Aucune arrestation jusqu’ici

Plus de 72 heures après la saisie de 95 kilos de cocaïne

  • Les directeurs de la compagnie pas encore entendus par les enquêteurs

Aucun suspect identifié, aucune arrestation et les enquêteurs de l’ADSU toujours dans le flou, après cette saisie record de cocaïne sur le sol mauricien. Cette saisie a été effectuée mercredi en début de soirée, dans l’enceinte de la compagnie Scomat, à Pailles. Plusieurs employés ont été entendus par les enquêteurs.

C’est le flou total, et l’enquête arrive difficilement à progresser depuis cette saisie record. Qui est l’importateur de ces colis de cocaïne ? Impossible pour les enquêteurs de l’identifier pour l’heure.

Mercredi après-midi, le quartier général de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) a été alerté par la direction de la compagnie Scomat à propos d’un colis suspect qui se trouvait à bord d’une tractopelle. Il s’agissait d’un sac de couleur noire, qui se trouvait sous le capot de l’engin. Le QG de l’ADSU a immédiatement dépêché une équipe sur place. Au début, les enquêteurs croyaient que c’était de l’héroïne, mais un premier ‘Field Examination’ devait confirmer que c’était de la cocaïne.

Les colis ont été transportés aux Casernes centrales et ont été placés sous scellés. Le lendemain matin, les 95 kilos de cocaïne ont été acheminés à la Forensic Science Laboratory (FSL) pour les besoins d’analyse.

Dès jeudi matin, plusieurs employés de la compagnie Scomat ont été entendus par les enquêteurs de l’ADSU sur cette surprenante découverte. Des mécaniciens ont expliqué que c’était en soulevant le capot de la tractopelle pour une vérification du moteur que le colis suspect a été trouvé. Immédiatement, ils ont informé leurs supérieurs, qui ont alerté les autorités.

Des documents portuaires et douaniers saisis

Depuis l’éclatement de cette affaire, plusieurs équipes de la brigade antidrogue se sont rendues au port et dans les locaux de la douane pour la vérification et la saisie de documents. Les enquêteurs sont tombés des nues en constatant que la tractopelle est arrivée à bord du navire Hoegh Antwerp, qui avait également transporté Mauricio, la première rame du Metro Express à Maurice.

Du côté des enquêteurs, on affirme que l’enquête est complexe. La raison évoquée : la tractopelle n’a pas été importée par une personne, mais par une compagnie. Dans les jours à venir, les Casernes centrales comptent envoyer des officiers au Maroc, pays où la tractopelle a été embarquée à bord du navire, qui a ensuite pris la direction de l’Afrique du Sud et de Madagascar, avant de venir à Maurice.

Les enquêteurs mauriciens souhaitent la collaboration des autorités marocaines pour avoir des éclaircissements sur les procédures ayant trait à l’embarquement de la tractopelle. La priorité est de savoir si des Mauriciens se trouvaient dans ce pays à ce moment-là.

L’un des cadres de Scomat est un proche du MSM

Suraj Sarju, qui est « Service Manager » de Scomat, est un proche du MSM. Il a d’ailleurs été nommé comme chairman de l’« Irrigation Authority » (IA). Ce cadre a même fait l’objet d’allégations de malversations et de conflit d’intérêts. En décembre 2017, il avait été dénoncé à l’ICAC par une ancienne comptable de l’IA. Celle-ci avait allégué que Suraj Sarju faisait pression sur elle pour qu’elle décaisse des sommes d’argent sans passer par les procédures normales. Ce n’est pas tout. Suraj Sarju est également accusé d’avoir favorisé la compagnie Scomat en lui octroyant des contrats pour la fourniture d’équipements électriques.

Du côté de la compagnie Scomat, personne ne veut commenter l’affaire en cours. Un préposé de la boîte chargée de faire sa communication s’est contenté de nous dire que la compagnie coopère pleinement avec les autorités en vue de faire aboutir l’enquête.