Affaire Molnupiravir : Personne n’est en tort, à en croire les autorités

Pour qui nous prennent-ils ? Si le Premier ministre a été prompt à réagir suivant les révélations fracassantes dans l’affaire Molnupiravir, tout semble pour l’heure indiquer que personne, oui vous l’avez bien entendu, personne n’est en tort. Le Premier ministre Pravind Jugnauth a tiré son épingle du jeu en prétextant ne rien savoir bien qu’il préside le « high-level committee » où la décision d’utiliser le Molnupiravir pour le traitement de la Covid-19 avait été prise. Le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal a très sciemment évité d’en endosser la responsabilité en soutenant que « c’est bane fonctionnaires ki okip procurement. Minis pena nanrien à faire la-dans ». On aurait pourtant cru qu’il se montrerait plus responsable concernant les achats effectués par son ministère sous l’« emergency procurement » après l’épisode de 2020. Mais apparemment non.

Tout semble avoir aussi été mis en œuvre pour que la ‘Senior Chief Executive’ (SCE) s’en sorte également indemne. Dalida Allagapen a été entendue par l’ICAC certes, mais elle a pu, au préalable prendre sa retraite, contrairement à d’autres officiels du ministère de la Santé. A-t-elle été favorisée en raison de ses liens de sang avec le ministre Alan Ganoo ? Chacun y va de sa propre interprétation. Ce qui est certain, c’est que plusieurs réunions de haut niveau avaient eu lieu au ministère de la Santé, sous la houlette à cette époque, de Dalida Allagapen, alors ‘Senior Chief Executive’ (SCE). Mais n’ayant aucune expertise dans l’achat de médicaments, l’ancienne SCE, dit-on, devait se fier aux recommandations des techniciens du ministère avant d’approuver ou de rejeter les propositions l’achat du Molnupiravir.

L’achat approuvé par la SCE

Les enquêteurs de l’ICAC sont en présence d’informations, preuves à l’appui, que ce comité technique avait approuvé l’achat de 999 000 comprimés de Molnupiravir. Raison pour laquelle la SCE n’avait aucune raison de contester ou de rejeter cette acquisition. Un accord a alors été conclu entre le ministère de la Santé et ‘CPN Distributors Ltd’ le 7 décembre dernier pour la fourniture de ces médicaments. Une partie a été livrée dans un entrepôt à Castel et une autre à l’hôpital ENT à Vacoas.

Selon nos informations, il n’y aurait eu aucune représentation de la part du responsable du département Pharmacie et celui d’acquisition alors qu’ils devaient agir comme chiens de garde pour éviter que le ministère de la Santé soit induit en erreur, que ce soit sur la qualité du médicament ou sur le prix. À ce stade de l’enquête, les limiers de la commission anti-corruption ont établi que des hauts fonctionnaires auraient recommandé à Dalida Allagapen d’approuver cette transaction et qu’elle aurait été menée en bateau. Ce qui soulève bien entendu des interrogations. Est-ce une tentative de laver la SCE de tout blâme ?