La ville de Curepipe a été beaucoup négligée depuis bon nombre d’années. Le sempiternel problème de drains, les infrastructures en piteux état, les terrains abandonnés, les chantiers de travaux qui s’éternisent, les lampadaires éteints, l’insécurité grandissante. La ville-lumière n’est plus que l’ombre d’elle-même. Selon une conseillère municipale, Curepipe ne mérite plus cette appellation. Mais ce serait en fait toutes les localités de la circonscription no 17 qui souffriraient de ce problème. Les députés de cette circonscription sont bien descendus sur les lieux et ils ont promis une nouvelle foire, et un nouveau centre sportif avec une piscine. Mais ils n’ont pas pris en compte les doléances des habitants, de tacler les problèmes urgents, et de veiller à ce que les projets existants soient complétés. Un langage de sourds entre les habitants et ceux qu’ils ont élus…

La circonscription no 17 (Curepipe / Midlands) se situe dans les hautes Plaines-Wilhems. Avec une population d’environ 85 000 personnes, elle englobe plusieurs localités : Curepipe, Eau Coulée, Midlands, Dubreuil, La Brasserie et Malherbes, entres autres.

Curepipe, la soi-disant ville-lumière, est le chef-lieu de cette circonscription. Les autres localités de la circonscription sont administrées par le conseil municipal de Curepipe.

Mais qu’est-ce qui a mal tourné par la suite ? Aujourd’hui, les habitants de la circonscription no 17 sont quasi-unanimes à dire que la ville-lumière ne brille plus comme auparavant.

Curepipe était, 5 ans de cela, une ville pleine de mouvement, le développement se faisait tous azimuts, et les activités pour les citadins, de tous les âges, ne se comptaient plus. Mais si on jette un coup d’œil sur le site web de la mairie de Curepipe, la dernière activité date… d’avril 2017, quand la mairie de Curepipe avait organisé le nouvel an tamoul, le Varusha Pirappu.

Mais de plus en plus, c’est une ville qui fait peur à la nuit tombée. Il y a des bâtiments abandonnés qui sont occupés par des toxicomanes, des SDF et même des prostituées. D’autres bâtiments, à l’instar de la foire, sont en voie de rénovation depuis des années.

Mais il semblerait que les élus de la circonscription, notamment Steven Obeegadoo et Kenny Dhunoo, se sont réveillés de leur torpeur : en effet, au début de ce mois-ci, les deux élus ont fait une ‘site visit’.

Par la suite, Kenny Dhunoo, ‘Deputy Chief Whip’ du gouvernement, devait annoncer la construction d’une foire et d’un centre sportif, avec une piscine, dans la localité. Le plan étant déjà prêt, ils attendraient uniquement le feu vert du gouvernement avant de procéder au lancement de ces projets.

Les habitants seront sans doute ravis d’entendre que de nouveaux projets sont en voie dans la circonscription, mais pour eux, les problèmes se situent ailleurs.

Le plus gros problème : toujours ces drains bouchés, qui provoquent l’inondation des maisons de plusieurs habitants durant les grosses averses. « Les drains bouchés constituent un problème majeur, mais ici les élus sont plus concernés à construire une piscine », se désolent les citadins de la circonscription no 17.

Ils font ainsi état de plusieurs demandes des citadins qui sont restées lettres mortes depuis des années.

Ces derniers mettent aussi en avant les projets dont les travaux ont commencé depuis des années mais qui n’ont pas encore complétés, et dont les chantiers constituent ainsi un danger pour les citadins.

Cap sur Dubreuil

Nous avons mis le cap pour Dubreuil, qui fait partie de la circonscription no 17, pour constater de visu la situation qui prévaut dans ce faubourg de Curepipe.

Nous faisons la rencontre de Kevina. Cette habitante de Dubreuil habite la région depuis 15 ans déjà, et elle a été candidate aux dernières élections villageoises. Elle dénonce d’emblée  le fait que le village où elle habite est complètement négligé par les autorités, aussi bien que par les élus de cette circonscription.

 

Les doléances sont les mêmes pour les autres habitants de la circonscription no 17 : l’état des infrastructures dans le petit village est déplorable, et le problème des drains ne prend pas fin. À chaque fois qu’il y a de grosses averses, les maisons sont inondées par les eaux boueuses.

Notre interlocutrice note aussi qu’il n’y a pas d’activités pour les enfants ou pour les habitants du village. Kevina explique qu’il y a bien un gymnase dans la région, mais la plupart des appareils dans ce gymnase sont endommagés. À chaque fois, les autorités disent qu’elles vont les réparer, mais rien n’est fait par la suite.

De plus, divers terrains, prévus pour être transformés en jardins d’enfants, ont été abandonnés. L’herbe folle a envahi ces terrains en question. Ce qui fait peur, explique Kevina, car ces terrains peuvent attirer des toxicomanes.

Elle explique que dans le passé, il y avait une formation qui avait été mise en place pour les gens qui ne savaient pas comment utiliser un ordinateur… mais l’ordinateur lui-même a disparu !

« On a envie que le développement se fasse dans la région, mais à chaque fois qu’on frappe à la porte des autorités concernées, elles ne font rien pour les habitants. Ils font tout pour leurs gains personnels », lâche-t-elle sans concession.

Rien pour honorer le nom de ville-lumière

Conseillère municipale de 16e Mille, où elle y habite, Ayushi Balluck estime qu’il y a beaucoup de problèmes importants à résoudre dans les localités qui font partie de la circonscription no 17. Nous faisons un tour d’horizon avec elle dans cette circonscription.

