Arrêté et placé en détention : Nadeem finit à l’hôpital avec 9 points de suture au visage

C’est toute une famille à Terre-Rouge qui est sous le choc. Chez les Salauroo, c’est l’indignation depuis l’arrestation de l’ainé de la famille dans la nuit de jeudi à vendredi. Alors qu’il revenait d’une virée avec un ami, Nadeem sera impliqué dans un accident mineur. Il est alors arrêté et brutalisé au poste de police de Terre-Rouge avant de passer la nuit à l’hôpital SSRN où on lui mettra neuf points de suture.

«C’est enn baté sovaz ki mo garçon ine gagné », dit le père de Nadeem, 28 ans.  Ce dernier s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment dans la nuit de jeudi à vendredi 20 juillet. Son père nous cache mal sa colère et est déterminé à prendre les actions nécessaires pour que justice soit rendue à son ainé. Il nous raconte : « Kan mone ale dan station, mone ziss trouve mo garçon menottes dan so deux la main, ek li lor enn banc. Disang partout lor li ek so la bouche ine cass cassé. »

Il digère mal le traitement qu’a reçu son fils aux mains des policiers. « Je ne vous cache pas que mon fils a ses petits défauts mais ce n’est pas pour autant qu’il doit être battu de cette façon ! Si les policiers lui avaient mis quelques claques, j’aurais compris, mais de là à l’envoyer à l’hôpital pour qu’on lui mette des points de suture, trop c’est trop », dit-il.  Ce dernier compte requérir les services d’un avocat et porter plainte à la National Human Rights Commission et à l’Independant Police Complaints Commission le plus vite possible.

Le frère de Nadeem, Ayman, 23 ans, était sur les lieux au moment où son frère a été brutalisé. Il raconte ce qu’il a vu. « J’ai reçu un appel téléphonique pour me dire que mon frère a été arrêté en état d’ivresse. Je me suis alors rendu au poste de police. Je ne m’inquiétais pas car je savais qu’il n’allait pas conduire s’il avait bu », raconte Ayman.

En effet,  Nadeem ne conduisait pas la voiture ce soir-là.  « Il était avec un ami proche et je ne sais pas s’il avait bu ou pas, mais lorsque l’accident s’est produit, les esprits se sont échauffés. C’est Nadeem qui me l’a raconté. À l’arrivée de la police, l’ami en question a pris la poudre d’escampette. », raconte Ayman.

Ce dernier revient alors sur ce qui s’est passé au poste de police de Terre-Rouge. « Quand je suis arrivé, bien avant que mon père n’arrive, j’ai vu des policiers se disputer avec Nadeem. J’ai alors essayé de calmer les esprits mais d’autres policiers m’ont empêché. C’est là qu’un policier a commencé à frapper Nadeem. Les coups étaient si violents que mon frère était sur le point de s’évanouir. J’ai tout vu mais je ne pouvais rien y faire. On m’a également passé les menottes pour m’immobiliser », poursuit le jeune homme, en nous montrant des traces de menottes sur le poignet.

Vendredi après-midi, nous nous sommes rendus au chevet de Nadeem sur son lit d’hôpital à SSRN.  Le jeune homme porte encore son T-shirt ensanglanté et arrive difficilement à parler avec les fils de suture dans la bouche. Il témoigne : « Éna caméra CCTV dan station la, bizin dire zot montré couma zot ine batt moi. Zot mem pas conné kine arrivé ! Zot ine trapp moi, zot ine coumance mett are moi, mone mett are zot », dit Nadeem, qui a le sang chaud.  « Zot ine cuff moi, zot ine batt moi et lorla zot pé rode mett fausse charge lor moi, zot pé dire mone batt la police, mone faire vilain dan station », dit le jeune, quelques secondes avant l’arrivée des policiers venus pour le transférer au poste de police de Trou-aux-Biches où il passera la nuit en attendant d’être traduit en cour.

Au niveau de la police, on nous informe que le jeune homme sera traduit en cour sous une charge provisoire de « Assaulting police officer »  et de « Rogue and vagabond ». Concernant les allégations de brutalité, une source au Casernes centrale nous indique : « En l’absence de plainte formelle, nous ne pouvons agir. Mais nous invitons la famille à faire une déposition devant les instances concernées. »