Sécurité routière
En août 2023, le nombre de victimes d’accidents de la route s’élève à 90, contre 56 l’année dernière à la même période. Pas moins de trois victimes ont été dénombrées durant la semaine écroulée. Les accidents routiers semblent se multiplier de manière alarmante, et le bilan pourrait rapidement atteindre la barre des 100 morts. Comment expliquer cette recrudescence des accidents parmi la population mauricienne ?
Malgré quelques incidents majeurs ayant marqué la conscience collective, tels que celui survenu à Sorèze le vendredi 3 mai 2013, lors duquel un bus de la CNT a quitté la chaussée pour aboutir en contrebas, causant la perte de 10 vies, dont celle du chauffeur, ainsi que 45 blessés ; ou encore l’accident de décembre de l’année dernière à Beau-Plan, ayant entraîné la mort de 4 personnes, le grand public demeure souvent perplexe face à ces tragédies routières.
La question qui se pose alors est de savoir quelles sont les raisons sous-jacentes qui contribuent à la fréquence grandissante des accidents de la route chez les Mauriciens.
Selon Sanjeev Meewasingh, fondateur de la ‘Bikers Union’, il existe des problèmes de non-conformité aux normes, ainsi qu’avec les lois et la façon de faire des ‘Policy Makers’. Il souligne également la négligence et la nécessité d’une refonte de l’éducation des conducteurs. « Actuellement, il est impératif de mettre en place une éducation de base, car les Mauriciens ne respectent plus les normes ni le code de la route. Les véhicules ne sont pas adaptés et l’état des routes est lamentable pour un pays tel que Maurice en 2023 », déplore-t-il.
« Il est consternant de voir que les mesures de sécurité sont souvent négligées. La majorité des accidents impliquant des deux-roues se révèlent fatals, principalement parce que les usagers ne portent pas les équipements de protection essentiels tels que les casques, les bottes, etc. Par conséquent, ils se retrouvent vulnérables. L’indiscipline règne également parmi les ‘riders’, en particulier chez les jeunes qui manquent de compétences et de formation professionnelle », ajoute Sanjeev Meewasingh. « Quel est le rôle de la NLTA (National Land Transport Authority) ? Je pense que cet organisme aurait dû revoir ses ‘opérations crackdown’ », souligne le fondateur de la ‘Bikers Union’. Sanjeev Meewasingh s’interroge également sur le rôle de la force policière, et se demande de quelle manière les contraventions sont appliquées en matière de sécurité routière.
Du côté de la police, l’Inspecteur Siva Coothen avance que la responsabilité sur la route revient à tout un chacun, et que la force policière est là pour renforcer la loi.
« Lapolis la pou fer contrôle pou checker si bann véhicules ek bann conducteurs zot pe respecter la loi et les codes de la route, bann centre de fitness bizin assume zot responsabilité kan zot pe donn fitness enn transport, la police pa pu kav al check tousala. Longtemps kan ti ena fonctionnaire laba, public ti pe dir ki pe donn cash dans l’envelope, aster li privatiser, zot bizin assume zot responsabilité », di-il.
« Nou compte aussi lor bann médias pour pass bann message pou conscientise la population, nunn fini arrive 89 victime en août, l’année dernière ti ena 56 mort pour même période », confie l’Inspecteur.
Responsabilité des parents : Un élément à ne pas négliger
Les parents des jeunes victimes d’accidents de la route sont inconsolables, c’est un fait. Cependant, selon un agent de la TRMSU qui s’exprime de manière anonyme, ils doivent également assumer leur part de responsabilité.
« Ou pa kav donn enn zenfan 16 ans enn motocyclette, ou pa pren compte ki konsekans sa kav ena. Ou donn li enn moteur ek ou fer li al lor coltar, li vraiment dangereux ek irresponsable sa. Autorité kav pren tou mesures ki bizin, mais si parents ek usagers pas vinn responsables, nanier pas pu changer », confie-t-il.
Même son de cloche du côté de Siva Coothen. « Les parents ont un grand rôle à jouer dans l’éducation des enfants en ce qui concerne la sécurité routière, nou fer boku reunion ek ‘Community Policing’ pour justement éduquer et sensibiliser la population par rapport aux dangers de la route, maintenant, l’effort revient aussi aux parents et aux motocyclistes », dit-il.
Grand Baie : Destin tragique pour deux jeunes de 17 et 16 ans
Mercredi 9 août, deux adolescents, Fahad Hossein Sakib, 16 ans, et son passager et ami Waleed Mungur, 17 ans, ont perdu la vie dans des circonstances déchirantes. Proches l’un de l’autre, ils entretenaient une solide amitié.
Ils se rendaient au collège lorsqu’ils ont violemment été percutés par une fourgonnette de 15 places, alors qu’ils négociaient un virage à La Salette, Grand-Baie. Le chauffeur du véhicule est un résident de Fond du Sac âgé de 56 ans.
Les circonstances de l’accident demeurent inconnues à l’heure actuelle, mais on sait que les deux adolescents sont morts sur le coup. L’autopsie, pratiquée par le Dr Monvoisin, a attribué leur décès à de multiples blessures.
Baie-du-Tombeau : Shazid Korrimbocus perd la vie à 19 ans
Shazid Korrimbocus, 19 ans, autre accidenté de la route cette semaine, n’a malheureusement pas survécu. Il a perdu la vie le mardi 8 août suite à une collision survenue à Baie du Tombeau la veille. Il était passager de la moto conduite par son cousin, un policier âgé de 21 ans, après une sortie dans le nord. Le policier, constable au sein de la PHQ SST, a subi une fracture à la jambe, tandis que son cousin a succombé à ses blessures. L’autopsie a confirmé que son décès était dû à un choc hémorragique.
Plaine-Magnien : Un cycliste de 42 ans tué sur le coup
C’est vers 5h du matin ce samedi que le drame s’est produit à Plaine-Magnien. Un cycliste de 42 ans a été mortellement fauché par un 4X4. La police s’est rendue sur les lieux et a retrouvé la victime inerte sur le bord de la route. Le médecin du SAMU dépêché sur place n’a malheureusement pas pu le réanimer et a constaté le décès du quadragénaire qui résidait à la Résidence Balance, Plaine-Magnien. Le test d’alcoolémie pratiqué sur la conductrice du 4X4 s’est révélé négatif. La police a ouvert une enquête.
Les chiffres, selon ‘Statistics Mauritius’
Le nombre d’accidents de la route enregistrés au cours du premier semestre 2022 a connu une augmentation de 35,7 %, atteignant ainsi un total de 16 934, comparé aux 12 477 enregistrés au cours de la même période en 2021. Parmi ces accidents, la grande majorité, soit 15 920 (94,0 %), n’ont pas entraîné de blessures, tandis que 42 ont été mortels et 972 ont occasionné des blessures graves ou légères.
Par rapport à la même période en 2021, les accidents ayant occasionné des blessures corporelles ont augmenté de 19,0 %, les accidents uniquement matériels ont quant à eux augmenté de 36,9 %. En revanche, une baisse de 17,6 % a été enregistrée dans le nombre d’accidents mortels.
