Affaire Jean Raquel Jolicoeur

La police sur les traces du fournisseur de dynamite et d’armes à feu

Armanda 666 n’est pas inconnu sur Tiktok. Il s’agit de quatre jeunes, avec à leur tête, Jean Raquel Jolicoeur, 26 ans, qui tient deux adresses : Riche-Terre et Roche-Bois. Connus pour leurs chansons pas du tout catholiques, ces jeunes sont considérés comme des fêtards qui circulent en SUV. Et pourtant, ils se présentent comme des marchands de légumes et des maçons.

Toute cette affaire a débuté le 31 mars dernier, après l’arrestation du frère de Jean Raquel Jolicoeur, Jean Miguel Jolicoeur, 20 ans, après que 100 grammes d’héroïne aient été retrouvés à son domicile à Riche-Terre. Le jeune homme a immédiatement balancé le nom de son frère aîné comme étant le propriétaire de la drogue. Depuis, il est parvenu à s’échapper aux forces de l’ordre. Sur sa plateforme de prédilection, Jean Raquel Jolicoeur avait proféré de graves menaces contre le numéro 2 de l’‘Anti Drug And Smuggling Unit’ (ADSU) de l’Ouest, le chef-inspecteur Ashick Jagai. « Missié Jagai, ou prend cash avec moi, après ou met la drogue avec dimoune », avait-il affirmé dans une vidéo. Raquel avait même lancé un appel au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour réclamer son intervention suite à cette affaire. Mais, le chef-inspecteur Jagai aurait confié à son entourage qu’il ne se sentait nullement inquiété par cette affaire, car il n’a jamais empoché de l’argent du présumé trafiquant.

Entretemps, c’est le ‘Field Intelligence Office’ (FIO) du nord, avec à sa tête l’inspecteur Kapoor Gungah et le sergent Jessen Arnasala qui ont pris le relai pour localiser le suspect, qui circulait dans la région de Riche-Terre, Bois Marchand et Roche-Bois. Et quelques jours avant de donner l’assaut, les policiers ont pu le repérer. Il a été souvent aperçu à son domicile secondaire à Roche-Bois. Et l’intervention policière, tôt lundi matin, a porté ses fruits. Le suspect a été arrêté, alors qu’il voulait prendre la fuite, avec un sac, contenant 400 grammes d’héroïne, un revolver, 44 munitions de calibre .22, 10 cartouches de calibre 12 et deux bâtons de dynamite.

Les aveux du suspect ont choqué les policiers, lors d’un premier interrogatoire dans les locaux du FIO à Piton ce même jour. « Ene dynamite ti pou jette lors Casernes et lot la ti pou zet lors Parlement », aurait confié Jean Raquel Jolicoeur aux policiers. Sauf que son avocat, Me. Sanjeev Teeluckdharry, soutient qu’il y a un complot de la police pour nuire à son client pour « fer croire ki li ene terroriste et ki li ene danger public ». L’avocat s’est aussi insurgé contre le fait qu’il n’a pas eu accès à son client. 

Vu l’ampleur de cette affaire, la ‘Counter Terrorism Unit’ (CTU) et le ‘Central Criminal Investigation Department’ (CCID) ont été immédiatement alertés. Et l’enquête a été confiée à la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT) sud, sous la supervision de l’Assistant Surintendant de Police (ASP), Heman Dass Ghorah. En cour de Port-Louis, Jean Raquel Jolicoeur a été provisoirement inculpé sous la ‘Prevention of Terrorism Act’ (POTA), trafic de drogue et possession illégale d’armes à feu. Pendant 36 heures, il a été tenu ‘incommunicado’, soit sans aucun contact, sauf avec les enquêteurs.

La piste du fournisseur explorée

Les Casernes centrales estiment qu’ils ont pu déjouer deux attentats terroristes, qui auraient pu coûter la vie à plusieurs personnes. Les deux bâtonnets de dynamite ont été, dans un premier temps, examiné par la ‘Bomb Disposal Unit’, de la ‘Special Mobile Force’ (SMF), avant d’être remis à la ‘Forensic Science Laboratory’ (FSL). L’objectif des enquêteurs, c’est de savoir la quantité d’explosif que contenaient les deux bâtons de dynamite et l’ampleur des dégâts que cela aurait pu causer, si l’engin explosif allait être utilisé sur un bâtiment.

Mais ce qui préoccupe également la police, c’est de savoir d’où proviennent ces deux bâtons de dynamite et comment elles ont atterri sur le sol mauricien. Déjà, depuis mardi dernier, les enquêteurs ont passé au crible l’entourage du suspect et d’autres suspects probables ont été identifiés. Certains ne sont pas inconnus de la police, car dans le passé ils ont déjà eu des démêlés avec la justice.

Cette affaire rappelle la saisie d’un bâtonnet similaire de dynamite, retrouvé sur un présumé trafiquant de drogue synthétique à Palma, Quatre-Bornes, en mai 2020 chez un dénommé Ronron. « Nous sommes convaincus qu’il s’agit du même fournisseur, car les bâtons sont identiques », explique un enquêteur proche du dossier.