Alors que la dissolution de l’Assemblée nationale est imminente, des institutions clés de l’État sont plus que jamais instrumentalisées par le gouvernement de Pravind Jugnauth. Outre les réalisations et promesses à gogo de ces derniers jours, des recrutements sont aussi à l’agenda. Un dernier forcing pour caser les proches du pouvoir et tenter de dégager un ‘feel good factor’ illusoire à l’approche des élections. Ainsi, plusieurs postes sont à pourvoir dans certains corps paraétatiques, dont la MBC et la CWA, les deux à la solde du gouvernement sous le règne d’Anooj Ramsurrun et de Prakash Maunthrooa respectivement.
La MBC, réduite plus que jamais à une honteuse boîte de propagande sous la tutelle d’Anooj Ramsurrun, procède à un recrutement massif en ce moment. Au moins treize diverses catégories d’employés sont recherchées, allant de cameramen au Internal Audit Officer, en passant par des charpentier, électriciens, Make Up Officer, jardiniers, et gardiens de sécurité, entre autres. L’appel à candidatures avait été affiché sur le site web de la MBC le 2 septembre dernier et la date limite pour postuler était le 11 septembre. Les recrutements vont bon train en ce moment, apprenons-nous.
À la CWA également, le levier en vue d’un prochain exercice de recrutement a déjà été activé. L’organisme, sous la direction de Prakash Maunthrooa, blue-eyed boy de Lakwizinn dont le contrat est renouvelé mensuellement depuis peu, prévoit d’embaucher des ‘Trainee Meter Reader’. La date limite pour les applications est le 18 septembre prochain. Le timing de ces recrutements interpelle et vient s’ajouter à la méfiance qui s’est déjà installée au sein de l’organisme suite à des abus de pouvoir, des passe-droits et une politique répressive envers ceux qui osent élever leur voix pour dénoncer la situation, comme l’ancienne ‘Chief Internal Auditor’ contrainte à la démission.
Ce qui interpelle aussi dans ces recrutements qui peuvent être perçus comme des bribes électorales en raison de l’imminence des prochaines élections, c’est cette publication sur la page Facebook de « MSM No 8 – Pli For Ensam » qui est on ne peut plus claire : « Nou pe encouraz zot apply pou bane posts dan CWA et MBC ». Que peut-on en déduire : Que les votants, plus précisément les activistes de la circonscription no. 8, qui est celle du Premier ministre Pravind Jugnauth, sont encouragés à postuler pour ces postes. Seront-ils privilégiés ? Est-ce une politique de « noubanisme » au détriment de la méritocratie ? N’est-il pas temps pour que la Commission électorale se penche sur ces cas et émette des directives claires, nettes et précises pour que les prochaines élections générales soient ‘free and fair’ au lieu d’être teintées comme la dernière fois ?
Nouvelle promesse premierministérielle
Après l’entrée en vigueur de l’internet gratuit aux jeunes de 18 à 25 ans la semaine dernière et l’annonce de la possibilité d’une baisse des prix des carburants pour ce mois-ci, le Premier ministre a fait une nouvelle annonce cette semaine. Les jeunes de 18 à 35 ans bénéficieront de prêts logement sans intérêts si son gouvernement est réélu. Une annonce que certains voient avec une certaine méfiance…
Le port : 42 patentes de taxis allouées rien que dans la circonscription no. 1
Une situation tendue règne parmi les chauffeurs de taxi ayant des patentes pour opérer dans le port. Une quarantaine de nouvelles patentes viennent d’être livrées et d’autres le seront très prochainement. Sauf que cette situation n’est pas au goût de tout le monde. D’abord, les chauffeurs de taxis soutiennent que 42 nouvelles patentes ont été allouées pour opérer au ‘Cruise Terminal’. Et ce, alors qu’il y a déjà une autre base dans le port et connue comme le ‘Port Area’ où opèrent déjà une soixantaine de taxis. Ce qui défie toute logique et même les paramètres de la loi, selon le président de la ‘Taxi Proprietor’s Union’, Raffick Bahadoor. « Pa kapave ena deux bases dans même paramètre », dit-il.
D’ailleurs, selon lui, la ministre Dorine Chukowry, députée de l’endroit, aurait abusé de sa position pour offrir ces 42 patentes aux mandants de sa circonscription, soit le no. 1, alors que toute la région de Port-Louis, englobant aussi les circonscriptions nos. 2, 3, et 4, auraient dû être concernées. « 42 patentes zis dans no. 1. Be nos. 2, 3, et 4 pas votants zot ? Zot pa gagne chances égales ? Auken procédures pane suive », martèle-t-il. Il a fallu qu’il y ait des protestations de la part du syndicat pour qu’une annonce soit finalement publiée le 4 septembre dernier, demandant aux Port-Louisiens d’envoyer leurs applications pour l’obtention de patentes.
Raffick Bahadoor se dit néanmoins offusqué par le comportement de la ministre Dorine Chukowry. « Kan ou ene ministre, veut dire ki ou guet zis ou circonscription ? Les autres dimoune, zot lakwizinn pa bizin roulé ? », fustige-t-il, en tirant également à boulets rouges sur le ministre du Transport, Alan Ganoo, qui n’aurait, selon lui, aucun contrôle sur son ministère. « Comment se fait-il que la ministre Chukowry peut s’ingérer dans un ministère qui ne la concerne pas ? Ou bien y a-t-il deux ministres du Transport dans ce pays ? », s’interroge-t-il.
« Travail mem pena, pe donne enkor patente »
Les chauffeurs de taxi basés au ‘Port Area’ ne comptent pas rester les bras croisés. Ils envisagent d’avoir recours à la justice pour dénoncer une situation qu’ils qualifient de malsaine. Non seulement la ministre Chukowry auraient, selon eux, privilégié ses propres mandants, soit ceux de Cassis et Les Salines, mais elle aurait également « zet labou dans zot l’assiette manzé ». Selon eux, bien qu’il y ait maintenant plus de passagers sur les bateaux en visite chez nous, très peu d’entre eux sollicitent les taxis. « Ene bato japonais fek vini. Ti ena 2000 passagers lor la. Lor 70 taxis ki ti ena dans Port Area, zis 20 ine ressi fer courses. Les autres pane gagne travail. Aster pe donne enkor centaine de patente. Be kuma nou pou travail ? » s’interrogent-ils, en blâmant le gouvernement de ne pas soucier de leur sort.