- Fezal Ally Beegun : « C’est une honte pour la République de Maurice, ladite compagnie et le patronat »
Alors que six travailleurs Sri Lankais ont été expulsés de force, deux d’entre eux, qui travaillaient pour le compte d’une compagnie dirigée par Jean Michel Lee Shim, auraient subi des mauvais traitements, été exploités et battus par certains ‘bouncers’ de ladite compagnie. Les victimes expliquent qu’elles ont été violemment malmenées, torturées, et ont subi des sévices physiques et psychologiques d’une extrême brutalité, ajoutant que les ‘bouncers’ les recherchent toujours.
Les deux Sri Lankais, à savoir Selvaraj Subramaniam et Shantha Dorairaj, soutiennent qu’il y a eu une altercation après les heures de travail. « Nous avons été kidnappés et amenés de force dans une forêt non loin de Balaclava, où nous avons été sauvagement battus. Nous avons été complètement déshabillés, puis torturés pendant 20 à 30 minutes. On nous a plongés la tête dans l’eau pendant de longues minutes, alors que nos mains étaient menottées dans le dos. Nous avons été fouettés, giflés et frappés à coups de poings et de pieds », disent-ils.
Violation des droits humains
Accompagnés par un Mauricien, ils ont trouvé refuge dans le centre d’un bureau politique où un homme de loi a pris leur défense. Dans sa lettre adressée au ministre du Travail, l’avocat évoque des actes d’exploitation, de maltraitance et d’agression grave, ainsi que des cas d’enlèvement et de séquestration de travailleurs étrangers. Selon ses dires, il s’agit d’une violation flagrante des droits humains. Dans un message, l’homme de loi a fait savoir aux personnes concernées que les deux Sri Lankais ‘are under his wings’.
Par ailleurs, sollicité par Sunday Times, le syndicaliste et défenseur des travailleurs étrangers à Maurice, Fezal Ally Beegun, a souligné que les deux victimes dormaient sur des matelas et utilisaient des pailles comme couverture pendant la nuit. Selon ses dires, il y a une mafia qui fait venir des travailleurs étrangers pour travailler à Maurice. « Ils viennent à Maurice avec un visa touristique et travaillent sans contrat ni fiches de paie. Ils reçoivent du ‘cash in hand’ au lieu d’un salaire. Dans l’impossibilité de retourner dans leur pays car ils sont contraints de rembourser leurs dettes, ils sont donc exploités à Maurice », explique-t-il.
Esclavage moderne
Dans la foulée, il qualifie les actes de torture et de barbarie perpétrés contre les deux travailleurs comme de l’esclavage moderne. « C’est une honte pour la République de Maurice, le gouvernement, le patronat, mais surtout pour la compagnie concernée », soutient-il. Et d’ajouter : « Dans Maurice fine ena arrestation pour maltraitance envers les animaux mais jamais fine ena arrestation banne employeurs patrons contre maltraitance envers les travailleurs étrangers. Nous pas capave prone ene politique qui chaque zako protège so montagne parce qui banne travailleurs étrangers aussi contribué pour l’économe de Maurice de façon direct ou indirect ». Selon lui, l’ouverture d’une enquête par la ‘Special Migrant Workers Unit’ et la police s’avère nécessaire pour connaitre toute la vérité sur cette affaire, qui a terni l’image de notre pays sur le plan national, régional et international. Affaire à suivre…