À partir de janvier 2020… Une hausse de 10% attendue sur les commodités de base

Grocery store aisle.

Les récentes mesures du gouvernement telles que la compensation salariale fixée la semaine d’avant à Rs 300, et le salaire minimum (qui passe à Rs 10 200) avait laissé un certain espoir auprès de la classe laborieuse. Mais la récente appréciation du dollar américain, et la tendance à la hausse, ne fait que se confirmer. Or, comme on le sait, quand le dollar éternue, c’est toute l’économie mondiale qui prend froid… Quelles seront les conséquences pour l’économie mauricienne ? Est-ce qu’une flambée de prix affectant la corbeille ménagère nous guette à l’horizon ? Hélas, l’optimisme n’est pas de mise. Selon les éléments de réponse que nous avons obtenus pour ce dossier, les temps durs seront à nos portes dès janvier 2020….

Commodité                Prix moyen actuel                  Prix projeté

Riz basmati (20 kg)     Rs 1300                                   Rs 1430

Riz basmati (5 kg)       Rs 299                                     Rs 328.90

Lait en poudre (1kg)   Rs 193.95                                Rs 213.35

Lait (brique de 1 L)     Rs 44                                       Rs 48.40

Légumes en pot – bébé (250 g) Rs 124                      Rs 136.40

Céréales                       Rs 96.90                                  Rs 106.59

Fromage (250 g)          Rs 78.10                                  Rs 85.91

Macaroni (500 g)         Rs 56                                       Rs 61.60

Couches pour bébé      Rs 359                                     Rs 394.90

 

Les grossistes : une hausse imminente des prix

Pour en savoir plus sur la hausse annoncée des prix, nous nous sommes rendus chez des grossistes à Port-Louis. Ces derniers s’accordent à dire que la flambée de prix est imminente.

Selon Bhai Hamza, une hausse des prix est imminente. « C’est à partir de janvier 2020 qu’on ressentira le plus cette hausse. On estime que toutes les denrées qui sont importées seront revues à la hausse par au moins 10 %. Cela en raison de l’appreciation du dollar vis-à-vis de notre roupie. »

Bhai Hamza nous explique qu’en ce moment la hausse n’est pas trop ressentie car les boutiques utilisent leurs stocks préexistants. Il nous dit aussi que la compensation salariale est « décente » comparée aux années précédentes, où la classe travailleuse avait dû se contenter des miettes, qui était loin de suffire. Or, cette fois-ci, les Rs 300 que le gouvernement offre est « réaliste » et représentera quand même Rs 3 600 de plus par an pour les employés.

Quelques pas plus loin, au Queen Trading, monsieur Mahen abonde dans le même sens. Lui aussi prévoit que la hausse est inévitable : « On achète majoritairement nos produits depuis les grands pays, dont l’économie est liée au dollar. Donc, c’est naturel que si le taux de cette monnaie change, l’effet sera répercuté sur nous autres grossistes, et ensuite sur les consommateurs. »

Notre interlocuteur est d’avis que les prix changeront selon le stock des commerçants. Ce qui explique que différentes surfaces auront différents prix, dépendant du renouvellement de leur stock. Si un commerce a déjà épuisé son stock et qu’il doit le renouveler, il paiera ses produits plus cher et automatiquement, il devra les vendre plus cher qu’auparavant. Au même moment, un autre commerce qui utilise encore son ancien stock ne verra forcément pas ses prix prendre l’ascenseur, du moins dans l’immédiat. C’est cela qui explique les différences temporaires des prix. Mais au final, tous les points de vente verront leurs prix flamber.

 

Eric Ng, économiste

« Attention à la spirale inflationniste »

L’économiste Eric Ng, pour sa part, confirme qu’il y aura vraisemblablement une hausse des prix et met en garde contre l’inflation. Il est d’avis que pour les produits importés, le taux de change a un grand rôle à jouer. Vu que ces dernières semaines, la roupie a déprécié et que le dollar a déjà dépassé la barre de Rs 37, cela répercutera certainement sur leurs prix, selon Eric Ng.

