Axe CPN Distributors Ltd-MOH : Un mécanisme bien huilé, avec à la clé des contrats juteux

  • Gaspillage flagrant de la Santé concernant l’achat du Molnupiravir

Un mois après l’éclatement de l’affaire Molnupiravir, les enquêteurs de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) commencent à voir de plus en plus clair sur cette affaire de juteux contrats, avoisinant les Rs 100 millions. Pendant la semaine écoulée, ils ont non seulement épluché des milliers de dossiers saisis au courant de l’enquête en cours, mais ils ont également procédé à l’interrogatoire d’une dizaine de pharmaciens du ministère de la Santé qui travaillent dans les différents hôpitaux régionaux du pays et l’ENT où sont admis des patients présentant des formes sévères de la Covid-19.

Le constat saute aux yeux. Il est évident, selon les enquêteurs, que le nombre de médicaments commandé auprès de « CPN Distributors Ltd » a été largement exagéré. D’ailleurs, plus de 80% de ces comprimés ne pourront être distribués ou utilisés puisqu’ils arriveront à expiration en juillet 2022, soit dans cinq mois. Selon les règles pharmaceutiques, la date d’expiration des médicaments peut être étendu pour une période de trois mois, dépendant de l’agence de fabrication. Or, même si une extension est obtenue sur ces médicaments, pas plus de 15 000 comprimés sur les 999 000 acquis pourront être écoulés dans les pharmacies des hôpitaux publics. Ce qui met davantage les hauts cadres du ministère de la Santé dans une situation embarrassante. Ils devront prochainement justifier la décision du ministère d’acheter une si importante quantité de médicaments.

Les autres compagnies, dont « Mauritius Pharmacy Ltd » qui avaient proposé de vendre des comprimés Molnupiravir au ministère de la Santé avaient d’ailleurs proposé un bien meilleur prix avec une date de péremption allant jusqu’au 2023.

Le Dr Ori et Dalida Allagapen entendus cette semaine

Par ailleurs, le Dr Bhushan Ori et l’ancienne SCE Dalida Allagapen devront être entendus cette semaine-ci. Ils ont fait la Une de l’actualité la semaine dernière, après les révélations de taille de Brijendrasingh Naeck, « Principal Pharmacist » du ministère de la Santé qui a été suspendu de ses fonctions après qu’une charge ait été logée contre lui dans le sillage de cette affaire. Interrogé par la commission anti corruption, Naeck avait expliqué que la décision d’acheter 999 000 comprimés Molnupiravir avait déjà été prise par un comité en haut lieu. Il a enfoncé le clou en disant que le Dr Bushan Ori, qui occupe le poste de directeur général des Services de santé et l’ex-‘Senior Chief Executive’ (SCE) détiennent pas mal d’informations à ce sujet.

Enter Tocilizumab 

Après le Molnupiravir, les enquêteurs s’attaqueront à un autre dossier qui fera grand bruit dans les semaines à venir. Cela concerne la fourniture d’environ 500 boîtes du médicament Tocilizumab au ministère de la Santé par « CPN Distributors Ltd ». Entre le 25 novembre et 6 décembre, des médicaments qui ont été livrés au ministère de la Santé provenaient de deux différents fournisseurs, notamment de la Réunion et de l’Inde respectivement. La première livraison concerne 38 boîtes de Tocilizumab au coût de Rs 61 500/ l’unité. Une deuxième livraison d’environ 400 boîtes a été effectuée au début de décembre. Mais la deuxième fois, elle n’a coûté que Rs 35 600 la boîte. Cette différence conséquente concernant le prix est jugée inquiétante, explique une source proche de l’enquête. Les hauts responsables devront expliquer si un exercice de « due diligence » a été effectué avant que le contrat ne soit alloué.