Coopération régionale et trafic de drogue : La FAZOI sur les traces des tonnes d’héroïne qui ont transité par les eaux mauriciennes

Le trafic de drogue fait toujours la une des journaux de l’océan Indien depuis des semaines. Surtout après la saisie record de 243  kilos d’héroïne et de 27 kilos de haschich, le dimanche 2 mai dernier à Pointe aux Canonniers. Mais depuis, plusieurs pays riverains se sont intéressés au trafic dans la région, impliquant plusieurs barons mauriciens, qui gèrent ce trafic, non seulement à Maurice, mais surtout dans l’axe Afrique du sud, Réunion et Madagascar. Ce n’est pas la première fois que les Forces armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZOI) travaillent sur ce dossier brûlant. Cette entité regroupant plusieurs pays, dont des militaires français, a marqué sa présence à Maurice en plusieurs occasions dans le passé, dans le cadre d’un accord régional, en vue de combattre le trafic de drogue dans la zone de l’océan Indien. Une unité basée à l’Ile de la Réunion a mené plusieurs raids sur des bateaux en saisissant des tonnes de cannabis. Plusieurs suspects venant de pays de l’Asie ont déjà été interceptés, condamnés puis rapatriés dans leurs pays respectifs

Mais depuis 2017, une source proche de cette entité soutient que les choses se sont dégénérées dans l’océan Indien. Surtout avec le passage suspect de yachts à grande puissance, rendant la tâche des forces de l’ordre compliquée pour intercepter les transporteurs de drogue. Selon les analyses de la FAZOI, des colis de drogue, destinés en particulier à deux pays de la région sont concernés. D’abord Maurice, connu dans la région comme étant le meilleur client, suivi de Madagascar, connu comme étant un revendeur et distributeur bien placé.

Les mouvements des yachts inquiètent

Depuis 2016, les équipes de patrouilles maritimes ou aériennes de la FAZOI ont rapporté plusieurs mouvements suspects dans l’océan Indien. Le mouvement des yachts est difficilement repérable par les radars de surveillance. Cette zone est décrite comme étant sensible, qui se situe entre l’île de la Réunion et Maurice, désormais considérée comme étant un endroit propice pour transférer de la drogue d’une embarcation à l’autre. Selon les experts, cette partie de la mer étant tout le temps houleuse, rendant les opérations difficiles, et si jamais les forces de l’ordre interviennent, les transporteurs de drogue peuvent rapidement prendre la fuite ou disposer de la drogue en mer.

Maurice une plaque tournante?

Une question qui reste sans réponses, et qui intrigue les autorités régionales et mauriciennes. Les drogues saisies à Maurice, sont-t-elles destinées au marché local? Ou Maurice est devenu une plateforme pour la redistribution?

Rien d’étonnant, explique une source proche de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU). Comment expliquer la présence de 95 kilos de cocaïne sur le sol mauricien, se demande notre interlocuteur. Il est catégorique. Maurice n’a pas la clientèle pour écouler une si grande quantité de drogue, surtout la cocaïne, considéré comme la drogue des riches. Présente lors des soirées privées, surtout dans des quartiers huppés, le gramme peut se vendre entre Rs 20,000 et Rs 30,000, alors que l’héroïne se vend à Rs 15,000 le gramme. 

La saisie de drogue dissimulée dans une tractopelle n’a pas connu de suite, et jusqu’ici, la brigade antidrogue n’a procédé à aucune arrestation. La FAZOI est d’avis que les eaux mauriciennes sont devenues un endroit facile pour le transbordement de la drogue. Cela après des analyses minutieuses, ou plusieurs yachts ont pu avoir accès et quitté les eaux mauriciennes, sans se faire intercepter par les forces de l’ordre. Un rapport sera prochainement envoyé à l’Etat mauricienne et à la National Coast Guard (NCG), une branche de force policière, qui fait partie d’une association de surveillance de la région.