[Afrobarometer] La drogue, deuxième préoccupation majeure des Mauriciens

Alors que le gouvernement, plus précisément le Premier ministre lui-même, et la police se vantent de mener une lutte inlassable contre le trafic de drogue, aux yeux du public, ce problème reste entier. En effet, une récente enquête Afrobarometer, menée auprès de 1 200 adultes mauriciens entre avril et mai 2024, met en lumière l’ampleur du problème de la drogue à Maurice, ainsi que les attentes croissantes des citoyens envers le gouvernement pour y faire face.

Selon ce sondage, 37% des personnes interrogées citent la drogue parmi leurs trois principales préoccupations, la plaçant ainsi en deuxième position des problèmes les plus importants du pays, juste derrière le coût de la vie (44%) mais devant des enjeux tels que la criminalité et la sécurité (27%), le chômage (22%) ou encore les inondations (20%).

Cette préoccupation majeure reflète une réalité alarmante. En effet, selon une enquête nationale menée en 2021 par le National Drug Secretariat, 7,4% de la population âgée de 18 à 59 ans avait consommé des drogues illicites au cours du mois précédent. De plus, l’ENACT Organised Crime Index for Africa classe Maurice au premier rang du commerce de drogues synthétiques dans la Southern African Development Community region et parmi les dix premiers sur le continent.

Un manque de confiance dans l’action gouvernementale

L’étude met également en lumière le scepticisme des Mauriciens envers les efforts gouvernementaux pour lutter contre ce fléau. Une large majorité des personnes interrogées (71%) juge les actions du gouvernement pour faire face à la crise de la drogue à Maurice comme « plutôt » ou « très » inefficaces. De même, 66% portent un jugement négatif sur l’efficacité des programmes de réhabilitation proposés par l’État.

Ces chiffres révèlent un décalage important entre les attentes des citoyens et leur perception des résultats obtenus par les politiques publiques en matière de lutte contre la drogue.

Les attentes des citoyens

Près de deux tiers des Mauriciens (64%) estiment que la responsabilité première dans la lutte contre la toxicomanie incombe au gouvernement, loin devant les parents et les familles (29%). Cette perception souligne l’importance accordée à l’action publique dans la résolution de ce problème sociétal.

En termes de priorités d’investissement, si le gouvernement devait augmenter ses dépenses en faveur des jeunes, les services sociaux visant à améliorer la santé et prévenir la toxicomanie arrivent en deuxième position selon les sondés, juste après la création d’emplois. Cela démontre une forte demande pour des programmes de prévention et de soutien ciblant spécifiquement la jeunesse mauricienne.

Vers des stratégies plus efficaces

Un précédent sondage Afrobarometer réalisé en 2022 avait mis en évidence les stratégies considérées comme les plus efficaces par les Mauriciens pour réduire le problème de la toxicomanie :

• Éduquer les jeunes sur les dangers de la drogue (30%)

• Intensifier les efforts pour réduire le trafic de drogue (29%)

• Imposer des sanctions sévères aux consommateurs de drogue (28%)

Ces résultats suggèrent une approche multidimensionnelle, combinant prévention, répression et sanctions, pour lutter efficacement contre ce fléau.

En conclusion, cette enquête Afrobarometer souligne l’urgence de la situation et les attentes importantes des citoyens mauriciens envers le gouvernement pour faire face au problème de la drogue. Alors que le coût de la vie reste la préoccupation principale, l’impact dévastateur de la toxicomanie sur la jeunesse et la société en général ne peut être ignoré. Des mesures urgentes et efficaces sont indispensables pour inverser cette tendance et offrir un avenir plus sûr et plus sain aux Mauriciens.