Aisha Khodabaccus, 74 ans : « Je crains de perdre la vie bêtement par manque de sécurité »

Il commence à faire nuit à Beau-Bassin, le vent froid souffle avec force. Debout devant un portail de fortune fait de tôle et de bois, une vieille femme patiente. Elle se protège difficilement du froid et bavarde quelques minutes avec un de ses voisins. Maigre et frêle, la septuagénaire nous invite dans son humble demeure, une maison que lui a léguée sa mère, il y a 20 ans.

Marwan Dawood

Aisha Khodabaccus, 74 ans, vit difficilement sa vie. Cette femme, vieille et frêle, vit un quotidien compliqué, voire infernal. De jour comme de nuit, Aisha Khodabaccus est rongée par la même inquiétude : celle occasionnée par des malfrats qui tournent autour de sa maison. « Je crains de perdre la vie bêtement par manque de sécurité », dit-elle. Depuis quelque temps, les malfrats sont venus faire main basse chez elle. « Le soir, j’entends des bruits, je ne dors plus.  Ils savent que j’habite seule et que je n’ai personne pour me protéger », poursuit la vieille.

Cependant, malgré le manque de célérité de la police à mettre la main sur les voleurs, Aisha n’est pas resteé les bras croisés. « J’ai dû renforcer ma sécurité avec les moyens que j’ai. J’ai dû utiliser des cadenas pour bloquer mes portes et mes fenêtres. J’ai dû installer des lumières sur mes fenêtres pour leur signaler ma présence mais ils n’ont pas peur de moi. J’ai beaucoup perdu. Cette semaine encore, ils m’ont volé les sachets de riz que j’ai reçus pour l’Eid, de même que mes boîtes de conserves et des vêtements », raconte Aisha Khodabaccus.

Cependant, les voleurs ne sont pas les seuls soucis d’Aisha. La septuagénaire doit également faire face à un danger omniprésent : depuis plusieurs années déjà, la toiture qui date depuis des décennies ne peut plus la protéger du mauvais temps.  Depuis quelque temps, des morceaux de béton se mettent à se détacher du plafond, laissant apparaître la dalle et les barres de fer. « Quand il pleut, ma maison est inondée. Je dois tout cacher et essayer de sauver ce que je peux. Il faut refaire la toiture mais je n’ai pas les moyens. Si des personnes veulent m’aider, je leurs serai reconnaissante. La situation s’empire et je me sens en danger », explique la septuagénaire.

Les soucis d’Aisha ne s’arrêtent pas là. « Je reçois une pension et des gens m’aident pour survivre. Je ne me plains pas. Mais parfois, je me retrouve dans une situation difficile : ma pension ne suffit pas pour payer les factures d’eau et d’électricité, pour acheter de la nourriture et mes médicaments », explique-t-elle.  De plus, l’état de santé de la septuagénaire se détériore jour après jour. « Allez voir dans ma cuisine. Je n’ai plus la force nécessaire pour faire la vaisselle. Je n’ai pas la force de mettre de l’ordre chez moi et comme je vous ai dit, les voleurs reviennent et retournent tout sens dessus dessous », dit-elle d’une voix lasse.

Un fils, mentalement malade, qui dépend d’elle

Pour Aisha, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille.  Elle a connu beaucoup de hauts et de bas pendant son existence. Au rez-de-chaussée, vit l’un de ses enfants, qui poursuit un traitement à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard  et qui dépend d’elle. « Aujourd’hui, je me retrouve à cuire pour moi et mon fils qui vit seul. Il a perdu la raison et subit un traitement à Brown Séquard. Sa femme est partie avec ses trois enfants. C’est difficile pour nous, d’autant plus que les voleurs lui ont volé son lit la semaine dernière ! », raconte Aisha.  Cette dernière lance un appel aux autorités et aux Mauriciens en général qui souhaitent lui apporter un aide quelconque.  Veuillez prendre contact avec elle sur le 5933-5022.