A-t-il été victime d’un crime prémédité?

Deuxième semaine dans l’enquête judiciaire de cette affaire en Cour de Moka. Le représentant de Mauritius Telecom, le médecin-légiste qui avait autopsié le corps de Kistnen, le responsable du centre de contrôle des caméras Safe City entre autres étaient attendus à la barre des témoins. Des révélations cruciales qui mènent à la conclusion que l’activiste MSM n’a pu se suicider. L’affaire a été renvoyée au 15 janvier 2021.

 

Les caméras Safecity et les versions contradictoires du SP Dhawan et du policier Abheeram

En cour lundi 14 décembre, les images et les dates des caméras Safe-City ne correspondaient pas. De plus le système de sécurité des caméras est remis en question. Les deux policiers qui sont supposés  être responsables dans la Safe City Control Room se sont contredits sous serment en Cour de Moka. Le constable Abheeram aurait affirmé le 10 décembre que la caméra était opérationnelle, mais que les images avaient disparu. Le Surintendant de Police Dhawan est venu confirmer que la caméra de La Louise était opérationnelle à partir du 29 octobre.

 

Kistnen en contact avec Pravind Jugnauth, Ken Arian et Bassoodeo Seetaram

Le mardi 15 décembre, le représentant de Mauritius Telecom Kiran Gokool, devrait révéler qu’il aurait remis les documents d’échanges téléphoniques à la police au lieu de les présenter en Cour. Avec les insistances de Me Azam Neerooa le représentant du DPP, il a dû revenir le lendemain. Le représentant de Mauritius Telecom a affirmé en Cour de Moka que Kistnen Soopramanien avait communiqué avec le Premier ministre ainsi que son conseiller Ken Arian et Bassoodeo Seetaram. D’ailleurs du 18 septembre jusqu’au 16 octobre, les échanges téléphoniques ne démontrent aucun appel ni SMS rentrant ou sortant. Selon le représentant de Mauritius Telecom il se pourrait que les informations qui sont transmises sur un tableau Excel pourraient être manipulées.

 

Révélations du neveu du Kistnen, Nishay Boodooa

Nishay Boodooa a indiqué en Cour que son oncle allait obtenir une somme  de Rs 14 millions en trois tranches. Il a aussi affirmé que les relations entre le ministre Sawmynaden et son oncle avaient détérioré ces derniers temps. Le neveu de Kistnen a même évoqué une discussion entre le garde du corps du ministre et son oncle. Nishay Boodooa s’était aussi rendu dans le champ de cannes à Telfair le 20 octobre là où le corps de Kistnen a été retrouvé deux jours après. Le neveu de Kistnen affirme avoir même fait des photos avant de l’envoyer au sergent Rostom de la CID de Quartier Militaire. Ce dernier avait même déclaré sous serment qu’il ne savait rien sur la voiture rouge dont les traces ont été retrouvées sur un rocher dans le champ de cannes à Telfair. Il a aussi évoqué la disparition des mails de Kistnen

Les motions des avocats

Me Rama Valayden a déposé une motion pour que Vinay Appanah vienne déposer en Cour comme témoin dans cette affaire. Il a aussi présentér une motion  pour que le Premier ministre soit appelé comme témoin suite à un article paru dans le quotidien « Le Mauricien » le vendredi 11 décembre sur le fait que le Premier ministre aurait mené sa propre enquête dans l’affaire Kistnen et qu’il a confiance en son ministre Yogida Sawmynaden « Prime Minister to be summoned as witness to show when he conducted enquiry, the persons he interviewed, who was present during the interview or recording of any statement. Wether he had access to CCTV footage, report of police or NSS on ingoing and outgoing SMS calls of minister Yogida. »

 

Les intimidations contre les avocats et protection policière

La présence du conseiller du Premier ministre Pravind Jugnauth, Vinod Appadoo, n’est pas passée inaperçue en cour de Moka. Ce conseiller a même eu une conversation selon les avocats de Kistnen, avec le frère de Kitsnen Soopramanien, Govinden, à l’heure du déjeuner. La magistrate avait démandé au témoin Govinden Soopramanien de ne pas quitter la salle d’audience, vu qu’il était toujours sous serment. Par ailleurs, un poste sur Facebook avait aussi indiqué que le corps de Rama Valayden a été retrouvé dans un champ de cannes. Des intimidations ont aussi été faites contre Me Rouben Moorongapillay. Dans ce cas, la magistrate chargée de l’enquête judiciaire a donné une protection policière aux avocats concernés.

Révélation du médecin-légiste

Dans le rapport initial du médecin-légiste Ananda Sunassee, l’autopsie aurait conclu que Kistnen est mort d’un œdème pulmonaire. Or, l’avocat du DPP, Me Azam Neerooa en cuisinant le médecin-légiste sur  le rapport de l’autopsie, celui-ci a fini par cracher les morceaux en affirmant qu’il y avait bel et bien du péthidine dans le corps de Kistnen. Ce qui aurait finalement conclu que ce n’était pas unsuicide mais bien un meurtre. Le médecin-légiste avait néanmoins souligné que la thèse de « foul play » ne pouvait pas être écartée.

La motion de la magistrate sur l’emploi fictif de Simla Soopramanien et des appels d’offre de la STC

La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth a décidé de prendre l’affaire en main et a ordonné la MCIT de faire une enquête auprès de la STC pour avoir tous les documents, tenders ainsi que des bids et des noms entre autres depuis octobre 2019 jusqu’à août 2020. La MCIT aura aussi à enquêter auprès du clerk de l’Assemblée Nationale, de la NPF et la MRA si la veuve de Kistnen, Simla Soopramanien avait été enregistrée comme « Constituency Clerk » du ministre Yogida Sawmynaden. D’ailleurs, la veuve de Kistnen  avait déjà porté plainte à la commission anti-corruption le 8 décembre pour emploi fictif.

Menace de la MCIT

En cour ce vendredi, Parsooramen Arian a fait une révélation troublante dans laquelle il affirme avoir été menacé lors de son interrogatoire par les enquêteurs de la MCIT lundi dernier pour dire que Kistnen Soopramanien est mort chez lui et qu’il aurait, en compagnie de son frère conduit l’activiste MSM dans le champ de canne à Telfair. L’ami de Kistnen avait refusé carrément d’accepter une telle accusation. Cependant Me Rama Valayden a déposé une motion devant la magistrate pour que Parsooramen Arian béneficie d’une protection policière.

Dans ce cas, la magistrate chargée de l’enquête judiciaire a ordonné une protection policière aux avocats concernés. Mais cette protection se fait toujours attendre.

L’affaire reprend le vendredi 15 janvier 2021.