Il pourra continuer à tourner sa langue comme il veut, dans tous les sens qui lui chantent et aussi longtemps que cela lui plaît. Il pourra également prendre des clichés de ses parties intimes et d’envoyer des sextos à sa guise. Et pas n’importe où, svp ! Mais bel et bien au sein de l’hémicycle. Car c’est bien le message que la Speaker envoie en disant qu’elle ne peut sanctionner de tels comportements, aussi indignes soient-ils. Devrons-nous donc être surpris si l’auguste Assemblée nationale a été le théâtre, ces derniers temps, des envolées du genre « licking my hands and other parts » ou « showing his private parts » ? De telles vulgarités n’auraient nullement surpris si elles avaient été prononcées ou commises dans une maison close, mais qui choquent quand elles proviennent de la bouche de ceux qui sont censés donner le bon exemple, surtout quand ils se trouvent dans ce qui devait être le « temple » des parlementaires. Mais le niveau de certains de ces élus est tellement bas qu’ils transgressent toutes les limites.
C’est encore plus désolant que la Speaker, qui devait s’ériger en rempart contre ces dérives, devient complice de ces obscénités pour des raisons perçues comme étant de la politique partisane. En se réfugiant notamment derrière des « standing orders » pour émettre des « rulings » biaisés qui ne convainquent personne d’ailleurs. Maya Hanoomanjee confond impartialité avec loyauté envers son ancien parti, mais aussi envers ses proches. Son dernier « ruling » en date, soit dans l’affaire Tarolah, en est l’exemple concret. Il donne la perception qu’il cache une stratégie politique qui vise à ne pas déstabiliser la majorité gouvernementale. Elle a saisi la balle que lui a envoyée le DPP au bond en rejetant tout « contempt », prétextant un vice de procédure. Au final, il n’y aura point de procès contre le député Kalyan Tarolah qui pourra donc conserver son siège à l’Assemblée nationale, évitant dans la même foulée une partielle au no. 10. Ce qui aurait pu être néfaste pour le pouvoir, surtout à l’approche des élections générales. Maya Hanoomanjee s’est ainsi assurée que cette affaire n’ait pas de répercussions sur le gouvernement de son neveu, Pravind Jugnauth.
Cette affaire démontre encore une fois la relation incestueuse qui existe entre le régime actuel et le bureau de la Speaker. Tant que celui-ci n’opère pas en toute indépendance, les dérives gouvernementales au sein de l’hémicycle persisteront toujours. Cela ne peut qu’apporter de l’eau au moulin de Tarolah et consorts. Les membres de l’opposition et la population pourront s’offusquer autant qu’ils veulent mais tant que ce soit Maya Hanoomanjee qui dicte sa loi, les parlementaires de la majorité se réconforteront dans leurs positions, fussent-elles « unparliamentary » ou « contemptuous ». Après tout, les liens du sang sont bien plus forts que toute autre préoccupation, n’est-ce pas ?