Complot et cauchemar

EDITO

Par Zahirah RADHA

Le 2 avril 2015 restera gravé à jamais dans l’esprit de ces centaines de milliers de clients, mais aussi d’anciens employés, des diverses filiales de la British American Insurance (BAI). La licence de la Bramer Bank fut révoquée à 00:45, soit dans les ténèbres de la nuit. Ce qui laissait déjà présager les sombres desseins de ceux qui sont derrière cette machination vengeresse. Depuis, ces nombreuses familles victimes ont vécu le pire des calvaires, certains d’entre elles n’arrivant plus à se faire soigner, à financer les études de leurs enfants ou même à manger à leur faim, faute de revenus. Une situation inacceptable quand on sait que la plupart d’entre eux ont investi leurs économies gagnées à la sueur de leurs fronts dans l’espoir de pouvoir jouir d’un avenir paisible et confortable. Leurs rêves ont viré au cauchemar grâce aux désirs machiavéliques d’un gouvernement aveuglé par la vengeance et le pouvoir. Deux ans après le démantèlement du conglomérat façonné par Dawood Rawat, plusieurs centaines de ces clients, particulièrement ceux qui avaient investi dans le Bramer Asset Management (BAM) et le Super Cash Back Gold (SCBG), vivent toujours dans la même tourmente : celle de voir leurs économies s’envoler en fumée.

En dépit des promesses faites par le gouvernement, ces victimes continuent à broyer du noir. Elles assistent impuissantes à la braderie des actifs du groupe – l’exemple le plus flagrant étant bien entendu la vente de 43 véhicules d’Iframac à Rs 6, 5 millions à Bissoon Mungroo, agent patenté du MSM et organisateur attitré des anniversaires de sir Anerood Jugnauth – en attendant que les autorités se montrent aussi généreuses à leur égard. D’autant qu’il s’agit de leurs dûs. Ce qui a contraint une dizaine d’entre elles à entamer une grève de la faim en début de semaine au jardin de la Compagnie. Leur sort ne laisse personne insensible, – même le burlesque Roshi Bhadain s’y est rendu pour proposer ses services! – à l’exception, bien sûr, des dirigeants du gouvernement. Ces derniers ont, encore une fois, fait preuve d’une apathie (chronique?!) à l’égard de ces victimes. Pas un mot relatif à ce drame humain ne figure dans les décisions du Conseil des ministres alors même que celui-ci se tenait à quelques mètres du jardin de la Compagnie.

On ne peut qu’être estomaqué par la façon dont le dossier BAI a été géré dès le départ. Les charges rayées qui pesaient contre les filles et les gendres de Dawood Rawat, mais aussi de plusieurs personnes interpellées dans le cadre de cette enquête, ne font que confirmer la thèse de vengeance. D’autant que des dirigeants du régime gouvernemental avaient bien pris le soin de retirer leur argent avant la révocation de la licence de la Bramer Bank. Les propos de SAJ à l’effet que « kan ène bato pé couler, premier zafer mo sauve mo la peau » résonnent toujours dans nos oreilles, sa façon d’agir résumant bien le comportement de nombre de nos élus,  prêts à tout pour sauver leurs intérêts d’abord. La manière dont le gouvernement s’est empressé de nationaliser l’ex-Bramer Bank et la BAI, le pôle assurance du groupe, tout comme la vente de l’ex-Apollo Bramwell d’ailleurs, accentuent davantage la perception de complot contre l’ancien patron de la BAI. Il est temps de mettre fin à cette mascarade et de tirer cette affaire au clair. Une commission d’enquête s’avère plus que jamais nécessaire. Il faut que le gouvernement comprenne qu’il ne peut jouer ainsi avec la vie des gens, tout en mettant en péril l’économie du pays. Le peuple en a assez souffert. Et ce n’est certainement pas les victimes de ce coup monté contre la défunte BAI qui nous diront le contraire.