Covid-19 : « Le variant Delta atteindra le peak en décembre », prévient le Dr Shameem Jaumdally

Sur un échantillon de 23 tests de la Covid-19 séquencés au sein de la communauté, outre les six séquencés parmi les voyageurs, 16 se sont avérés être du variant Delta. Une progression fulgurante en l’espace d’un mois. « Une simple analyse des chiffres fournis par le ministre de la Santé indique que dans l’intervalle d’un mois, le Delta a touché presque 69% de la population infectée. Ce qui est extrêmement inquiétant », décortique le Dr Shameem Jaumdally. Le virologue basé en Afrique du sud prévoit que ce taux atteindra les 90 à 95% lors des résultats du prochain séquençage prévu dans une quinzaine de jours. Le ‘peak’, dit-il, sera atteint d’ici décembre, alors que le pays sera en pleine période festive, alors que la présente vague prendra fin d’ici février de l’année prochaine.

Ce n’est pas le moment de baisser la vigilance, maintient le Dr Shameem Jaumdally, en insistant sur la virulence et du degré élevé de contagiosité de ce variant. Il s’emporte et dénonce le manque de réactivité du gouvernement. « Je ne comprends toujours pas pourquoi les autorités n’imposent pas un couvre-feu », déplore notre interlocuteur. D’autant que le pays a enregistré 18 morts liés directement à la Covid-19 rien qu’en une semaine, sans compter les autres attribués officiellement aux comorbidités. « Comme je l’avais prédit, des personnes plus jeunes et n’ayant pas de comorbidités figurent désormais parmi les victimes du virus », poursuit-il. Il y a même un plus grand nombre de morts parmi les vaccinés comparé aux pays étrangers. Ce que le virologue met sur le compte de l’inefficacité de certains vaccins utilisés à Maurice ainsi qu’une baisse d’efficacité des vaccins après un certain temps.

Dans un tel contexte, insiste le Dr Jaumdally, il est primordial pour que le gouvernement fasse un dépistage massif et efficace pour une meilleure prise en charge des personnes contaminées. Il dit, dans la même foulée, ne pas comprendre pourquoi le gouvernement s’obstine à mal gérer ses ressources, notamment en ce qu’il s’agit de ses capacités à faire des tests PCR. « Les voyageurs rentrant au pays sont appelés à faire un test PCR à leur arrivée alors qu’ils en ont déjà fait 72 heures avant. La possibilité qu’une personne soit positive après ce laps de temps est très minime. Il vaut mieux, dans un tel cas, utiliser un test antigène pour une meilleure utilisation des ressources. Il faut, par contre, effectuer des tests PCR au lieu des tests antigènes lorsqu’il s’agit des cas dans la communauté parce que le test PCR permet un diagnostic plus précis et fiable », explique-t-il. Et de lancer : « C’est l’inverse ki zot pe fer. Zot fer tou enbalao ! »

Les autorités, insiste le Dr Jaumdally, doivent revoir leur protocole. D’autant que, selon lui, après la première vague, une autre fera possiblement surface vers mai 2022. « Une vague se termine lorsqu’il a contaminé autant de personnes que possible. Une fois qu’une personne a été infectée, elle ne pourra pas attraper une autre infection pendant trois mois. Donc, dans l’éventualité que la présente vague se termine en janvier ou février de l’année prochaine, la prochaine vague, surtout en cas de l’émergence de nouveaux variants, interviendra alors vers mai 2022 », prévoit-il.

18 morts en une semaine

Le nombre de décès dû à la covid-19 pour la semaine écoulée s’élève à 18, selon le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, lors du point de presse du ‘National Communication Committee’ ce vendredi 22 octobre 2021.

Toujours selon ce dernier, parmi ces 18 personnes décédées, 12 étaient âgées de plus de 60 ans. 14 n’avaient pas été vaccinées. 16 présentaient des comorbidités, tandis que pour les 2 autres, qui n’avaient aucune comorbidité, c’est bien le coronavirus qui est responsable de leurs morts.

Le ministre devait aussi ajouter que le nombre de décès depuis le 19 mars dernier s’élève à 137. Sur les 29 échantillons prélevés du 28 septembre au 13 octobre, le variant Delta a été détecté dans 20 de ces échantillons. Parmi, 4 sont des cas importés et les 16 autres sont des cas locaux. Il y a aussi 2 cas importés du variant B11318.

Par ailleurs, 31 patients sont admis à l’hôpital ENT après avoir été testés positifs à la covid-19, et six d’entre eux ont été placés sous respiration artificielle. Tous ces patients avaient été complètement vaccinés.

À noter que depuis le 1er octobre, 110 patients ont été admis à l’hôpital ENT, et 83 de ces derniers sont déjà rentrés chez eux après avoir reçu des soins.