[Allégations de sniffing à Baie Jacotet] L’enquête piétine depuis 2022

Les allégations de sniffing concernant l’interception illégale du trafic internet à la station de câbles sous-marins de Baie Jacotet continuent de susciter des interrogations, près de trois ans après les premières révélations. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a répondu à une question parlementaire du député Raviraj Beechook (circonscription de Flacq/Bon Accueil) en apportant des précisions sur l’avancement de l’enquête policière.

L’affaire remonte au 1er juillet 2022, lorsque l’ancien CEO de Mauritius Telecom, Sherry Singh, avait affirmé lors d’une émission en direct sur Radio Plus (Au cœur de l’info) qu’une équipe étrangère avait été autorisée à intervenir sur le câble SAFE. Selon lui, cela pouvait représenter une menace pour la sécurité nationale et les libertés fondamentales des citoyens.

Ces déclarations avaient provoqué un tollé, entachant l’image de Mauritius Telecom et soulevant des inquiétudes quant à la souveraineté numérique du pays. En réponse à ces accusations, l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait porté plainte le 11 juillet 2022 pour « diffusion de fausses nouvelles », niant avoir donné quelque instruction que ce soit permettant à une partie étrangère d’installer des équipements d’interception. Quatre autres plaintes ont suivi, confiées au Central Criminal Investigation Department (CCID). Au cours de l’enquête, vingt-trois personnes ont été interrogées entre juillet 2022 et février 2025. Cependant, à ce jour, aucune arrestation n’a eu lieu.

Face aux zones d’ombre persistantes, le gouvernement compte sur la future National Crime Agency (NCA), une nouvelle structure qui fera appel à des enquêteurs étrangers pour élucider les affaires criminelles complexes. « Je mets en place cette agence pour faire la lumière sur des dossiers sensibles », a déclaré le chef du gouvernement. « Personne n’a jamais eu la volonté d’agir dans le passé », a ajouté Navin Ramgoolam, en référence à ce qu’il considère comme une inertie prolongée dans ce type d’enquête à forte portée politique.

En l’absence d’arrestations ou de conclusions définitives, le dossier reste ouvert. Les Mauriciens attendent des réponses claires, tandis que les autorités promettent de renforcer les mécanismes de lutte contre la cybercriminalité.