Annulation du Hadj : l’accablement des Mauriciens de foi musulmane

C’est la première fois que le Hadj, le pèlerinage annuel à la Mecque, sera annulé à Maurice. Cela suite à une décision du gouvernement saoudien. En effet, le ministère saoudien responsable du Hadj a déclaré que la décision de restreindre le pèlerinage visait à préserver la santé publique mondiale en raison des risques associés aux grands rassemblements.

L’Arabie saoudite a ainsi annoncé lundi soir qu’elle organiserait un Hajj « très limité » cette année, alors que le pays est toujours aux prises avec la pandémie de coronavirus.

Depuis cette annonce, tous les Mauriciens de foi musulmane qui étaient supposés partir pour le Hadj sont accablés de chagrin et de tristesse de ne pouvoir voir le Kaaba. Car faire des sacrifices et économiser des sous pour pouvoir se rendre à ce pèlerinage au moins une fois dans sa vie, pour ensuite voir tout cet effort réduit à néant, n’est pas chose facile.

« C’est la première fois que je n’organise pas le pèlerinage à La Mecque »

Le gérant de l’agence de voyage Kafilah à Port-Louis nous explique que c’est la toute première fois qu’il n’organise pas le pèlerinage à La Mecque, depuis 25 ans qu’il fait ce métier. « C’est très dur », nous confie-t-il. « Nous fine tout le temps habitier aller. Environ 150 personnes de mon groupe ont été sélectionnées et devaient partir cette année-ci. »

Il nous explique qu’un communiqué officiel de l’Islamic Cultural Centre (ICC) est attendu, qui sera suivi par une rencontre entre l’ICC et les agences de voyages. Il y aura aussi une rencontre avec les ‘hajees’.

Pour lui, le plus chagrinant, c’est que les hajees avaient déjà signifié leur intention de partir en pèlerinage. « C’est un grand regret pour eux, ils avaient tous notifié leur intention de partir », dit-il.

Toutefois, il compte se rendre en Arabie saoudite pour l’Umrah une fois que la frontière sera rouverte. Non seulement lui, mais aussi tous les autres qui sont dans l’attente de la réouverture de la frontière saoudienne.

Shamima : « Nous voulions voir le Kaaba devant nous depuis notre mariage »

Shamima, une habitante de Port-Louis, était censée partir pour le Hadj en compagnie de son époux, qui est maintenant à la retraite. Malheureusement pour cette mère de famille, son souhait n’a pas été exaucé en raison de la covid-19 et de la fermeture de la frontière.

C’est avec les sous économisés par son époux qu’elle voulait se rendre en Arabie Saoudite. Le couple rêvait de voir le Kaaba devant lui depuis son mariage. D’ailleurs, cette habitante de la capitale avait déjà commencé à faire ses achats pour son voyage à La Mecque. Un rêve qui ne s’accomplira pas cette année pour ce couple.

Ceux qui n’ont pu partir cette année-ci seront automatiquement casés pour le Hadj 2021

Le professeur Subratty, Chairman de l’Islamic Cultural Centre (ICC), nous confirme que malheureusement, le Hadj ne se tiendra pas cette année. « Nous ressentons tous durement cette situation », nous dit-il.

Le chairman de l’ICC tient à rassurer ceux qui sont supposés partir cette année-ci. Ils seront automatiquement casés pour le Hadj 2021, sous réserve de toute condition qui pourra être imposée par l’Arabie saoudite. « Attendons que le Hadj 2020 prenne fin, et que l’Arabie saoudite nous communique les critères applicables pour le Hadj 2021 », ajoute-t-il.

En ce sens, il souligne que tous les opérateurs qui ont pris des à-valoir avec les ‘hajees’ de bien vouloir leur rendre leur argent.

Pour lui, c’est la volonté du Créateur et dans un moment difficile comme celui-ci, il affiche son soutien aux ‘hajees’. « Nous pour ressenti li plus jour Zul-Hijja et pour ena ene grand vide sa jour-là dans nous le coeur », explique le professeur Subratty.

Toutefois, il explique que ce ne serait pas facile pour le royaume d’Arabie saoudite de gérer environ 2,5 à 3 millions des personnes dans un contexte de pandémie. Il dit qu’il est totalement d’accord avec la décision de l’Arabie saoudite, même si c’est très dur.

Siddick Maudarbocus accueille favorablement cette décision

Le directeur de Rabita Hall et le représentant de la ligue mondiale de l’Arabie pour Maurice et l’océan Indien, Siddick Maudarbocus, confirme lui aussi que c’est la première fois qu’il a été nécessaire d’annuler le mouvement des pèlerins du Hadj de divers pays en vue de la prévalence de la pandémie mondiale du covid-19.

Siddick Maudarbocus dit que le ministre saoudien du Hadj et celui de la Santé n’ont eu d’autre choix que d’annuler le Hadj 2020, et de le tenir avec un nombre très restreint de pèlerins, cela avec toutes les précautions sanitaires recommandés. « En Arabie saoudite, on a à peu près 175 000 cas de covid-19 parmi la population locale et des milliers de morts à ce jour », indique-t-il. Il se dit d’accord que c’est une décision sage, prise après mûre réflexion.

« Le covid-19 est un challenge tout à fait extraordinaire, vu que le monde médical ne connaît toujours pas certains aspects de ce virus », souligne-t-il. « Nous ne savons pas s’il y aura une deuxième vague de covid-19 dans le monde. »