Après Safe City, MUGA pointé du doigt

Invasion de la vie privée des bénéficiaires ?

Souriez, vous êtes filmés. Cela devrait être le nouveau motto de Mauritius Telecom dirigée par Sherry Singh. Après les craintes exprimées sur le projet Safe City qui est étroitement lié à MT, voilà que les complexes sportifs MUGA sont pointés du doigt pour invasion à la vie privée.  

 Le premier complexe sportif MUGA (Multi Use Games Area) a été inauguré par nul autre que le Premier ministre à Phoenix le 4 août 2018. Pravind Jugnauth a également coupé les rubans d’inauguration du deuxième MUGA à Tyack le 11 mai 2019. Ce projet sportif a été mis sur pied par la « Mauritius Telecom Foundation » (MTF) et vise à promouvoir un mode de vie sain à travers l’activité physique et l’éducation, tout en utilisant l’apport des nouvelles technologies. Un concept innovateur qui, à première vue, est tout à fait louable. Cependant, les utilisateurs ont un prix fort à payer : celui de leur vie privée. En effet, les complexes sportifs sont filmés et tout le monde peut visionner en temps réel tout ce qui s’y passe. Ainsi, tous les faits et gestes de ceux qui y pratiquent du sport peuvent être scrutés en un clic seulement ! Ce qui peut exposer les utilisateurs à bien de dangers.

Certains bénéficiaires, dont des femmes, se disent gênés d’être ainsi exposés aux yeux du public. « Je n’y avais pas prêté attention jusqu’à ce que quelqu’un m’a fait une remarque désobligeante après qu’il m’ait vue en direct. C’est là que j’ai réalisé que cette personne m’espionnait et que cela aurait pu avoir des conséquences fâcheuses pour moi », nous confie une jeune femme adepte d’activités sportives. Depuis, elle a préféré mettre un terme à ses visites au complexe MUGA de Phoenix. Les bénéficiaires sont-ils informés au préalable qu’ils sont filmés ? Nous n’en saurons pas plus, le courriel électronique qu’on a adressé à Mauritius Telecom depuis mardi étant resté sans réponse.

La possibilité qu’il y ait une « breach of privacy » est réelle dans ces complexes restreints, d’autant si les bénéficiaires ne donnent pas leur consentement pour être filmés et exposés au public. Il se peut également qu’il y ait une violation de la « data protection ». Car l’on ne sait pas où sont stockées ces images et à quelles fins elles peuvent être utilisées. Tant que la direction de Mauritius Telecom ne lève pas le voile sur cet aspect du concept MUGA, des doutes persisteront. D’autant que les craintes liées au projet Safe City sont toujours omniprésentes dans la tête des Mauriciens, malgré les rassurances que sir Anerood Jugnauth a tenté de donner à l’Assemblée nationale, mardi.