[Accidents en série] Quand la route devient un piège mortel

La mort tragique de Yuvraj n’est hélas pas un incident isolé, mais s’inscrit dans une tendance alarmante. Depuis le début de l’année 2024, le pays a enregistré une augmentation notable des accidents de la route, révélant une crise qui s’aggrave. Au cours du premier semestre de l’année, 17 038 accidents de la route ont été recensés, soit plus qu’à la même période en 2023. Cependant, ce qui est particulièrement préoccupant, c’est l’augmentation de 24 % des accidents impliquant des blessés ou des décès, atteignant 1 264 cas. Parmi ces incidents, 70 ont été mortels, une hausse par rapport aux 42 décès enregistrés au premier semestre de 2023.

Les jeunes et les motocyclistes en première ligne

Les chiffres de Statistics Mauritius 2023-2024 révèlent que les jeunes adultes âgés de 21 à 40 ans sont les plus touchés par cette recrudescence des accidents de la route, suivis de près par ceux âgés de 41 à 50 ans. Les motocyclistes, en particulier, sont parmi les usagers les plus vulnérables, avec 33 morts enregistrés parmi eux en 2024. Les piétons, les passagers de véhicules, les conducteurs et les cyclistes ne sont pas épargnés, chacun contribuant au sombre décompte des victimes de la route. Les hommes, souvent plus imprudents, représentent la majorité des victimes, avec 42 décès enregistrés en seulement quatre mois, tandis que les trois femmes tuées étaient toutes des passagères.

Une tendance inquiétante

Depuis janvier, 45 accidents mortels ont été répertoriés, faisant 24 victimes parmi les motocyclistes et une parmi les passagères en croupe de moto. Les piétons, les chauffeurs et les cyclistes représentent également une part notable des décès tragiques sur les routes mauriciennes. Si cette tendance se poursuit, Maurice pourrait enregistrer plus de 148 accidents mortels et 176 décès d’ici la fin de l’année, une situation critique qui appelle à une prise de conscience collective et à des mesures immédiates.

Les causes sous-jacentes

Les excès de vitesse et la conduite en état d’ivresse restent les principales causes identifiées des accidents mortels à Maurice. Les deux-roues, qui représentent près de 40 % des véhicules sur les routes mauriciennes, sont particulièrement impliqués dans les accidents graves et mortels. Les jeunes, souvent imprudents, sont à la fois des conducteurs à risque et des victimes de la négligence d’autres usagers de la route.

Absence de mesures solides et efficaces

Face à cette crise, le gouvernement mauricien a lancé en 2024 une campagne nationale de sécurité routière axée sur le changement de mentalité des usagers de la route et sur l’application stricte des règles de circulation. Les contrôles routiers ont été renforcés, avec une surveillance accrue des infractions telles que l’excès de vitesse et la conduite en état d’ivresse. Cependant, l’efficacité de ces mesures est encore largement débattue. De nombreux experts et observateurs estiment que les lois actuelles, parfois obsolètes, ne sont pas suffisamment dissuasives pour endiguer cette vague d’accidents. L’éducation routière, tant pour les conducteurs que pour les piétons, est également jugée inadéquate, avec un manque de sensibilisation continue sur les dangers de la route.

L’abolition du permis à points, introduit par l’ancien gouvernement travailliste, a également contribué à l’augmentation des comportements dangereux sur les routes mauriciennes, selon des experts. En l’absence de sanctions suffisamment sévères, de nombreux conducteurs prennent des risques inconsidérés, mettant en danger non seulement leur propre vie, mais aussi celle des autres usagers de la route.

Malgré les efforts déployés, la tendance ne montre aucun signe d’amélioration, ce qui soulève des questions sur l’efficacité des mesures en place. Il est désormais crucial que Maurice revoie en profondeur ses stratégies de sécurité routière. La priorité nationale doit être la protection des vies, avec des efforts concertés entre le gouvernement, les forces de l’ordre, et la société civile pour prévenir de nouvelles tragédies. Les routes mauriciennes ne doivent plus être le théâtre de tant de vies brisées.