Accident mortel à Montagne Ory : Le Dr. Sidick Maudarbocus : « C’est dur de perdre un fils comme lui »

Un accident d’une rare violence est survenu vers 3 h du matin ce mercredi 21 octobre à Montagne Ory, impliquant une voiture. Hashim Maudarbocus, 29 ans, était au volant de celle-ci. Il quittait la capitale et se dirigeait vers Moka, et devait terminer sa course contre un mur. La voiture a pris feu et Hashim n’a pas survécu. Les services d’urgences, mandés sur les lieux, n’ont pu que constater le décès de ce dernier. Ce n’est que vers 6 h du matin que le père de Hashim, le Dr. Sidick Maudarbocus, le fondateur et directeur du centre Les Mariannes Wellness Sanctuary, a été informé de l’accident. Rappelons que Hashim Maudarbocus participait pour cette saison en tant que pilote au championnat de rallye organisé par le Motors Racing Club (MRC). Lui et son oncle Rayhan Alladeen avaient été sacrés champions de rallye en 2015.

Le Dr Sidick Maudarbocus, en apprenant la mauvaise nouvelle vers 6 h du matin, se rend au poste de police pour les formalités, et la famille Maudarbocus a décidé de tenir les funérailles le jour même du décès.

« C’était un bon garçon, un garçon obéissant, un garçon très populaire dans son entourage, il avait toute sa vie devant lui », tels étaient les premiers mots du Dr Sidick Maudarbocus, quand nous l’avons rencontré après les funérailles de Hashim à son domicile à Quatre Bornes. Hashim était un jeune qui croquait la vie à pleines dents. Or, le destin en a décidé autrement et il est parti pour toujours.

Troisième enfant d’une fratrie de quatre enfants, Hashim était fils unique. Il avait trois sœurs, dont deux sœurs aînées et une benjamine. Il a donc été l’enfant gâté de la famille.

Avant de sortir ce soir-là, Hashim avait joué avec sa nièce de 4 ans et avait ensuite pris son dîner. « On avait discuté un peu plus tôt. On a fait un commentaire un peu bizarre sur la particularité de la date 20.10.2020, et Dieu a choisi de le prendre le lendemain », dit son père. Juste avant de sortir Hashim avait parlé avec sa mère en dernier. «Line embrasse so mama. Li dire li, mo pour retourner, mo pas pour trop tarder », nous relate le Dr. Sidick Maudarbocus.

Père et fils partageaient une relation très ouverte et franche. Pour le Dr Sidick Maudarbocus, c’est comme si sa main droite qui est partie, car son fils l’accompagnait dans tous ses projets. « Nous discutions de tout, nous partagions tout. Partout où il passait, il se faisait des amis. C’était quelqu’un qui a accompli beaucoup dans sa vie », nous dit-il.

Ce qui est le plus étonnant, Hashim se souvenait des choses qui lui étaient arrivées dans la vie, et cela depuis l’âge de deux ans, et il  se souvenait aussi des lieux où il a été.

Son père nous explique que Hashim était très proche de sa mère. Ils partageaient une relation très spéciale. Sidick Maudarbocus affirme que lui et sa femme ont eu un privilège en ayant un fils comme lui pendant 29 ans.

Hashim Maudarbocus a beaucoup voyagé, y compris en Angleterre et en Ecosse, dans d’autres pays d’Europe, en Asie, et en Afrique du Sud.

Hashim était élève au collège du St. Esprit. Il était ensuite parti faire ses études en ‘Construction Engineering’ à l’université de Kingston en Angleterre. Il a aussi fait son mastère en ‘Business Management’ à l’université de Surrey. De retour à Maurice, il épaulait son père dans son travail au centre de ‘wellness’ Les Mariannes.

Hashim pratiquait assidûment le sport. Il faisait aussi du rallye automobile et a été champion de rallye en 2015 avec son oncle Rayhan. « Il était très attiré par l’automobile et la mécanique. Il pilotait une voiture Revo Mitsubishi qu’il avait rafistolé lui-même car la prochaine saison de rallye aurait eu lieu dans un mois ». Très aimé par ses amis du monde automobile, Hashim participait dans les compétitions de rallye depuis 5 ans maintenant.

Il avait aussi un sens aiguisé de la mécanique. « Il pouvait, à travers le téléphone, conseiller quelqu’un comment démonter une voiture et quelles pièces il fallait installer, et où », se rappelle son père.

Auto-didacte, Hashim avait appris les techniques de la médecine naturelle, comme l’acupressure, la réflexologie, et les massages pour les douleurs, et les rudiments de la médecine du sport.

Ingénieur, il voulait ériger des ‘locus housing’ pour les gens pauvres

Hashim était quelqu’un qui voulait faire encore plus de choses, et mettre sur pied ses propres projets. Il voulait aider les gens. Avec ses notions d’ingénieur en bâtiment, il voulait faire des constructions à Maurice. Il voulait ériger des ‘locus housing’ pour les gens pauvres. Il étudiait beaucoup de choses. Il a aussi étudié l’archéologie, entre autres, et a fait beaucoup de recherches. « Hashim avait plusieurs plans pour l’avenir, et voulait entreprendre plusieurs choses. C’était toujours une personne au grand cœur. On a des super souvenirs ensemble et je ne regrette pas les moments passés avec lui. Il a toujours été à mes côtés. Il a fait des bonnes œuvres. C’était un garçon très positif, avec beaucoup de joie de vivre », ajoute le Dr. Sidick Maudarbocus.

Le Dr Maudarbocus ne manque pas de nous décrire le côté sensible de Hashim. Hashim avait un sens de la générosité extraordinaire et il aimait beaucoup aider les gens. « Depuis l’école, il donnait son argent de poche à sa maman, ou bien il en économisait une partie mais il finissait toujours par le donner à d’autres », se souvient son père. « Il avait un cœur bien sensible et il visitait souvent les orphelinats. C’était quelqu’un qui en voyant n’importe qui mendier sur les rues, arrêterait sa voiture pour lui verser une aumône. Il avait une faiblesse pour les gens qui étaient en difficulté ».

« Dieu nous a donné cette chance et maintenant Dieu l’a rappelé à Lui », nous dit-il, le cœur lourd.

Par ailleurs, le Dr Sidick Maudarbocus tient à remercier toutes les personnes qui lui ont exprimé leurs condoléances et qui l’ont soutenu pendant ces moments  difficiles. « Dans un moment pareil, on a besoin de ce support humain », nous dit-il.

« En tant que croyants », nous affirme Sidick Maudarbocus, « nous devons croire que Dieu a écrit le destin de Hashim. C’est comme ça, il faut accepter mais c’est très dur de perdre un fils comme lui… Il faut passer par là pour connaître la douleur. C’est plutôt le choc. Dieu me fait subir une épreuve très dure, mais je pense que tout était prédestiné. »

Deux sœurs bloquées en Angleterre n’ont pu assister aux funérailles de Hashim

Les sœurs de Hashim sont bouleversées. Deux d’entre elles bloquées en Angleterre n’ont pu assister aux funérailles de leur frère unique. Elles souhaitent rentrer le plus vite possible au pays pour soutenir leurs parents dans ces moments difficiles mais avec le covid-19 et l’imposition de la quarantaine, c’est difficile pour elles.

Malgré la distance qui sépare Hashim de ses deux sœurs, la conversation sur les réseaux sociaux alimentait toujours cette amitié entre frère et sœurs.

 

Sarah Khodadin