Covid-19 dans les établissements scolaires : « Les enfants payent les pots cassés »

Les cas positifs de covid-19 ne cessent d’augmenter de jour en jour dans tout le pays. Ici et là, des écoles ferment leurs portes après qu’un cas positif de covid-19 a été décelé. Mais doit-on temporairement fermer tous les établissements scolaires jusqu’à ce que la situation soit sous contrôle ? Le point avec Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’Éducation, et avec des enseignants.


Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’Éducation, estime qu’il n’y a pas eu de travail concerté et valable de la part du gouvernement, et cela depuis le début de la deuxième vague de covid-19 à travers l’ile. Selon lui, les décisions doivent être prises après mures discussions autour d’une table, pour une meilleure gestion de la situation. Pour lui, ce sont les enfants qui sont en train de « payer les pots cassés » de cette incohérence.


Il suggère même un ‘lockdown’ total de deux semaines, sur tout le territoire mauricien, pour avoir le contrôle de la situation. « Nous sommes chanceux pour l’heure de ne pas avoir des variant mortels comme dans d’autres pays », soutient Vasant Bunwaree.


Il a aussi fait ressortir que la ministre de l’Éducation doit venir rassurer la population et prendre les décisions qu’il faut. Selon lui, les mesures protocolaires ne sont guère efficaces, et le ministère de l’Éducation et celui de la Santé doivent revoir les protocoles établis et implémenter les stratégies nécessaires pour mieux gérer la situation qui prévaut en ce moment.


Faut-il fermer tous les établissements scolaires ? Ce n’est pas nécessairement cela qu’il faut considérer, nous répond Vasant Bunwaree. Selon lui, il vaut mieux trouver une stratégie et des solutions concrètes pour pouvoir mieux gérer la situation.


Le silence du ministère qualifié d’inadmissible
Avec l’augmentation des cas positifs de covid-19, l’inquiétude grandit chez de nombreux enseignants à travers différents collèges. Mutha Pillay, enseignant au Modern College, nous lance que la situation est difficile et que le nombre de cas de covid-19 devient incontrôlable. Pour lui, c’est « inadmissible » que rien n’a été fait au niveau du ministère de l’Éducation. Il demande que la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun Luchoomun trouve une solution concrète au plus vite pour épargner les élèves de la pandémie.
Peut-on appliquer efficacement le protocole sanitaire dans les écoles ? « Le fait que les élèves voyagent ensemble dans l’autobus rend nulle toute distanciation sociale qui est appliquée dans l’enceinte des écoles », maintient l’enseignant. « Quelles que soient les précautions que nous prenons, il y aura forcément un échec quelque part, vu le grand nombre d’étudiants », met-il en garde.


De plus, les protocoles sanitaires ne sont pas bien établis. Par exemple, si un membre du personnel travaille avec un élève infecté, il subira un test PCR, tandis que d’autres enseignants qui n’ont pas travaillé avec cet élève ne le feront pas. Or, tous les enseignants se côtoient. Il y a ainsi des failles dans ce genre de dispositif.


Les classes en ligne sont-elles une solution ? Selon Mutha Pillay, les classes en ligne sont fiables et peuvent effectivement constituer une solution, du moins provisoirement. De toutes les façons, maintient-il, la performance académique des élèves a été affectée avec tous les chamboulements que la pandémie a provoqués. Selon l’enseignant, ce sont les élèves de Grade 12 qui sont principalement infectés. Ne devraient-ils pas rester à la maison jusqu’à ce que les résultats soient proclamés ? se demande-t-il.
Yogesh, un enseignant dans un collège d’état, nous explique que la situation est difficile mais que le personnel et les élèves devront se plier aux décisions du gouvernement. « Néanmoins, avec les cas de covid-19 qui augmentent, nous avons peur car nous savons déjà l’impact de la covid-19 sur la santé d’un individu », nous dit-il bien que les protocoles sanitaires sont pleinement appliqués au niveau de l’établissement pour empêcher toute propagation. Selon lui, certains parents sont aussi quelque part fautifs, quand ils se sont opposés à l’idée de faire vacciner leurs enfants.
Du côté des parents, ils sont nombreux qui préfèrent ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Un parent nous indique que de toute façon, avec tous les décalages qui ont survenu, les enseignants ne pourront pas couvrir une grande partie du cursus scolaire. Il nous explique aussi qu’il ne veut pas soumettre son enfant au stress d’apprendre dans de telles conditions, stress qui s’accentue quand l’élève sait qu’il court le risque d’être potentiellement infecté par la Covid-19.