C’est un passionné de voitures, pas n’importe lesquelles mais celles des années de braise, que nous avons rencontré cette semaine. Retraité, pour ne pas tourner au ralenti pendant ses heures perdues, Ahmud Hosanoo puisent ses énergies restantes à mettre au point les trois de ses dizaines Mini qu’il possédait autrefois. Il nous a accueillis à bras ouverts pour nous en parler.
Ingénieur mécanique de profession, Ahmud, 75 ans, est un féru des mini. Originaire de Plaine-Verte, le septuagénaire devait déménager pour Pailles il y a quelques décennies. Cet ancien étudiant du collège Islamic de Port-Louis a toujours cru fermement dans l’éducation même si lui n’a pu poursuivre sa scolarité. En effet, son fils est pilote tandis que sa fille vient de décrocher son doctorat en chimie.
Néanmoins, Bhai Ahmud nous relate qu’à l’époque la vie n’était guère un fleuve tranquille. C’est à un très jeune âge, soit à 13 ans, qu’il fait ses premiers pas dans la mécanique. Il devait impérativement travailler pour aider à faire bouillir la marmite avec ses 7 sous qu’il empochait par jour vers cette époque. Ainsi, il a éprouvé une grande passion qui s’est transformé en amour pour les voitures. Les bolides de l’époque, qui sont aujourd’hui devenus des antiquités, filaient autrefois sa cours. Il en possédait une dizaine.
« A l’époque sa ban loto la ti acteur »
Déjà mécanicien, cela n’était pas une montagne à creuser pour lui de modifier ces ‘’bolides’’. Son garage est d’ailleurs rempli de pièces détachées et d’outils importés de France qui lui sont utiles pour son travail. « A l’époque sa ban loto la ti acteur, » renchérit notre interlocuteur. Il garde d’ailleurs toujours son favori, V 109, en héros. Cette mini rouge est vieille de 52 ans et est toujours en bon état ! Et pour ses autres voitures, il les a vendues car vu son âge avancé, il ne pourrait plus les occuper comme il se doit. Cependant, les trois Mini qui se trouvent toujours dans son garage sont toujours les prunelles de ses yeux. « Vaut l’or sa ban loto la ! ».
Bhai Ahmud nous confirme qu’il y a bel et bien des collectionneurs de voitures d’antiquités à Maurice. Il nous relate qu’on doit beaucoup dépenser pour en acheter une car sa valeur est toujours là. « Ban zafer longtemps pe gagne plis valeur mais ban jeunes asterla croire enn ti cass kapav acheter sa loto la. » Le Portlouisien ne cache pas le fait qu’à chaque course qu’il fait dans sa Mini rouge, les gens sont émerveillés de la voir et tous les yeux ne sont braqués que sur sa voiture. Plusieurs personnes l’ont même approché pour lui proposer l’achat de la voiture mais elles sont tombés des nues en prenant connaissance de sa valeur marchande. « Elle n’est pas chère mais ne vaut pas des miettes quand même. C’est normal que quelque chose d’aussi longtemps soit précieux, » affirme Bhai Ahmud.
Entre-temps, le mécanicien espère pouvoir continuer à s’occuper de ses ‘’amours’’ même s’il n’a plus le courage comme avant. Vu que la relève n’est pas assurée, Bhai Ahmud dira toutefois qu’il se peut qu’il vende les voitures, si on lui propose un chiffre intéressant, pour pouvoir passer plus de temps avec sa famille, notamment sa femme et sa mère de 96 ans.
Irfaan Khodabocus
