Ils sont des élus du peuple. Deux d’entre eux occupent des postes ministériels, pour lesquels ils sont grassement rémunérés par les fonds publics. Le troisième est, lui, PPS. Mais sous leur calme apparent se cache un comportement agressif, dénoncé par leurs victimes respectives.
Un médecin le pointe du doigt
Deuxième accusation d’agression contre le ministre Kailesh Jagutpal
Un médecin de 46 ans, travaillant au ‘National Cancer Centre’, a déposé une plainte contre le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, suite à un incident survenu le lundi 22 juillet 2024, vers 11h00, au bâtiment Emmanuel Anquetil à Port-Louis. C’est la deuxième plainte enregistrée contre le ministre Jagutpal par un employé du service de la santé.
Selon le médecin, il avait un rendez-vous avec le Dr Jagutpal, qui l’aurait interrogé sur son retard au travail avant de l’emmener dans son bureau. Le médecin lui aurait répondu qu’il n’avait pas été mis sur le shift system et qu’il devait donc débuter le travail à 9h.
Le ministre aurait alors fermé la porte et agressé physiquement le médecin en lui arrachant son masque, lui causant ainsi des douleurs au visage et aux lèvres. Une secrétaire présente serait alors intervenue pour calmer la situation. Le médecin a souhaité se faire examiner par un autre professionnel de santé.
Le ministre Kailesh Jagutpal, interrogé par la presse, a nié avoir agressé le médecin en question, en laissant entendre que ce dernier souffrait de certains troubles.
Antécédents
L’incident actuel s’inscrit dans un contexte marqué par des précédents pour le ministre Jagutpal. En effet, le 7 juillet 2022, l’imam Zaheer Peerbux, employé depuis 2018 au ministère de la Santé, s’est rendu au bureau du ministre pour demander un transfert après quatre ans de contrat. Accompagné de son épouse, il aurait été reçu seul par le ministre qui, selon lui, l’aurait agressé verbalement et physiquement en présence de trois hommes, dont un garde du corps. Le ministre l’aurait injurié, frappé à l’épaule, et expulsé du bureau, le laissant en état de choc et avec une douleur persistante. L’imam Peerbux a par la suite porté plainte à la police.
Plus récemment, en février 2024, le ministre Jagutpal a été accusé d’avoir maltraité une journaliste et un photographe de Sunday Times à l’hôpital Jeetoo. Ces derniers, qui enquêtaient sur des allégations de manque de médecins, ont témoigné du fait que le ministre et ses collaborateurs les avaient intimidés et menacés. La journaliste a déposé une ‘precautionary measure’ à la police.
Nécessité d’une enquête approfondie et impartiale
Les incidents répétés impliquant le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, soulèvent de sérieuses questions. Ce comportement présumé est particulièrement problématique car il représente un possible abus de pouvoir et va à l’encontre de l’exemple que devrait donner un haut responsable gouvernemental.
De telles allégations, si elles s’avéraient fondées, pourraient créer un climat de crainte au sein du ministère, entraver la transparence nécessaire dans la gestion des affaires publiques et nuire à la mission même du ministère de la Santé, qui est de promouvoir le bien-être de la population.
Face à cette situation, il est impératif que les autorités compétentes mènent une enquête approfondie et impartiale. La société mauricienne est en droit d’attendre de ses dirigeants qu’ils se comportent de manière exemplaire, en particulier dans un domaine aussi crucial que la santé publique.
Cas semblable pour le ministre Anjiv Ramdhany
Le ministre Kailesh Jagutpal n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation. Son collègue au cabinet, le ministre Anjiv Ramdhany, fait également l’objet d’accusations d’agression. Ses dénonciateurs ne sont autres que des agents du MSM.
En février dernier, un agent du MSM a allégué que le ministre Ramdhany l’a giflé à plusieurs reprises à son domicile à Bois-Rouge, en présence de deux bodyguards. C’est un message posté sur les réseaux sociaux qui a provoqué l’ire du ministre en question, a-t-il expliqué, en soutenant que le message se lisait comme suit : « Ou pe fer zis pou ou ek ou fami ».
Mais l’agent s’est ensuite rétracté, après l’intervention du ministre Avinash Teeluck. La plainte déposée à la police a donc été retirée et l’enquête stoppée. Mais les dénonciations contre le comportement agressif du ministre se sont poursuivies.
Ainsi, un autre agent du MSM a également dénoncé le ministre Ramdhany après que ce dernier ait tenté de l’agresser lors d’un comité central de la circonscription no.6. Mécontent que la victime ait fait état d’une injustice concernant son fils, le ministre se serait montré virulent et agressif à son égard. La réunion a dû même être écourtée en raison de cet incident.
Remontés contre l’attitude du ministre Ramdhany, des agents du MSM avaient alors décidé de le dénoncer au Premier ministre.
PPS tapère
Le cas du député Kenny Dhunnoo est encore plus grave. Lui, il a carrément été vu sur des images de caméras en train d’agresser physiquement un infirmier d’une clinique privée en juillet 2022. Les images, publiées par un confrère, avaient choqué tout le monde, sauf la police et le Premier ministre qui, au lieu de le sanctionner, l’a promu en le nommant PPS.
Le député de la circonscription no. 17 était également au centre de la suspension d’une Senior Journalist de la MBC en 2021.