Curepipe : « Rien pour honorer son nom de ville-lumière »

Fréquentant souvent la ville de Curepipe, Ayushi Balluck dit que beaucoup de choses auraient pu être faites pour relever la ville de Curepipe qui, selon elle, est une ville morte après 18 h. « Il n’y a rien à Curepipe pour honorer son nom de ville-lumière », nous lance la jeune conseillère. « Qu’est-ce qui a été fait au niveau de l’emploi et du développement? Rien ! », se désole-t-elle.

Des députés qui brillent par leur absence

Qu’en est-il des députés de la circonscription ? Les députés de la région viennent rarement sur le terrain, affirme-t-elle. « Il y a un député qui ne vient que rarement sur le terrain. Ce n’est que quand les conseillers sont présents qu’il vient pour montrer son visage, pour faire en sorte que ces derniers sont du côté du gouvernement », fait comprendre Ayushi Balluck.

Kenny Dhunoo, député : « Je ne suis pas un homme de journal… »

DHUNOO-Soobeersingh-Kenny-copyNous avons essayé d’entrer en contact avec Kenny Dhunoo, député de la circonscription no 17, mais durant ces deux derniers jours, il nous a fait comprendre qu’il est très pris : « Je suis un homme de terrain, je suis un travailleur social, et non pas un homme de journal ».

 

Ce dernier nous a aussi fait comprendre qu’il rencontre souvent ses mandats pour les aider.

 

 

 

L’Hôtel de ville de Curepipe 

lhotel de villeCette dernière attire ensuite notre attention sur le bijou de la ville lumière, soit l’Hôtel de ville, qui est en phase de rénovation, et cela depuis des années. En ce qui concerne le parc de l’Hôtel de ville, elle explique que les citadins ne sont plus libres de déambuler où ils veulent. « Des barrières ont été mises dans des endroits où il n’était pas important de les mettre. Là où il fallait mettre des barrières, rien n’a été fait ! », selon elle.

 

L’hôtel Europa : une verrue sur le visage de Curepipe

l'hotel EuropaElle pointe du doigt l’hôtel Europa, qui est à l’abandon depuis plus d’une dizaine d’années. Cet immeuble, situé tous près du centre commercial Manhattan, est fréquenté par des toxicomanes, des SDF et des prostituées, entres autres, ce qui constitue un danger pour les passants et les habitants. Le trafic de drogue se déroule impunément dans cet immeuble. Notre interlocutrice estime qu’il aurait dû être démoli depuis très longtemps.

 

16e Mille : un grave problème de drain

Ayushi Balluck attire notre attention sur le problème de drain dans toute la circonscription, mais plus particulièrement à 16e Mille. Selon elle, le jour de la fête de Thaipossam Cavadee, durant les grosses averses, elle devait recevoir plusieurs appels des habitants de la région de 16e Mille, qui ont vécu un véritable calvaire avec les drains qui débordaient.

 

 

 

Midlands : des infrastructures déplorables

Ayushi Balluck, qui connait aussi très bien la région de Midlands, nous explique que les infrastructures de cette petit agglomération sont déplorables. Elle nous explique aussi que des choses pas très catholiques se déroulent près du Midlands Dam, notamment que des personnes planteraient du cannabis près du réservoir. Et les caméras CCTV qui ne sont pas opérationnelles…

 

 

 

Les terrains de foot à l’abandon

Elle n’épargne pas les terrains de foot et les centres de jeunesse de la circonscription no 17. Selon elle, les terrains de foot sont généralement dans un état déplorable, ou ont été abandonnés. Les jeunes ne  peuvent plus pratiquer le foot. Auparavant, les habitants profitaient de ces terrains les soirs pour leurs exercices physiques, ce qui n’est plus le cas maintenant. Pour couronner le tout, les réverbères ne marchent plus.

Ce sont là les choses auxquelles les autorités devraient accorder la priorité, et non pas la construction d’une piscine, s’insurge-t-elle. « Mais le plus important, c’est de créer des emplois pour les jeunes chômeurs, et un renouvèlement de la ville », conclut-elle.

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La municipalité en branle le jour de la ‘site visit’

municipaliterLes habitants de Cité Atlee ont été témoins d’une scène extraordinaire le dimanche précédant la ‘site visit’ des députés dans la circonscription. Les employés du service de voirie de la municipalité ont pour la toute première fois travaillé un dimanche.

Selon les habitants, les employés de la municipalité tondaient les pelouses, et débroussaillaient des bois et des buissons, entres autres. Ce n’est que le jour de la ‘site visit’ des députés que les habitants de la région ont compris le motif derrière ce gros nettoyage…

Hors-texte 2

L’Hôtel de ville de Curepipe : en perpétuelle rénovation ?

Acheté en 1902 par le Conseil municipal de Curepipe, l’Hôtel de ville avait été démonté et remonté à Curepipe. Il avait ensuite été utilisé comme salle des fêtes, avant d’abriter  le Conseil municipal. Il faut aussi dire que le joyau de la ville de Curepipe est un patrimoine mondial.

Depuis pas mal d’années, on peut voir que les travaux de rénovation s’éternisent. Nous nous sommes tournés vers Mario Bienvenu, ancien maire de la ville de Curepipe, pour des explications.

Mario Bienvenu explique que quand il était maire de 2012 à 2014, il avait comme priorité de refaire l’Hôtel de ville. Alors la mairie s’est tournée vers SOS Patrimoine, qui devait prendre en charge la rénovation. Mais à cette époque, certains partis de l’Opposition étaient contre cette décision. Selon lui, si ces derniers avaient soutenu cette décision, l’Hôtel de Ville aurait été complètement rénové à l’heure actuelle.

Mais il se dit toutefois ravi que le maire actuel fasse le nécessaire, mais que malheureusement la rénovation prend du temps.