Compensation salariale « Beaucoup de PME devront fermer leurs portes »

La compensation salariale a été fixée à Rs 1000 par le gouvernement, et entrera en vigueur à partir de janvier 2023. Selon le Dr. Takesh Luckho, économiste, ces Rs 1 000 apporteront un certain soulagement à la population face à l’inflation, d’autant qu’en temps normal, le gouvernement n’accorde pas de compensation salariale au-delà de Rs 500. Toutefois, souligne-t-il, cet argent ne restera pas longtemps dans le porte-monnaie mais s’évaporera face à la montée des prix. Il explique que cette compensation n’équivaut pas à une augmentation de salaire. Comme son nom l’indique, il compense la perte du pouvoir d’achat. D’ailleurs, fait-il ressortir, la classe moyenne est en train de perdre en termes de pouvoir d’achat.

Quel sera l’impact de la compensation salariale sur les très petites (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) ? L’économiste dresse d’abord un constat de la situation dans laquelle se trouvent ces entreprises. Il soutient que ces deux types d’entreprises ont connu des temps très difficiles durant ces deux précédentes années, marquées par la pandémie de covid-19.Selon lui, beaucoup des TPE/PME sont actuellement en train d’essayer de survivre, et se retrouvent en difficulté pour couvrir leurs coûts à la fin de chaque mois, surtout en ce qui concerne le paiement des salaires de leurs employés.

Cette compensation salariale de Rs 1 000, dit-il, sera un fardeau additionnel pour les TPE/PME. « Ce sera compliqué pour elles car elles n’arrivent déjà pas à garder la tête hors de l’eau », avance-t-il. Il pense que le gouvernement devrait envisager une assistance aux TPE/PME, comme il l’avait fait avec le ‘Wage Assistance Scheme’ (WAS) et le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS), afin de permettre à ces entreprises de respirer. Il soutient d’ailleurs que le gouvernement avait annoncé un plan d’aide aux TPE/PME, mais les modalités ne sont pas encore connues pour l’heure. Takesh Luckho insiste toutefois que cette aide ne devrait pas être sous forme d’emprunt car ce sera alors un autre fardeau supplémentaire pour les TPE/PME, puisqu’ils devront ensuite rembourser ces emprunts.

« Un montant exorbitant pour les PME »

Le président de l’association regroupant les PME, Amar Deerpalsing, dresse, pour sa part, un tableau sombre sur la situation des PME. Il rappelle que la compensation salariale de 2020 était de Rs 375 et celle de 2021 était de Rs 500. Ce qui fait une somme totale de Rs 875. Dans un premier temps, les PME avaient bénéficié d’un soutien du gouvernement avant que celui-ci ne soit arrêté en juin dernier, suivant le dernier budget. Les PME ont dû ainsi commencer à débourser ces Rs 875 de leurs caisses. À partir de janvier 2023, c’est Rs 1 875 que les PME devront débourser pour leurs salariés à chaque fin de mois.

Pour corser l’addition, les PME doivent aussi s’acquitter du 13e mois, des cotisations à la Contribution sociale généralisée (CSG) et les remboursements des ‘local leaves’, entre autres. « Quand on ajoute tous ces coûts, le montant devient exorbitant pour les PME. Si on fait le calcul sur la base d’une année, la somme est beaucoup trop conséquente pour les PME », souligne Amar Deerpalsing.

Selon lui, beaucoup de PME sont déjà dans l’incapacité de payer leurs dettes existantes. « Avec les deux ans de la pandémie, les PME sont toujours en train de faire un effort pour remonter la pente et se remettre sur les rails », maintient-il. « Les PME ont besoin de soutien. Si le gouvernement n’intervient pas dans les plus brefs délais, beaucoup de PME n’auront d’autres choix que de mettre la clé sous le paillasson », conclut-il.