‘Breach of Protection Order’ « Mo nepli kapav sorti tou sel »

On a souvent décrié l’inutilité des ‘Protection Orders’ dans des cas de violence conjugale, car dans plusieurs affaires où les tribunaux ont émis ce genre d’ordre, cela n’a pas empêché les agressions des conjoints violents. Mais il convient de dénoncer le laxisme dont les autorités policières et judiciaires peuvent faire preuve dans certains cas. Le calvaire de Linda Veerapen, une mère de famille de 44 ans, que vous allez découvrir dans cet article, est édifiante à bien des égards.

Linda Veerapen, une habitante de Cassis de 44 ans, tente tant bien que mal de garder le sourire malgré qu’on peut lire la peur sur son visage quand, en compagnie de ses enfants, elle nous fait le récit de son calvaire. Elle n’ose plus sortir seule de la maison, car son mari, Leopoldo (prénom fictif), auquel elle a été mariée pendant plus de 22 ans, rôderait dans les alentours, et cela alors qu’elle bénéficie d’un ‘Protection Order’ qui interdit à cet homme violent de s’approcher d’elle ou de ses enfants à moins de 100 mètres. Ce dernier ne vit plus avec elle et ses enfants mais n’habite pas trop loin de la famille.

Linda est une mère de trois enfants, âgés entre 13 et 21 ans. Dans la maison familiale, elle est rejointe par ses enfants et par d’autres membres de la famille qui nous font part de leur calvaire aux mains de cet homme qui fait tout son possible pour que la famille ne puisse vivre en paix.

Elle nous affirme que son compagnon a toujours été un homme violent. « Li ti touzour violent mais mo ti pe kapav supporter. So jalousie ki ti pe fer sa. Tou ce ki mo kozer, li dire ki mo ena relation », dit-elle. La quadragénaire a dû, à plusieurs reprises, se rendre à l’hôpital suite aux coups qu’elle a reçus de son mari. Les choses ont commencé à dégénérer depuis l’année dernière, soit pendant le premier confinement, quand son époux est tombé dans l’enfer de la drogue.

Après le confinement, ne pouvant plus supporter les violences de son mari, Linda Veerapen fait une demande pour un ‘Protection Order’, qu’elle obtient en cour de Port-Louis. La cour informe Leopoldo qu’il n’a plus le droit de s’approcher de la maison de Linda, de cette dernière elle-même et de ses enfants.

Bien qu’elle ait eu son ‘Protection Order’, son conjoint l’a menacée à pas moins de trois reprises cette année-ci.

Samedi dernier, son mari a tenté de l’agresser mais Linda a pu s’échapper en se réfugiant chez une voisine. « J’étais sur la route. Ma fille et son enfant étaient avec moi. Nous étions partis acheter du poisson chez une voisine. Je parlais à ma voisine quand il est soudainement sorti d’une ruelle latérale. Lors qu’il m’a vue, il s’est mis à courir après moi. Ma fille a pu ouvrir une porte dans la maison de la voisine, où nous nous somme refugiées. Sans quoi, il m’aurait tailladée à coups de cutter ce jour-là », raconte la quadragénaire, qui avait ensuite porté plainte au poste de police de Bain-des-Dames. Selon elle, elle a dû solliciter l’intervention de nul autre que le Commissaire de Police pour que les policiers acceptent de consigner sa plainte.

En mars dernier, muni d’une échelle, Leopoldo devait essayer à deux reprises de grimper sur le toit de la maison de Linda, une première fois vers 1 h du matin, une deuxième fois vers 2 h. La famille de Linda n’a pas fermé l’œil de la nuit ce soir-là et s’est regroupée dans le salon. 

Leopoldo devait récidiver ce mardi 27 avril.  Il est en effet retourné chez Linda armé d’un couteau pour la menacer de lui ôter la vie. Selon son fils, il aurait aperçu un couteau que Leopoldo avait essayé de dissimuler sur lui.

Linda affirme que la police est bel et bien au courant des incartades de son mari mais apparemment choisit de ne pas intervenir. Cette mère de famille s’insurge aussi sur la lenteur de la police, qui arrive parfois plus de deux heures après un incident.

Cette habitante de Bain-des-Dames ne peut plus sortir seule, car Leopoldo rôderait toujours aux alentours de sa maison alors qu’il n’en a pas le droit. Elle doit toujours être accompagnée d’au moins deux personnes, de peur  qu’il ne lui arrive quelque chose. « Leopoldo a vécu ici pendant plus de 20 ans et il connait bien tous les recoins », nous dit-elle.

Selon Linda, un des frères de Leopoldo est allé avertir la police que celui-ci menacerait de tuer Linda. Il devait même dire aux policiers que s’il arrivait quelque chose à Linda, ils en seraient tenus responsables.

Selon cette dernière, Leopoldo avait déjà été arrêté une fois, mais relâché deux jours plus tard sur parole, sur l’ordre de la cour. La police devait alors l’informer qu’à cause de la covid-19, les autorités ne pouvaient plus mettre les gens en prison.

Plusieurs questions subsistent dans cette affaire. Pourquoi la police n’intervient pas quand il y a ‘Breach of Protection Order’ ? Attend-on qu’il arrive un malheur à Linda avant de réagir ? « Malgré mo ena ‘Protection Order’, mo trouvé ki li pas gagne peur », halète-t-elle, tout en se posant des questions sur l’efficacité véritable du ‘Protection Order’.