Copieusement insulté par le chairman avant d’être transféré

Calvaire d’un employé du CEB

  • « Demain to gueté si mo pas fer toi vine ramper dans mo buro ! »  aurait lancé M. Naidoo à Kessoo Bholah

Il habite à Souillac et était affecté, jusqu’au janvier 2018, au CEB de Vacoas. Alors qu’il avait fait une requête, le mois dernier, pour qu’il soit transféré à Curepipe, afin d’être plus près de chez lui en raison des soucis de santé de sa mère, Kessoo Bholah a été parachuté, à son grand étonnement, à … Terre-Rouge ! Un transfert qu’il juge arbitraire, non pas parce qu’il aurait fauté dans son travail, comme on pourrait le croire, mais plutôt à cause de l’excès de zèle du chairman de la compagnie qui digère mal le fait que l’employé se serait présenté comme le cousin de Navin Ramgoolam…

L’affaire remonte en début d’année. Lors de la fête de fin d’année tenue par la compagnie, le chairman se serait approché de Kessoo Bholah avant de l’insulter. « Line dire moi ki soi-disant mone vine avec bouncers alors ki mo ti alle tousel », allègue cet employé qui compte huit années de service au CEB. Quelques jours plus tard, l’employé aurait envoyé un sms au chairman, Mootoosamy Naidoo, en se présentant comme le cousin de Navin Ramgoolam et en lui demandant s’il pouvait l’appeler pour lui demander un transfert, ayant déjà fait une requête officielle en ce sens. N’ayant pas obtenu de réponse, le ‘Senior Office Attendant’ décide de lui passer un coup de fil.

« Mone avoy li ène message avant mo call li et mone présente moi comme cousin Ramgoolam parski zotte tou kone moi par sa nom Ramgoolam lamem. Mais kan line prend mo l’appel, line commence zoure moi gros gros bêtises », soutient-il. Un échange téléphonique qui a d’ailleurs été enregistré et où on peut clairement entendre le chairman l’insulter copieusement tout en lui proférant des menaces. « Mové k… kan to cousin are Navin Ramgoolam, to croire to mari tou dimoune? Demain to gueté si mo pas fer toi vine ramper dan mo buro! » aurait-il lancé à Kessoo Bholah.

Transfert arbitraire

Le lendemain, Kessoo Bholah aurait effectivement été convoqué au bureau du chairman en présence de l’Acting General Manager et du Human Resource Manager. « Line insulté moi et line menace moi encore ène fois », raconte-t-il. La mauvaise surprise est toutefois venue une semaine plus tard, soit le 10 janvier 2018. Au lieu d’être transféré à Curepipe comme il l’avait souhaité, il a été muté à Terre-Rouge. « I am writing to inform you that you will be transferred on administrative grounds … », évoque la lettre signée par K. Gopeechund. Un transfert que l’employé juge arbitraire étant donné qu’il soit intervenu exactement une semaine après les menaces proférées par le chairman. D’autant que dans une circulaire en date du 4 septembre 2017 et signée par l’Acting General Manager, M.S. Mukoon, mention y est faite quant à « the need to avoid any demotivation effect of posting particularly very far from residence when alternative posting nearer to home is available ». En le transférant de Vacoas à Terre-Rouge alors qu’il habite à Souillac, le CEB aurait ainsi enfreint ses propres règlements. Les motivations politiques ont-elles pris le dessus sur la bonne gouvernance ?

 

Mootoosamy Naidoo, chairman du CEB:

“Pas de commentaires”

Interrogé, le chairman du CEB, Mootoosamy Naidoo, dit ne pas être au courant de ce transfert. Quant aux insultes proférées à l’encontre de Kessoo Bholah, il n’a pas voulu faire de commentaires. « Je ne ferai aucun commentaire à ce stade car je ne sais pas ce que contient cet enregistrement », nous a-t-il répondu.

Gopeechund, Human Resource Manager:

« C’est une internal policy »

Le HR Manager, Kissor Gopeechund, récuse toute allégation de transfert arbitraire. « C’est une internal policy et les exercices de transferts sont courants », nous a-t-il expliqué. Quelle est donc la pertinence de la circulaire émise en septembre de l’année dernière à l’effet que les affectations lointaines doivent être évitées ? À cette question, le HR Manager a répliqué « Nou avoye zotte kot éna travay ».