Alors que le gouvernement avait promis une ‘Freedom of Information Act’…La liberté de la presse plus que jamais menacée à Maurice

De nombreux des articles de presse, dont dans Sunday Times, ont denoncé les multiples scandales entourant le ministre Sinatambou, qui semble avoir la main lourde pour payer ce qu’il doit…  Ce dernier, acculé et aux abois, sort l’artillerie lourde contre les journalistes. Il faut bien admettre que l’État jouit d’un arsenal répressif contre la presse, et que ses préposés, notamment les ministres, entendent bien en utiliser pour museler les journaux. En ce qui concerne les promesses de l’Alliance Lepep en ce qui concerne la loi sur la liberté d’information : des paroles en l’air…

Le ‘criminal libel’ permet l’arrestation arbitraire des journalistes

Le ministre Sinatambou, outre son procès en diffamation, où il reclame Rs 50 millions à notre confrère l’Express, a aussi consigné une déposition contre les journalistes concernés. Car il faut savoir qu’à Maurice, la diffamation est à la fois une ‘civil action’ et un délit, selon le Code pénal. C’est-à-dire qu’un plaignant qui a subi préjudice peut réclamer des dommages, mais peut aussi consigner une déposition à la police. Il y a alors  poursuites au pénal, où le défendeur, s’il est reconnu coupable, peut écoper de fortes amendes ou même faire un séjour en prison. La diffamation est alors connue comme le ‘criminal libel’.

Pour rappel, il y a une semaine, soit le jeudi 22 août, la rédactrice-en-chef de Sunday Times Zahirah Radha avait été convoquée au CCID pour y être interrogée « under warning ». La journaliste Anju Ramgulam de l’Express a connu le même sort. Une semaine après, cela a été au tour de Nad Sivaramen, le directeur de publication du groupe de presse La Sentinelle, ainsi qu’Ehsan Juman, le directeur de Sunday Times, qui ont été convoqués au CCID le mercredi 28 août dans le sillage de cette affaire. Mais ces derniers ne se sont pas rendus au CCID.

Ces arrestations intempestives de journalistes  ne sont pas aussi rares que ça. Ainsi, le directeur de Top FM, Krish Kaunhye et le journaliste et animateur Murvind Beetun avaient été convoqués au CCID pour leurs articles sur les multiples dysfonctionnements des « Moto-Écoles », un projet que le ministre Bodha avait particulièrement à coeur. Mais Krish Kaunhye et Murvind Beetun ne se sont pas rendus au CCID pour diverses raisons. Les officiers de cette unité ont effectué une descente dans les locaux de Top FM hier, samedi 31 août, pour interroger Murvind Beetun « under warning » mais ce dernier ne se trouvait pas sur son lieu de travail et exigeait que l’exercice se fasse en présence de son avocat. Les limiers du CCID sont retournés aux Casernes centrales les mains vides, jusqu’à nouvel ordre…

 

Neevedita Nundowah