Combat contre la violence domestique

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Le manque de volonté et de communication décrié

La violence domestique est un problème grave. Mais pourtant, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, le problème perdure. On pourrait même dire qu’il prend de l’ampleur. Selon un rapport publié dans l’édition du Police Bulletin du mercredi 7 septembre, la Brigade pour la protection de la famille a enregistré 62 cas graves de violence à l’encontre des femmes, rien que pour le mois d’août. En considérant les données de ‘Statistics Mauritius’ sur le sujet pour l’année 2021, sur cent personnes qui ont déposé plainte contre leur conjoint ou conjointe pour violence domestique, 86.7 % sont des femmes. Autant dire que la situation est alarmante et que le problème affecte de façon disproportionnée la gente féminine.

La députée Stéphanie Anquetil, de la Women’s League du Parti travailliste (PTr), nous dit d’emblée qu’il n’y a pas de « réelle volonté de la part du gouvernement de combattre la violence domestique ». Pour elle, le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille ne fonctionne pas comme il se doit, « parce qu’à la tête de ce ministère, il n’y a pas la bonne personne à la bonne place ». « Cela fait déjà trois ans que Kalpana Koonjoo-Shah occupe ce poste mais n’a pas vraiment proposé des lois ou des amendements pour combattre ce problème en profondeur », ajoute-t-elle.

Une autre raison pourquoi la violence domestique perdure, selon la députée, est le fait que le combat doit se faire tous les jours et tout au long de l’année. Or, à Maurice, « la population ne prend conscience de ce problème que le 8 mars et le 25 novembre, les deux journées internationales consacrées aux femmes et à la violence domestique. »

Ensuite la députée trouve inacceptable que le ‘High-Level Committee on Gender-Based Violence’ ne soit composé que par des hommes ! « Ce sont uniquement des hommes qui décident comment combattre la violence domestique », lance-t-elle, caustique. Ce qui diffère, poursuit-elle, des pays européens où des campagnes agressives sont menées, et qui ont un véritable impact sur la société.

Société patriarcale

Prisheela Mottee, la présidente de l’association ‘Raise Brave Girls’, ONG qui soutient les femmes victimes de violence conjugale, pense que le problème de violence domestique perdure parce qu’à la base, la société mauricienne est toujours largement patriarcale.

Elle décrie aussi le manque de communication, qui y joue un grand rôle. « La communication est un élément fondamental pour prévenir les actes de violence domestique », soutient-elle.  Elle conseille vivement aux femmes qui vivent le calvaire de la violence domestique de partager leurs problèmes avec quelqu’un de proche. Il est primordial, selon elle, de créer un environnement où les femmes peuvent dénoncer leurs persécuteurs sans crainte. « Les victimes doivent porter plainte contre leurs agresseurs sans aucune frayeur ou hésitation », affirme-t-elle.

Les lois sont-elles adéquates pout tacler ce qu’il convient d’appeler un fléau ? « Les lois à Maurice sont bien établies, mais le problème de base est le manque de communication », nous fait comprendre Prisheela Mottee. Elle plaide pour des campagnes de sensibilisation multiculturelles dans notre société plurielle. « Dès le départ, on doit sensibiliser les jeunes, ainsi que les adultes face à ce problème », préconise-t-elle.

Évotie Moutou, cadre administrative chez SOS Femmes, rejoint Prisheela Mottee dans ses propos, et dénonce « cette société patriarcale qui a encore de beaux jours devant elle, où l’abus de pouvoir des hommes envers les femmes, à travers le contrôle, l’humiliation et l’asservissement est omniprésent. C’est inacceptable que les femmes subissent de la violence dans leurs maisons, qui auraient dû être des endroits garantissant leur sécurité ».

Les lois sont-elles assez sévères ? « Malgré le renforcement de la loi, le nombre de cas de violence domestique est toujours en hausse. C’est donc l’application des lois qui fait défaut », analyse-t-elle. Comment alors combattre la violence domestique ? « Il faut absolument dénoncer, c’est primordial », dit Évotie Moutou. Elle conseille aux victimes de ne pas hésiter de demander de l’aide et de briser le silence entourant la violence domestique. Elle lance un appel aux Mauriciens de dénoncer tout cas de violence domestique dans leur voisinage.

Hors-texte

SOS Femmes

SOS Femmes a une ‘hotline’, le 233-3054, qui est ouverte sur une base 24/7 pour venir en aide aux femmes en détresse. Cet ONG fournit un abri aux femmes qui ont été chassées du toit conjugal. De plus, SOS Femmes a aussi un programme d’‘empowerment’ pour les victimes de violence domestique, afin qu’elles puissent trouver un emploi.