La crise au Pérou s’achèvera-t-elle avec la séquence entamée, mercredi 7 décembre, avec la chute du président Pedro Castillo et l’investiture dans la foulée de sa vice-présidente, Dina Boluarte ? Rien n’est moins sûr dans un pays où la division politique provoque instabilité et insatisfaction croissante au sein d’une population frappée de plein fouet par la crise économique. Première femme à la tête de l’Etat péruvien, la nouvelle présidente, qui succède à M. Castillo après sa tentative ratée d’« autocoup d’Etat »,a rencontré les représentants des différents groupes parlementaires jeudi 8 décembre. Elle les a convoqués un à un au sein du palais présidentiel, dans un geste de dialogue et de main tendue, alors que la confrontation entre les pouvoirs exécutif et législatif empoisonne la vie politique depuis six ans. Aucun président n’a depuis lors disposé de majorité parlementaire.

Jeudi soir, Dina Boluarte n’avait pas encore annoncé la composition de son gouvernement, mais se montrait sereine devant les caméras, annonçant une nouvelle ère de relations avec la presse – extrêmement tendues sous Castillo –, ainsi qu’avec l’unique Chambre parlementaire. Toutefois, ces rencontres ont suscité réserves et méfiance au sein d’une partie de la classe politique et de la population, des voix s’élevant pour dénoncer un pacte tacite de Dina Boluarte avec l’opposition de droite.

« Qu’elle écoute les organisations de la société civile, les syndicats de travailleurs et les mouvements sociaux (…) et pas seulement le Congrès, où se trouvent les partis coresponsables de la crise », a déclaré une coalition d’organisations de la société civile. D’autres rappelaient que le Congrès recueille lui-même à peine 13 % d’opinions favorables et qu’une partie de l’opinion en souhaiterait la dissolution que M. Castillo avait tenté d’obtenir mercredi.