Analyse de Jocelyn Chan Low : « Les  7 000 ‘deregistered voters’ auraient pu faire basculer les choses » 

 

Nous abordons ici une analyse de l’observateur politique Jocelyn Chan Low des législatives 2019. D’emblée, il ressort que la victoire de l’Alliance Morisien a été quelque peu tirée par les cheveux, et ce n’est pas la victoire écrasante que les partisans de cette dernière croient. Ainsi, la majorité des Mauriciens n’a pas voté pour cette Alliance. En outre, Jocelyn Chan Low explique comment les électeurs qui n’étaient pas sur la liste électorale auraient pu faire basculer les choses.

 

Plus de la moitié de la population n’a pas voté pour l’Alliance Morisien

Comme premier constat, Jocelyn Chan Low note que plus de la moitié de la population n’a pas voté pour l’Alliance Morisien, malgré la majorité qu’il a eue aux urnes.  « Je disais depuis toujours que ce serait une lutte difficile à prédire. On a noté beaucoup de failles et on ne cesse de noter un sentiment de rejet de ces résultats parmi la population. » 

 « C’est bon de rappeler qu’en 1987, selon l’auteur du livre ‘Parliament in Mauritius’,  le professeur Mathur, que si seulement 1 200 électeurs avaient changé de camp, les élections auraient été basculées de l’autre côté. Maintenant, on note une similarité car en voyant ces différences de voix à travers l’île, on n’aura pas besoin de beaucoup de personnes pour que les résultats du 7 novembre basculent de l’autre côté. Pour la plupart des circonscriptions, les résultats sont serrés. » L’observateur politique dira de plus que le sort de ces élections a été joué à la dernière minute.

Les Mauriciens qui n’ont pu voter : un grave problème

Sur la question des Mauriciens qui n’ont pas pu voter, notre interlocuteur estime que c’est grave et que les droits constitutionnels de la population ont été bafoués. « C’est la première fois dans les annales de l’île Maurice qu’autant d’électeurs ont manifesté leur mécontentement par le  fait qu’ils ont été ‘deregistered’ de la liste électorale », dit-il.

Cela démontre que le système d’enregistrement des électeurs n’est pas adéquat. De plus, ce qui est étrange dans tout cela, c’est qu’il y a des gens qui votent depuis tout le temps dans un seul endroit mais cette fois-ci, leurs noms ne figuraient pas comme votants, alors que les noms des gens qui sont établis ailleurs sont bel et bien présents sur la liste. C’est un cafouillage total au sein de la commission électorale et tout le système devra être revu.

Manque de confiance dans l’Electoral Supervisory Commission (ESC)

« Une élection est similaire à un examen », poursuit le politologue. « On doit y avoir une confiance dans le système mais ici ce n’est pas le  cas car de nombreuses personnes ne placent pas leur confiance dans le système électoral actuel. Cela engendre ainsi des tensions et des problèmes. La crédibilité de l’Electoral Supervisory Commission (ESC) est très importante pour la stabilité. Une seule faille est suffisante pour mettre en cause le système. » 

L’observateur politique a pris l’exemple des examens du HSC dans les années 80 où il y avait une fuite de questionnaires. Un deuxième examen a dû être organisé. Il dira que pareillement, c’est la confiance en l’ESC qui doit être rétablie car à ce jour, cette confiance n’est plus là.

L’impact des ‘deregistered voters’

Jocelyn Chan Low estime qu’officiellement, il y a à peu près 7 000 noms qui ne figuraient pas sur la liste électorale. Pour lui, cela représente beaucoup et constituerait un facteur qui aurait pu faire basculer les résultats.

Il est sûr que les résultats auraient été autre chose si on avait laissé voter toutes ces personnes, car clairement, dans certaines circonscriptions, il n’y avait pas de grand écart entre l’élu à la troisième place et celui placé  à la quatrième position (voir ci-dessous).

Circonscription no 1 : Différence de 61 voix alors que 526 n’ont pu voter

Circonscription no 14 : Différence de 185 voix alors que 617 n’ont pu voter

Circonscription no 15 : Différence de 49 voix alors que 486 n’ont pu voter

Circonscription no 16 : Différence de 25 voix alors que 502 n’ont pu voter

Circonscription no 19 : Différence de 92 voix alors que 443 n’ont pu voter