Aneries à la Koonjoo

« Un sot dans un poste élevé, comme le filet d’eau dans le lit d’un fleuve, occupe une place sans la remplir ». Cette citation de l’écrivain et poète satirique John Petit-Senn résume bien la situation de nombreux de nos ministres. Ces derniers détiennent des portefeuilles ministériels sans qu’ils ne maîtrisent vraiment les dossiers ou les sujets relatifs à leur ministère. Au lieu de prendre les taureaux par les cornes et d’attaquer les problèmes de front, ils optent pour la solution facile en niant même leur existence. Ces dames et messieurs semblent vivre dans le déni en permanence. À les entendre, on pourrait presque croire qu’à Maurice, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que tel n’est absolument pas le cas. Au contraire, rien ne va dans notre prétendu paradis. Et nos élus en sont grandement responsables. Leur incompétence nous turlupine. Et dire que nous devons pratiquement nous étriper afin de contribuer à leurs salaires faramineux, et démesurés si l’on compare avec le travail qu’ils font,  mensuellement.

Après les pitreries d’Anil Gayan qui avait démenti la présence des requins à Grand-Gaube alors que les pêcheurs soutiennent le contraire, le dernier ministre qui nous a gratifiés, pour ne pas dire écœurés, de son ânerie cette semaine n’est nul autre que Prem Koonjoo, comme vous l’aurez sans doute déjà deviné. L’ignorance du ministre de la Pêche et de l’économie océanique a fait de lui la risée nationale. Comment se fait-il qu’un ministre chargé d’exploiter les vastes possibilités liées à l’économie bleue peut-il ignorer la présence des baleines dans nos eaux ? Comment compte-t-il s’y prendre pour promouvoir l’économie océanique s’il ne connait même pas les spécificités de nos eaux territoriales ? Qu’a-t-il fait d’ailleurs depuis qu’il a été confié ce portefeuille ô combien important pour la diversification de notre économie ? Mérite-t-il toujours ce poste après l’ignorance grotesque dont il a fait preuve ?

Mais les Mauriciens, ce peuple ô combien admirable, ne semblent pourtant pas tenir rigueur à Prem Koonjoo pour sa balourdise. Il faut l’avouer, depuis que le pays est dirigé par la bande de Pravind Jugnauth, nos compatriotes se sont habitués aux frasques et aux sottises de ces guignols. Certaines âmes généreuses ont ainsi proposé de cotiser au nom de Koonjoo afin de lui payer une petite balade en mer, puisque c’est là que se trouvent ces mammifères et non pas « enba lili » comme l’a bien précisé le ministre de la Pêche, histoire de lui donner l’occasion d’observer ces magnifiques baleines qui émerveillent le public mauricien et étranger. Des tour-opérateurs sont même prêts à lui offrir une petite remise en se disant que c’est de la bonne cause que de pouvoir contribuer à renchérir la connaissance générale de ce ministre de la République. D’autres ont aussi promis de lui acheter des ‘avomine’ au cas où il serait incommodé par le mal de mer. Bref, toutes les dispositions ont été prises afin que cette excursion lui soit la plus instructive qui soit. L’ultime but étant, bien entendu, que Prem Koonjoo nous épargne d’éventuelles âneries.