Anousha : « Tou ine allé… »

Inondations

Le pays a été frappé de plein fouet par les intempéries de jeudi à vendredi. De nombreuses familles ont perdu leurs effets personnels, alors que leurs appareils électroménagers et meubles ont été abimés. La crainte d’autres averses leur font craindre le pire.  Notons que dans beaucoup de cas, ce sont des drains obstrués qui ont causé le refoulement de l’eau de pluie vers les maisons.

La Résidence Lotus à Chebel a été encore une fois prise d’assaut par la montée des eaux. Les habitants de cette résidence nous font parvenir leurs craintes et leur exaspération.

Ce n’est pas la première fois que cette Résidence se retrouve dans une situation pareille. « À chaque fois qu’il y a des grosses pluies, nous connaissons le même problème », déplorent les résidents. Or, une fois de plus, les autorités ont brillé par leur absence en ce qui concerne tout constat in situ. « Kumadir sa résidence la pas exister pour ban autorité », dénoncent ces habitants.

Un homme nous indique du doigt que les drains sont bouchés, ce qui fait que l’eau de pluie est refoulée vers leurs maisons. D’autres résidents déplorent que toutes leurs affaires aient été abimées par cette pluie. « Nous craignons le pire en cas d’autres grosses averses », nous lancent-ils d’une voix angoissée.

Une mère de famille, avec deux enfants à charge, nous décrit le calvaire qu’elle-même et sa famille ont connu. Elle nous indique que ses appareils électroménagers ont été endommagés par la montée des eaux, alors que sa famille éprouve déjà certaines difficultés à pouvoir joindre les deux bouts. Son réfrigérateur a pris un sale coup et a cessé de fonctionner. Cette malheureuse mère de famille n’a d’autre choix que de jeter ses aliments qu’elle conservait dans le frigo, achetés aux prix que l’on connait actuellement. 

« Pa facile ditou ! C’est stressant de vivre une telle situation. Nepli kone kouma pou fer », lance-t-elle, la gorge nouée. « Ce n’est pas la première fois qu’il y a un tel problème. Dans le passé, on a déjà évoqué le problème avec les autorités, mais rien n’a été fait jusqu’ici », nous dit-elle. « Les autorités ne se sont pas montrées, tout comme pour les autres fois. Si zot pa vine geter, kuma zot pou kone ena sa problem la ? », lance-t-elle.

Nous quittons Chebel pour Beau-Bassin. Anousha Mooken, une habitante de Beau-Bassin, ne sait plus à quel saint se vouer. Sa petite maison est construite en feuilles de tôle, et l’eau a pu s’engouffrer dans sa maison. Anousha vit en compagnie de son fils et de son neveu dans cette bicoque.

Elle ne lui reste plus rien. Les maigres provisions et les quelques vêtements de cette famille ont été abimés ou emportés par les eaux. « Tou ine aller, pa res narien », nous dit-elle, abattue. C’est toutefois la première fois qu’elle a dû faire face à une situation pareille.

Elle-même, ainsi que les deux enfants, ont dû passer la journée dans un centre communautaire à proximité, alors que l’eau envahissait sa maison.

Cette famille ne sait plus où aller. Elle doit trouver un refuge jusqu’a que la situation retourne à la normale.

À Caroline, dans l’est du pays, une famille est dans une détresse noire, ayant été durement touchée par ces inondations. « C’est du jamais vu ! Nous n’avons jamais fait face à une telle situation dans le passé. Notre maison était devenue comme une rivière », nous lance le père de famille. Les jolis meubles, récemment achetés, ont été abimés, nous indique ce dernier, le cœur fendu.

Les drains sont bouchés et l’eau de pluies s’est refoulée dans la cour de cette famille avant d’inonder leur maison. « Nous avons pu retirer l’eau mais nous avons tout perdu », nous disent d’autres membres de la famille.

Ces derniers déplorent eux-aussi l’absence des élus du gouvernement. « Qu’attendent les autorités pour venir faire un constat des lieux ? », lâche le chef de famille.

Les membres de cette famille craignent le pire dans les jours à venir. « S’il continue à pleuvoir, je ne saurais plus quoi faire », nous dit le père de famille, qui continue de scruter le ciel grisâtre d’un air inquiet.