[Accusé de ‘Conspiracy’] Un sergent de police dans la tourmente

L’affaire prend des allures de scandale au sein des forces de l’ordre. Le sergent Jean-Noël Plaiche, affecté au poste de police de Rivière-des-Anguilles, se retrouve au cœur d’une enquête sensible pour avoir permis à un détenu britannique, soupçonné de trafic de drogue, de passer un appel téléphonique depuis sa cellule. Un geste que le policier qualifie d’humanitaire, mais que ses supérieurs voient comme une entrave potentielle à la justice.

Tout a commencé le jeudi 5 juin, lorsqu’un inspecteur de police surprend le détenu John Robert McGregor en pleine conversation sur un téléphone portable dans sa cellule. À ses côtés, un document volumineux, présenté comme un courrier émanant de la Haute Commission britannique. Alerté, l’inspecteur remonte la filière et découvre que l’appareil en question appartient au sergent Plaiche. Ce dernier admet avoir prêté son téléphone « pour que le détenu puisse parler à son épouse au sujet d’un avocat », mais affirme n’avoir agi qu’une seule fois et sans contrepartie.

Le contexte de cette affaire est particulièrement lourd. McGregor, 57 ans, avait été arrêté deux semaines plus tôt à l’issue d’une opération de livraison contrôlée, après que Lee Anthony Adam, un autre Britannique de 41 ans, ait été intercepté à l’aéroport SSR avec près de 6 kg de cannabis dissimulés dans ses bagages. Ce dernier avait accepté de coopérer avec les autorités mauriciennes, menant les enquêteurs jusqu’à un hôtel à Pointe-d’Esny où McGregor et un troisième homme, Terry Paul Hewitt (46 ans), l’attendaient à bord d’une Porsche.

Lors de l’arrestation, de fortes sommes d’argent en devises étrangères ont été retrouvées sur les suspects, renforçant les soupçons d’un réseau bien structuré, avec de possibles ramifications internationales. L’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) a été saisie de l’affaire, épaulée par la CID de Rivière-des-Anguilles et l’unité informatique de la police.

Dans ce contexte, le geste du sergent Plaiche soulève de nombreuses interrogations. Son téléphone a été saisi et analysé par l’Information and Technology Unit des Casernes centrales, tandis qu’une enquête interne pour ‘conspiracy to pervert the course of justice’ a été initiée. Le policier reste provisoirement inculpé de complot, dans l’attente d’une décision du Directeur des poursuites publiques (DPP) quant à une éventuelle libération sous caution.

Représenté par Me Assad Peeroo, le sergent Plaiche a comparu le 11 juin devant la Cour de Souillac pour une motion de remise en liberté. Faute de position tranchée du DPP, l’audience a été renvoyée au 16 juin. Si le DPP ne s’oppose pas à la libération, celle-ci pourrait être effective dès le 13 juin, à condition que les délais administratifs le permettent.