Abus de pouvoir de la police : « Soit to signé, soit to alle cachot »

Enième cas d’écart de conduite de la part de la police. Un père de famille dans la quarantaine qui s’était rendu à la clinique dentaire de Rose-Hill pour se faire soigner, a été arrêté par la police pour une prétendue histoire de voiture mal garée. Au poste de police de Rose-Hill, il a connu un traitement humiliant et contraint de signer un document, apparemment des aveux.

Javed (prénom fictif), un père de famille habitant Rose-Hill, s’était rendu ce jeudi 18 juin à la clinique dentaire publique de Rose-Hill car il souffrait de rage de dents. Il devait garer sa voiture dans l’aire de stationnement de la clinique. Alors qu’il avait déjà pris place dans la file d’attente, un policier devait lui dire qu’il n’avait pas le droit de garer sa voiture à cet endroit. Javed essaie de faire comprendre au policier qu’il est venu faire traiter sa dent, et que comme patient, il a le droit de garer sa voiture là. Cela devait dégénérer en une joute verbale avec le policier.

Pour éviter les embrouilles, Javed décide de bouger sa voiture mais il essaye d’identifier le policier d’après l’insigne sur son uniforme, car il voulait porter plainte. Le policier devait mal prendre la chose. Il demanda vertement à Javed : « Ki to pe gété ? ». Et ce dernier de lui rétorquer : « Mo pe get to nom, akoz mo pou ale porte plainte ». Le policier embarque alors Javed dans une fourgonnette de police et l’emmène au poste de police de Rose-Hill, laissant la voiture de ce dernier dans la cour de la clinique, même si selon le policier, le véhicule n’était pas censé être la.

Au poste de police, Javed était confiant que tout allait bien se passer, car il n’avait rien fait de mal. Il passe devant un inspecteur de police, qui ne veut rien entendre. « Inspecter la pane laisse mo mem kozer, pou li so zom mem ki ena raison » nous dit-il. « Mo ena confiance dans la polis mais jamais mo ti pe atan sa pou passe kumsa. »

Il est bousculé par les policiers

Après que l’inspecteur en ait fini avec lui, il devait apprendre que le policier avait enregistré une plainte contre lui. On lui a alors demandé de signer un document, apparemment des aveux, et on lui fait comprendre que c’est l’inspecteur qui a donné l’ordre pour qu’il signe le document en question. Dans un premier temps, il refuse de signer, mais mal lui en prit. On lui met devant le choix : il devait signer, sinon il allait se retrouver derrière les barreaux. Les policiers l’empêchent en outre d’appeler sa famille ou son homme de loi. Après un moment de refus, Javed décida d’obtempérer car il n’en pouvait plus. Selon Javed, il a subi un traitement humiliant et dégradant aux mains des policiers, qui l’ont bousculé, voire traîné de force à un moment donné. Après avoir signé le document, il a été autorisé à rentrer chez lui.

Il a pris contact avec Youth for Human Rights International Mauritius. Un représentant de cette ONG nous explique que l’affaire a déjà été référée à l’IPCC (Independent Police Complaints Commission). Il nous confie aussi que les membres de cette association demandent une rencontre avec le Commissaire de Police pour évoquer les cas de brutalité policière dans le pays. Le représentant du Youth for Human Rights International Mauritius fait aussi une demande à la population de venir de l’avant pour dénoncer tout cas de brutalité policière afin de mettre une fin aux abus de pouvoir de la part de certains policiers.

Javed  nous confie pour sa part qu’il est toujours sous le choc, car il a été humilié par la police, alors qu’il n’a rien fait. Il dit ne pas comprendre jusqu’à maintenant ce qu’il a bien pu faire pour être dans une telle situation.

Neevedita Nundowah