les usines pour trouver du travail. « Certains employeurs refusent de nous prendre à cause de notre âge. Nous seuls savons les difficultés que nous subissons », lâche-t-elle en pleurs.

Tout comme Swastee, Sookara, une sexagénaire habitant Brisée-Verdière, fait face à la même situation. Elle vit un véritable calvaire depuis la fermeture de l’établissement. À l’âge de 60 ans, il est quasiment impossible pour cette femme de trouver du travail. Elle était la seule à ramener des sous à la maison. Son époux souffre de plusieurs complications de santé, y compris des problèmes cardiaques. La pension de Sookara l’aidait à subvenir aux besoins de sa famille alors qu’elle utilisait son salaire pour acheter des médicaments. « Mo latet fatigué bouku depi ine arrive sa », explique-t-elle. Elle doit chercher un emploi « dan karo » pour qu’elle puisse s’occuper de son mari.

Fayzal Ally Beegun, syndicaliste : « Que les autorités prennent une décision urgente »

Soutenu par leur porte-parole, le syndicaliste Fayzal Ally Beegun, de nombreux ex-employés de l’usine Palmar ont tenu une manifestation pacifique le lundi 18 mars devant l’Hôtel du gouvernement, pour réclamer la compensation qui leur est due. Dans une déclaration à Sunday Times, le syndicaliste demande que les autorités prennent une décision urgente concernant la compensation que demandent les employés sur le pavé.