« Ces hausses peuvent  attirer d’autres situations économiques si les consommateurs les acceptent. En cette période de décembre, les gens ont eu leur boni de fin d’année et ne feront pas trop d’attention à ces hausses car ils auront l’argent pour les acheter.

Cependant, en supportant ces augmentations et en achetant normalement, pour ne pas dire plus, à des prix élevés, l’inflation pourra prendre place. Quand les consommateurs continuent à acheter malgré la hausse des prix, une spirale vicieuse est engendrée.

Maintenant, fini le mois de décembre, les consommateurs commenceront à ressentir l’effet de la hausse. C’est alors qu’ils réaliseront que le coût de la vie est devenu plus cher.  Si la hausse reste consistante et ne redescend pas, la corbeille ménagère sera définitivement affectée. Les consommateurs ne pourront acheter de la même sorte qu’autrefois. »

Jayen Chellum, ACIM

« Y a-t-il une politique monétaire délibérée pour déprécier la roupie pour donner un support au secteurs privé ? » 

Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) ne va pas par quatre chemins et dénonce une possible politique monétaire délibérée du gouvernement.

« Le problème est que la roupie a déprécié sensiblement depuis peu et cela en raison des politiques monétaires. Le dollar tournait autour de Rs 30 il y a cinq ans de cela mais dès que ce gouvernement a pris le contrôle du pays, cette monnaie a grimpé pour atteindre près de Rs 37 aujourd’hui.

Je crois qu’il y a eu une politique monétaire délibérée pour déprécier la roupie vis-à-vis des autres devises, pour donner un support au secteur privé. Dans le secteur sucrier par exemple, quand ils vendent le sucre et paient en livres sterling, la dépréciation de la roupie fait de sorte qu’ils recouvrent leurs manques à gagner, voire même leurs pertes. Ils augmentent ainsi leurs recettes à travers cette politique. C’est malheureux de constater que dans toute cette histoire, ce sont les consommateurs qui paient les pots cassés.

Qui plus est, le gouvernement ne veut pas contrôler les prix car supposément pour favoriser la compétition sur le marché. Cependant, je ne suis pas de cet avis. Maurice est un petit pays et parfois ce sont les gros opérateurs qui dominent le marché et ceux au bas de l’échelle éprouvent plus de difficultés à joindre les deux bouts.

Du côté du gouvernement, une fois qu’il a augmenté la pension et le salaire minimum, il n’a plus de souci à se faire. Il nous a donné quelques sous de plus et maintenant, c’est à nous de voir comment nous allons faire pour gérer les conséquences. Il faudrait aussi souligner que la loi pour la protection des consommateurs a été reléguée aux oubliettes.

Je dois aussi faire ressortir qu’à peu près 40 % des revenus des personnes de la classe moyenne partent dans la corbeille ménagère. Donc, des augmentations de cette façon pèsent lourd pour la plupart des familles. Je conseille ainsi aux consommateurs de prendre leur temps à marchander et de voir où ils peuvent acheter leurs produits à meilleur marché. Sinon, ils peuvent aussi acheter en gros pour économiser. » 

La compensation salariale sera-elle suffisante pour compenser la hausse ?

Cela dépend du panier de consommation de chaque individu ou famille, comme nous dit Eric Ng. « Si un consommateur a un panier de consommation dont les prix ont flambé, ces Rs 300 seront insuffisantes. De plus, il faudrait aussi considérer si les compagnies privées pourront offrir cette compensation. Encore un autre débat concerne à calculer le taux d’inflation par rapport à cela. On ne doit pas oublier de faire la liaison de la compensation salariale avec le niveau de l’inflation pour pouvoir tirer une conclusion plus claire. »

Le  prix du lait déjà en hausse

Pour l’instant, c’est principalement le lait en poudre qui a connu une hausse des prix. À l’instar de ‘Farmland’, qui  se vendait à Rs 181.50, est maintenant vendu à Rs 189. Idem pour le lait ‘Red Cow’, qui passe de Rs 194 pour atteindre les Rs 201.50. Des hausses qui sont jugés considérables par des économistes.

Les produits qui ne sont pas concernés par cette augmentation sont la farine et le riz ‘ration’. Idem pour le sel ou l’huile comestible.