Alors qu’un navire en panne de moteur se rapprochait dangereusement de Pointe d’Esny…Une répétition de l’épisode Wakashio évitée

Ce vendredi 28 mai, un navire se rapprochait inexorablement de Pointe d’Esny (là où le Wakashio s’était échoué). Mais cette fois-ci, la National Coast Guard (NCG) ne devait rien laisser au hasard. Ce fut un véritable branle-bas de combat du côté des garde-côtes, ainsi que d’autres autorités mauriciennes. Plusieurs unités maritimes et aériennes ont ainsi été sur le pied de guerre, et l’alerte n’a finalement été levée aux petites heures du matin ce samedi 29 mai, quand le navire a repris sa route. Better be safe than sorry…

Ce 28 mai vers les 20 h, un navire marchand, le MV Berge Jaya, battant pavillon britannique, fut repéré par la National Coast Guard (NCG) par satellite alors qu’il était à environ à 20 milles nautiques de Pointe d’Esny. Le navire avait quitté la Malaisie et devait jeter l’ancre au Brésil.

Contacté par radio, le capitaine du navire devait indiquer que le navire avait subi des avaries du moteur et que les réparations allaient prendre entre deux et trois heures. Il devait aussi indiquer qu’il n’avait besoin d’aucune assistance. La NCG devait alors lui ordonner de garder la liaison radio ouverte et d’envoyer des mises à jour régulièrement sur les réparations. La situation était surveillée de près par le poste de commandement opérationnel de la NCG et le poste de la NCG à Pointe-du-Diable.

Le bateau dérivait vers l’ouest, soit en direction de Maurice, à une vitesse d’environ un nœud.  Vers les 21 h 25, le navire reçut l’ordre de la NCG d’envoyer une mise à jour chaque 30 minutes et de jeter l’ancre si jamais elle dérivait plus près de Maurice. Les autres autorités mauriciennes furent alors averties.

Vers minuit, il fut observé que le navire s’était rapproché à 16 milles nautiques de Maurice. Contacté par radio, le capitaine devait expliquer que les réparations se poursuivaient et que le navire allait pouvoir redémarrer ses moteurs dans une heure. Il devait aussi confirmer à la NCG que la profondeur de la mer à cet endroit dépassait les 4 000 mètres.

Ce fut alors un véritable branle-bas de combat. Le Commandant de la NCG et celui de la SMF étaient dans le poste de commandement opérationnel de la NCG, et rendaient compte directement au Commissaire de police lui-même. Le patrouilleur CGS Victory, alors dans la rade de Port-Louis, s’apprêtait à appareiller à tout moment. Des ‘Heavy Duty Boats’ et des ‘Fast Interceptor Boats’ étaient aussi sur le pied de guerre. Le ‘Maritime Air Squadron’ commença à préparer l’hydravion ‘Dornier’, basé à l’aéroport SSR, pour un décollage immédiat. Le ‘Police Helicopter Squadron’ fut aussi mis de la partie. Les commandos de la SMF et ceux de la NCG étaient aussi en état d’alerte pour toute intervention par hélicoptère. Deux remorqueurs, notamment le ‘Independence’ et le ‘Mercury Crest’, qui avaient participé aux opérations de renflouage du MV Wakashio, étaient aussi sur le qui-vive, pour porter toute assistance au navire.

Contacté encore une fois, le capitaine devait dire que les réparations se poursuivaient et que les ancres du navire étaient prêtes à être mouillées en cas de besoin.

Pendant ce temps, l’hélicoptère de la police, le ‘Dhruv’, survolait déjà le navire, avec des commandos à son bord, qui auraient été hélitreuillés sur le navire en cas de besoin. L’hydravion Dornier avait aussi fini par décoller de l’aéroport SSR. Le CGS Victory avait déjà quitté la rade de  Port-Louis et naviguait à toute vitesse vers le navire.

Le navire s’était entretemps rapproché à 13 milles nautiques de Maurice. Le capitaine devait demander encore une heure additionnelle pour les réparations. Il fut alors averti sur les récifs et les autres endroits à éviter. Le capitaine devait donner l’assurance qu’il se teindrait bien a l’écart des côtes mauriciennes.

Ce n’est que vers 4 h 15 du matin que le capitaine devait informer la NCG que les réparations avaient été complétées et que le navire reprenait sa route. Le NCG devait alors enjoindre au capitaine de garder le cap vers le sud, et qu’elle se porterait à son assistance si nécessaire. Ne laissant rien au hasard, le navire a été surveillé de près par le CGS Victory et par le poste de commandement opérationnel de la NCG jusqu’a ce qu’il se soit éloigné des côtes mauriciennes.Plus de peur que de mal…

Il serait intéressant de savoir ce que transportait le MV Berge Jaya…

Pour rappel, le Wakashio naviguait à deux milles nautiques au large de Maurice. Apparemment drossé par les courants marins, il devait venir s’échouer à 0.9 mille nautique, à seulement 10 mètres de profondeur. Il est difficile de dire à ce stade si on a frôlé une quelconque catastrophe, vu qu’on ne sait pas si le MV Berge Jaya avait une forte cargaison de fioul à son bord, comme ce fut le cas pour le Wakashio.