99 morts sur les routes
L’île Maurice est confrontée presque quotidiennement à de tristes nouvelles concernant les accidents de la route, qui impliquent des voitures, des deux-roues et des piétons, et qui sont de plus en plus souvent fatals. Avec un chiffre accablant de 99 décès déjà alors que nous sommes au mois d’août, la question se pose de savoir si cette tendance perdurera jusqu’à la fin de l’année. La semaine passée a été marquée, une fois de plus, par des accidents mortels, notamment celui à Pointe-aux-Piments impliquant deux motocyclistes. Est-ce le comportement des usagers de la route qui doit être remis en question, est-ce toute une éducation qui doit être refaite ou est-ce d’autres facteurs qui occasionnent des accidents ?
Barlen Munusami, ancien policier de la ‘Road Safety Unit’ et désormais instructeur d’auto-école, est d’avis qu’il est nécessaire de réintroduire le système du permis à points. Selon lui, cela contribuerait grandement à réduire le nombre d’accidents mortels, car les conducteurs et les motocyclistes seraient obligés de prendre conscience des conséquences de leurs actes. « Bann dimounn ti pu ena plis appréhension ek comportement ti pu changer net. Si zot kone ki kan zot pe roul dans enn façon inapproprié ek zot pe met zot lavi ek lavi lezot dimounn en danzer, zot koner ki zot permis pu sauter, la loi ti pu bizin vinn pli dur pou sa bann dimounn kinn perdi zot points ek permis la pu zot regayn enn permis. De ce fait, dimounn ti pu applik zot plis ek ti pu pli vigilant. Le problème vinn aussi dans la formation. Kan ou pe pren commande enn véhicule, ou bizin make sure ki ou pa met en danger ou lavi ek lavi lezot dimounn », explique l’ancien policier.
En ce qui concerne les décès dans les accidents impliquant des motocyclettes et des deux-roues (mobylettes, scooters, scooters électriques), le jeune âge des victimes est préoccupant. Selon Barlen Munisami, les parents ont une grande part de responsabilité. Il estime qu’ils doivent être plus stricts et surveiller leurs enfants de façon plus attentive. « Le comportement des jeunes motocyclistes laisse à désirer. La plupart de ces jeunes n’ont même pas un permis en bonne et due forme. Zot roul zis ek enn learner. L’apprentissage de pilotage est important pour la société civile. Ou pa kapav donn enn zenn de 16 ans enn motocyclette ek li al fer letour moris et pli grave ladan seki so parent napa koner kot li été. Ena enn grand probleme, l’éducation cummense dans lakaz, si parent laem pa pe kass latet avec saki so zenfan pe fer, nimporte ki la loi ou autorités pou mete, li pa pu change nanier ! », affirme Barlen Munisami.
Une autre problématique soulevée concerne la consommation de drogues synthétiques. Selon les recherches médicales, les drogues de synthèse altèrent le comportement. Barlen Munusami estime que la plupart des jeunes consommateurs de ces drogues qui conduisent des deux-roues sont plus susceptibles d’avoir un accident. Par conséquent, il demande des contrôles plus stricts et plus réguliers. Barlen Munisami évoque également un changement de mentalité. Selon lui, l’approche pour résoudre le problème des accidents doit évoluer. Il appelle les autorités à aborder le problème à la source, en réformant l’éducation dès l’enfance. Il pense que les autorités devraient mettre l’accent sur l’éducation des enfants dès leur plus jeune âge pour leur inculquer les valeurs d’un conducteur, d’un motocycliste et d’un piéton vigilant et responsable.
Du côté de la police, l’inspecteur Siva Coothen, responsable du ‘Police Press Office’ (PPO), estime que les mesures prises par les forces de l’ordre sont louables. Les contrôles de vitesse, les tests d’alcoolémie et surtout la sensibilisation de la communauté jouent un rôle important pour conscientiser la population, dit-il. Or, les accidents continuent de plus belle…
Effets de la drogue sur la conduite : Nabiilah Fakira, psychologue, avertit sur les comportements à risque
Selon la psychologue Nabiilah Fakira, la consommation de drogue impacte les zones du cerveau associées aux ‘Risk Taking Behaviours’ (comportements à risque). Ainsi, les conducteurs influencés par des drogues de synthèse mettent en péril leur propre vie, ainsi que celle des autres usagers de la route.
« La drogue provoque des perturbations mentales. Notre processus de prise de décision s’altère, et nos réflexes en sont affectés. Lorsqu’on consomme de la drogue, des voies neurales dans le cerveau s’activent et nous incitent à agir et à prendre des décisions incorrectes ! », explique Nabiilah Fakira.
Selon la psychologue, les conséquences d’un accident sur la santé mentale des victimes, telles que le ‘Post Traumatic Stress Disorder’ (PTSD), sont fréquentes et préoccupantes.
« Les traumatismes ne sont pas toujours évidents à identifier. Parfois, les personnes qui en souffrent tentent de les dissimuler ou de faire semblant que ‘tout va bien’. En réalité, le traumatisme se manifeste par des perturbations comportementales et psychologiques consécutives à un choc émotionnel intense. Parfois, ces troubles persistent et, un mois après l’accident, ils sont toujours présents. On parle alors de stress post-traumatique. Celui-ci peut même se manifester ultérieurement, par exemple à la date anniversaire de l’accident », conclut Nabiilah Fakira.