Contradictoire et néfaste pour le pays

Politique écologique et énergétique du gouvernement

Alors que le gouvernement affiche des objectifs ambitieux pour faire de Maurice une île propre et durable sur le plan écologique, de l’autre côté, il investit des centaines de millions de roupies dans des projets qualifiés par beaucoup d’inutiles, pour faire de Maurice un hub dans le stockage d’huile lourde, avec les risques que cela comporte, comme nous l’a démontré le naufrage du Wakashio.

« Élaborer un plan d’action pour réduire, dans le temps, notre dépendance sur les ‘fossil fuels’». Tels sont les termes cités dans le manifeste électoral du gouvernement MSM. Ajoute à cela, selon les propos du Premier ministre dans son discours durant le sommet du COP-26, qui s’était tenu en Écosse l’année dernière, les objectifs de Maurice étaient les suivants : « Reducing gas emissions by 40 % by 2030 and phasing out coal in electricity generation before 2030 ».

Mais selon un communiqué émis par le ‘Central Procurement Board’ (CPB) le 6 octobre 2022, un appel d’offre est en cours pour l’allocation d’un contrat à une entreprise du privé pour la construction de deux réservoirs d’huile lourde à St. Louis. Une situation contradictoire qui semble aller à l’encontre des objectifs affichés par le gouvernement mauricien.

Patrick Assirvaden rappelle que le gouvernement actuel avait pris l’engagement de converger vers l’énergie verte, avec l’objectif affiché que notre dépendance énergétique soit à 60 % d’énergie renouvelable d’ici 2030. Mais à ce qu’on voit, le gouvernement est en train de réinvestir dans l’huile lourde. Une situation que le député qualifie de « contradictoire ».  Il souligne dans ce contexte que le monde entier est en train de se tourner vers le vert, et que la position de Maurice sur le plan international est incongrue.

Le député rouge maintient que ces réservoirs d’huile lourde ne sont absolument pas nécessaires, car Fort George compte déjà trois réservoirs d’une capacité de 6 000 tonnes chacun, ce qui fait un total de 18 000 tonnes. « Investir Rs 200 millions de roupies dans un projet inutile, c’est très grave. C’est un gaspillage de fonds publics », dénonce Patrick Assirvaden.

« Si le gouvernement a dit qu’il dépendra moins sur les combustibles fossiles, il doit nécessairement  réduire la quantité d’huile lourde et de charbon utilisée. La construction de ces deux réservoirs signifie que le gouvernement n’a pas l’intention d’aller vers le vert. Pe embet dimoun ! », a lancé Patrick Assirvaden.

« Pe fer le peuple assiz lor ene volcan »

Sunil Dowarkasing, ancien stratège chez Greenpeace International, devait revenir sur les contradictions du gouvernement. Le Premier ministre, durant sa participation au sommet COP-26, avait même parlé de ‘climate emergency’ pour Maurice. Mais dix jours à peine, une fois rentré à Maurice, il avait présenté l’‘Offshore Petroleum Bill’ au Parlement. « Le gouvernement persiste et signe dans la mauvaise direction. Il y a une contradiction énorme entre les engagements pris par le gouvernement sur le plan environnemental et ses actions », fait-il ressortir.

Il avance que le présent gouvernement, à travers de son ministre de l’Énergie, a « l’obsession » de faire de Maurice une plaque tournante des ‘fossil fuels’. Il y ainsi eu le projet de ‘bunkering’ à Albion, où le gouvernement voulait stocker d’importantes quantités de ce qu’il appelle « dirty fuel » pour ravitailler les navires en fioul. Ensuite, il y a eu le projet ‘Mer Rouge Oil Storage’, où environ Rs 500 millions ont été dépensées pour augmenter le stockage d’huile lourde à Mer Rouge. Et maintenant, il y a ce projet pour la construction de deux réservoirs d’huile lourde à St. Louis, au coût de Rs 200 millions.

L’ancien consultant tire la sonnette d’alarme quant aux graves risques que cela comporte pour tout le pays, vu qu’il s’agit là de stockage d’importantes quantités de produits hautement inflammables et toxiques. « Pe fer le peuple assiz lor ene volcan. Pe grate ledo maler », avertit-il. Il dénonce aussi le fait qu’aucune évaluation des risques n’a été effectuée en ce qui concerne ces projets. Il tient aussi à faire ressortir que sur le plan financier, l’actuel projet de St. Louis, couplé au projet de Mer Rouge, coûteront au total Rs 700 millions. Ce qui fait quand même beaucoup d’argent pour nous mettre tous en danger…

Il prévient ainsi qu’une catastrophe peut survenir à tout moment, en se référant au douloureux  incident du Wakashio, où avec un simple déversement d’un millier de tonnes d’huile lourde dans nos mers, on n’avait jamais pu maîtriser la situation totalement. « Le Wakashio nous a démontré qu’on ne peut pas prendre des risques dans un domaine où on n’a pas les compétences et les techniques nécessaires pour faire face aux imprévus », souligne-t-il. Sunil Dowarkasing explique aussi que selon les flux des courants marins autour de Maurice, une simple fuite peut être néfaste pour toutes nos plages, avec un impact conséquent sur l’écosystème marin, les riverains et sur notre industrie du tourisme.

 « C’est un gouvernement dont la main droite ne sait pas ce que fait la main gauche », résume-t-il. « Dans tout ceci, c’est le peuple mauricien qui en sortira perdant. »