[5ème Sommet de la Commission de l’Océan Indien] Navin Ramgoolam : « Ensemble, nous pouvons faire émerger un espace régional plus fort, plus résilient et plus prospère »

Le 24 avril 2025, à Antananarivo, Madagascar, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a conduit une délégation mauricienne — comprenant notamment le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international, Dhananjay Ramful — à l’occasion du 5ème Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Commission de l’Océan Indien (COI).

Ce sommet, ayant pour thème « Sécurité et souveraineté alimentaires pour le développement du marché de l’Indianocéanie », a réuni les dirigeants des cinq États membres de la COI : l’Union des Comores, la France au nom de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Seule organisation régionale africaine exclusivement composée d’îles, la COI porte depuis 1982 la voix insulaire sur les scènes continentale et internationale.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre Ramgoolam a prononcé un discours fort, et a souligné que ce sommet était une occasion idéale pour renouveler les engagements politiques et stratégiques des États membres face aux défis communs qui affectent particulièrement les îles de l’Océan Indien. Selon lui, dans un contexte géo-économique de plus en plus fragile et marqué par des tensions commerciales croissantes, les îles risquent d’être les premières victimes de cette instabilité. Il a insisté sur la nécessité d’agir collectivement pour renforcer la résilience des États insulaires et assurer leur durabilité à long terme.

« Le statut quo, dans un écosystème en mutation perpétuelle, est intenable. Il nous conduira droit vers l’obsolescence », a averti le Premier ministre, appelant à une coopération plus ambitieuse entre les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé. Seule une approche intégrée et collaborative, a-t-il ajouté, permettra de surmonter les défis actuels et futurs.

La souveraineté alimentaire au cœur des préoccupations
Une partie importante du discours de Navin Ramgoolam a été consacrée à la sécurité et à la souveraineté alimentaire, des enjeux particulièrement sensibles pour les États insulaires. Le Premier ministre a déploré la dépendance continue de la région vis-à-vis des importations alimentaires, une vulnérabilité exacerbée par les coûts élevés liés au fret et à l’éloignement des marchés fournisseurs. Il a exhorté les pays membres de la COI à promouvoir une coopération renforcée en matière d’échanges commerciaux intra-régionaux, afin de réduire cette dépendance.

Le Dr Ramgoolam a également évoqué l’importance de la pêche, un secteur vital pour la région, non seulement pour la sécurité alimentaire mais aussi pour l’économie bleue. Il a salué les progrès réalisés dans la lutte contre la pêche illégale, notamment à travers le Plan Régional de Surveillance des Pêches et l’établissement d’un mécanisme régional de contrôle. « Nous avons la responsabilité d’unir nos forces pour faire émerger une économie bleue innovante, génératrice de croissance et d’emplois, et respectueuse des écosystèmes. », a-t-il déclaré.

Lutte contre les menaces maritimes et sécurisation des ressources
Le Premier ministre a aussi abordé les enjeux de la sécurité maritime, qui restent primordiaux dans un océan aussi vaste et stratégique que celui de l’Indianocéanie. Il a salué les efforts conjoints de la COI et de ses partenaires internationaux pour lutter contre les crimes maritimes, tels que le trafic de drogues et la piraterie, qui continuent de menacer la stabilité de la région. Maurice, a-t-il rappelé, soutient activement l’initiative des Combined Maritime Forces et a mis en avant la coopération croissante avec des acteurs mondiaux comme l’Union Européenne, la Chine, l’Inde et le Japon.

Une vision partagée pour l’avenir
En conclusion, Navin Ramgoolam a réaffirmé l’engagement de Maurice à contribuer à la revitalisation de la coopération régionale au sein de la COI. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats et de capitaliser sur les initiatives passées pour faire face aux défis communs. Selon lui, la région a un potentiel considérable qui doit être exploité de manière durable pour assurer la prospérité des populations insulaires.

« Ensemble, nous pouvons faire émerger un espace régional plus fort, plus résilient et plus prospère, car rappelons-le, nos pays sont de grand États océan avec un potentiel énorme et la responsabilité nous incombe d’en assurer la sécurité et la durabilité pour le plus grand bien de nos peuples  », a-t-il conclu, appelant à une coopération accrue pour l’avenir de l’Indianocéanie.

En marge du sommet, le Premier ministre a eu plusieurs échanges bilatéraux, notamment une rencontre avec le président français Emmanuel Macron. Il a également marqué un geste symbolique fort en remettant aux autorités malgaches 45 lingots d’or saisis par les douanes mauriciennes en 2019, réaffirmant ainsi l’engagement de Maurice dans la lutte contre la criminalité transnationale.