Craignant pour leur vie, les Mungur fuient leur propre maison

  • « Nou pou fini zot, nou pas pou kitt zot »

Bois-Rouge, petit village du Nord à proximité de Pamplemousse, à première vue paisible. Mais il y a quelques jours, une famille a été victime d’une rixe de voisinage qui a fait deux blessés graves, nommément une mère et son fils de 23 ans. Nous nous sommes rendus chez les Mungur à Bois-Rouge afin de rencontrer Mantee et Ashwin qui nous ont raconté avec émotion ce qui s’est passé ce 28 mai 2016, jour où ils ont failli y laisser la vie.

C’est vers 16 heures, mardi après-midi, que nous avons rencontré Mantee et Ashwin à leur domicile qui se trouve au bout d’une ruelle étroite et non asphaltée.  Misina, la cadette de la famille, vient alors à notre rencontre et nous conduit dans une pièce qui devait être le salon. Une forte odeur de peinture irrite les narines. Vêtu d’un short et d’un débardeur bleu marine, Ashwin fait irruption dans la pièce ; il marche avec peine et s’installe dans un fauteuil crème.  Il porte un énorme plâtre au bras. Quelques minutes plus tard, Mantee arrive à son tour, soutenue par son benjamin et sa cadette.

« Pas batt mo mama… »

Le récit commence. C’est Ashwin qui prend les devants. « Le 28 mai asoir vers 20heures mo sorti Pamplemousses mo pé vine lakaze. Quand mone rentre dans chemin cot moi mone trouve beaucoup dimounes cot mo voisin, mo pas ti conner ki zot pe préparer. Mo pé rouler lor motocyclette et ène tifi ladans, li mo voisine, li arrête moi li dire moi, ki to problem ? » Ashwin fait une pause et reprend son souffle : « Mo pane repone li, mo continier vini mem. Mais mone trouve éna dibois ek feraille dans zot la main. » Le jeune homme de 23 ans, raconte ainsi comment il est rentré après avoir quitté sa moto dans la cour. « Ene ti moment après, mo tane ene missier crié banelà pe batt to mama ! »  Ashwin concède qu’il est sorti rapidement de la maison sans se douter de ce qu’il allait voir à l’extérieur.  « Zot ti pe batt mo mama cout dibois. Mone dire zot pas faire sa li ene vié dimoune, mais zot ine continier et zot ine batt moi. »

Des motos sources de discorde

Nous essayons de comprendre pourquoi les voisins des Mungur les ont agressés. C’est en répondant à une de nos questions qu’Ashwin finira par avouer que les conflits entre les deux familles ne datent pas d’hier. « Depuis 2-3 ans nou gagne bane ti discussion ek zot, mais zamais nous ti pou dire ki sa pou fini coumsa. Mo encore sous le choc. » Plongé dans son explication, Ashwin cache difficilement ses grimaces, en raison des douleurs dont il souffre. On finira par comprendre que les motos des deux frères Mungur seraient une source de conflit interminable entre ces deux familles.

C’est alors que Mantee commence à raconter sa version des faits. « Depuis ine acheter sa banne motocyclettes là problème. Zot pas capave trouve mo bane zenfants. Nous tranquil dans nou coin, nou pas content agace personne. » Visiblement encore sous le choc, Mantee nous montre ses blessures. Cette femme, qui a perdu son époux il y a tout juste un an, a passé une vingtaine de jours à l’hôpital où son état de santé inspirait de vives inquiétudes.

Mais les soucis de Mantee et de sa petite famille ne s’arrêtent pas la.  Au bord des larmes, la femme proche de la cinquantaine nous révèle que pour des questions de sécurité et afin de protéger sa petite famille, ils doivent quitter leur propre maison et aller se refugier chez une cousine. « Nou lakaze, nou terrain nou pe bizin kitt tout aller. Pé bizin kitt tout alle ress cot dimoune sinon zot pou touye nous », Mantee révèle qu’il y a quelques jours une vingtaine de personnes avaient fait irruption dans sa cour pour menacer son fils.

En quittant cette petite famille, la peur est visible sur le visage de chaque membre. A peine que nous sommes sortis qu’ils ont tiré les rideaux rapidement.
Mantee relâchée sur caution

Cette affirmation de la femme nous choque. «Mone bizin paye caution Rs5600 pou mo sorti », elle avance aussi qu’elle doit se rendre au poste de police de sa localité le 25 de chaque mois pour signer et si elle oublie de le faire, elle sera une nouvelle fois remise en cellule.  Elle est accusée d’Assault with premiditation. Mantee Mungur devra se présenter en cour en novembre prochain.