Consultations pré-budgétaires : Narendranath Gopee : « Pourrions-nous faire face à un troisième confinement ? »

Tour d’horizon économique avec le syndicaliste Narendranath Gopee, qui maintient que l’économie mauricienne subit de plein fouet une récession. Il présente aussi ses recommandations pour le prochain exercice budgétaire et fait quelques propositions assez inattendues, mais non-négligeables

Le président de la ‘Federation of Civil Service and Other Unions’ (FCSOU) et de la ‘National Trade Union Confederation’ (NTUC), Narendranath Gopee, estime que l’économie est en pleine récession et que Maurice a perdu son statut de pays à haut revenu. « La dette publique tourne autour des Rs 400 milliards, un chiffre comparable au PIB, ce qui veut dire que nous sommes endettés à 100 % », indique-t-il. Selon le syndicaliste, l’emploi ne retournera pas à la normale de sitôt, surtout en ce qui concerne le secteur privé, qui a pris un sale coup, et qui prendra beaucoup de temps avant de se stabiliser à nouveau. Il faut absolument relancer les usines de textile et les autres secteurs vers les exportations afin de soutenir l’économie.

Il indique qu’en ce qui concerne le recrutement, le secteur public est saturé, et fournit une estimation de 80 000 fonctionnaires au total. Valeur du jour, seulement ceux qui ont pris leur retraite peuvent être remplacés. Il fait rappeler que le gouvernement a puisé de nos réserves financières pour pouvoir nous soutenir durant les deux confinements (mars 2020 et mars 2021), mais se demande si ces réserves pourront nous soutenir durant un troisième confinement.

Dans ce contexte, le président de la FCSOU devait aussi exprimer son inquiétude quant à l’ouverture de nos frontières avec l’Inde, qui est submergé par de nouvelles variants de covid-19 chaque jour qui passe. « Est-ce que cela n’est pas une invitation pour faire venir de nouveaux variants, qui se terminera par un autre confinement ? J’ai l’impression que le gouvernement a le champ libre pour prendre les décisions qu’il veut, car il n’y a pas de critiques ou de manifestations », s’insurge Narendranath Gopee.

Narendranath Gopee soutient que le dernier Budget nous avait coûté Rs 160 milliards. Mais cette fois-ci, le Budget a été coupé par 40 %, ce qui fait un total de Rs 64 milliards. Il indique que le gouvernement doit ainsi trouver environ Rs 100 milliards pour le Budget 2021-2022. « Je me demande où le ministre des Finances va trouver cet argent alors que la dernière fois, il avait pris de l’argent avec la Banque de Maurice », prévient-il. Selon lui, il n’est plus nécessaire pour le Pay Research Bureau (PRB) de présenter son rapport car le contexte national a changé. Il propose que le gouvernement vienne de l’avant avec un fonds permanent pour venir en aide aux familles dont les ‘breadwinners’ ont perdu leurs emplois, et de leur verser au moins la moitié de leur salaire. En même temps, il propose un programme de ‘re-skilling’.

Il demande au ministre des Finances de mettre un plafond sur les allocations ‘Duty Free’, au niveau des fonctionnaires qui touchent Rs 150 000, et ceux dont le salaire est au-dessus de cette somme ne pourront bénéficier que d’un système de ‘Graded Duty Free’. Narendranath Gopee dénonce le fait qu’on ne voit plus aucune bonne gouvernance dans le pays, après que le Directeur de l’Audit ait exprimé beaucoup de réserves sur la bonne gouvernance et les ‘financial practices’. Il maintient que tout doit être totalement revu.

En ce qui concerne les corps paraétatiques, il avance que selon le dernier rapport de l’Audit, seulement 40 % parmi ces derniers se sont expliqués sur leur performance et sur leurs pertes. Il estime que c’est un secteur où le gouvernement dépense de l’argent pour rien. Il déplore en outre que les corps paraétatiques à Maurice ont été politisés. Le président de la FCSOU demande la fermeture de tous les corps paraétatiques, et de rediriger leurs activités vers le ministère concerné.  Dans la même foulée, il propose de nationaliser Air Mauritius et de faire en sorte que cette compagnie vienne sous le secteur public. Le syndicaliste demande l’abrogation de l’Integrated Resort Scheme (IRS).