Alors qu’il est produit localement…Pourquoi le thé se vend-t-il si cher ?

Le thé est toujours grandement prisé par la plupart des Mauriciens à travers l’île. Que ce soit à l’heure du petit déjeuner ou durant la pause de l’après-midi, nous sommes nombreux qui ne peuvent s’en passer de ce breuvage. Et cet engouement pour le thé transcende toutes les couches sociales. Or, ces derniers temps, nous avons pu constater que le prix du sachet du thé en infusion, toutes marques confondues, se vend à des prix exorbitants, le mot n’est pas trop fort, alors que le thé est produit localement.

Nous sommes entrés dans des supermarchés ici et là. Sur les rayons, on peut constater que le prix d’un sachet de thé (500 g) d’une certaine marque est actuellement vendu à Rs 218.90, tandis que le sachet de 50 g de cette même marque est vendu à Rs 48.90. Et cela pendant que les Mauriciens doivent aussi faire face à d’autres hausses de prix de denrées alimentaires. Quelles sont les raisons pour lesquelles le prix d’un sachet de thé est devenu exorbitant sur les rayons de nos supermarchés ?

Buldewoo, un planteur de thé résidant dans le Sud du pays, cultive des théiers sur un terrain d’un arpent. Par jour, il peut récolter entre 50 à 60 kg de feuilles de thé. Sur un an, son rendement est environ de 5 tonnes. « Tout dépend du climat », nous explique-t-il. Cela fait depuis plus de 20 ans que Buldewoo vend ses feuilles de thé à la compagnie Chartreuse, qui compte parmi les producteurs de thé à Maurice. Selon lui, la production de feuilles de thé a drastiquement baissé à Maurice, vu les aléas du changement climatique, qui est l’un des facteurs qui affectent grandement ce secteur. « Le secteur du thé n’est plus au même niveau qu’auparavant. De nos jours, nous ne récoltons pas la même quantité de feuilles de thé qu’autrefois pour les envoyer aux usines », explique-t-il.

Qui plus est, selon lui, il y a un manque accru de main d’œuvre dans ce secteur. « Les jeunes ne veulent plus travailler dans les plantations », dit-il. Or, pour pallier à ce manque de main d’œuvre, il faudrait alors utiliser des moyens mécaniques, qui requièrent du carburant. Et inutile de rappeler aux gens que le prix du carburant vient de connaitre une énième hausse… En outre, selon Buldewoo, il n’y a pas vraiment d’’incentives’ pour inciter les agriculteurs à se lancer dans la plantation de théiers.

Pour résumer le tout d’un point de vue économique, la demande est très forte tandis que l’offre devient de plus en plus restreinte. Et rien n’indique que cette tendance s’inversera. Donc, inévitablement, le prix d’un sachet de thé fait voir rouge aux consommateurs. Toutefois, selon Buldewoo, le gouvernement aurait pu venir de l’avant avec une stratégie pour rehausser le rendement local du thé, ce qui aurait pu mener à une baisse de son prix, à un niveau raisonnable pour les familles mauriciennes.