Crash programmé

EDITO

Par Zahirah RADHA

Les ‘zenfants la cuisine’ Somas Appavou et Mike Seetaramadoo n’ont, semble-t-il, jamais entendu parler des 7 P’s : Proper Prior Planning Piss Poor Performance. De par leur incompétence et leur mauvaise gestion, ils ont entraîné Air Mauritius dans une crise inutile qui aurait pu être évitée si le bon sens avait prévalu. Ils ont été incapables de gérer les turbulences secouant la compagnie nationale d’aviation depuis quelque temps déjà. Ce qui a finalement résulté, le 5 octobre dernier, en une forte tempête industrielle ayant forcé Air Mauritius d’être ‘grounded’. Bien que les perturbations se soient calmées ces derniers jours, le ciel est loin d’être éclairci. Comme le prouve l’annulation d’un autre vol en partance pour Mumbai jeudi soir, faute de disponibilité de pilote. En bon commandant, le tandem Appavou-Seetaramadoo aurait dû mettre de côté sa politique revancharde et entamer des négociations constructives afin de trouver cette « solution pérenne » qu’il prétend voir concrétiser. Mais au lieu d’œuvrer en ce sens, les deux sous-fifres de la « cuisine » n’ont fait que multiplier les gaffes, poussant ainsi les relations industrielles déjà tendues entre la direction et les pilotes de MK à prendre une ‘nosedive’ spectaculaire.     

La première bourde commise par le CEO et l’Executive Vice President Cargo & Commercial a été de licencier les trois pilotes sans leur donner la chance de s’expliquer devant un comité disciplinaire. Et de tenter de déporter le belge Patrick Hoffman de façon arbitraire et illégale. C’est d’autant plus condamnable que le Bureau du Premier ministre s’est aussi prêté à ce jeu malsain défiant la logique et la légalité. Heureusement que la cour s’est érigée en rempart contre cette injustice. Cependant, la direction d’Air Mauritius n’a toujours pas appris de ses erreurs grossières et irréfléchies. Les actes d’intimidations à l’égard des jeunes pilotes mauriciens se poursuivent de plus belle. Contraints de se tourner vers la compagnie nationale d’aviation pour trouver un emploi après de longues années d’études, les jeunes pilotes n’ont d’autre choix que d’accepter les conditions inférieures qui leur sont imposées par la direction d’Air Mauritius. Des débuts de carrière qui démarrent déjà sur une fausse note. Comment alors ne pas comprendre leur colère et leur déception ? Le moteur est le cœur d’un avion, mais le pilote est son âme. Cette citation de Walter Alexandre Raleigh résume toute la responsabilité qui repose sur les épaules d’un pilote. Mais chez nous, on les traite d’opportunistes en faisant croire qu’ils perçoivent des salaires mirobolants tandis qu’ils n’osent même plus prendre un congé de maladie !

La mesquinerie de la direction d’Air Mauritius n’a vraiment pas de limite. Vous voulez un autre exemple ? Pourquoi le board a-t-il choisi de maintenir le vol en partance pour l’Europe et annuler celui vers Chennai le 6 octobre dernier tout en sachant qu’un patient devant se faire opérer dans cette ville indienne y avait réservé une place ? Était-ce pour faire croire que les pilotes sont antipathiques et antipatriotiques ? Et comment expliquer ce calcul exagéré chiffrant les pertes encourues par MK à Rs 242 millions tandis qu’un simple calcul nous pousse à déduire que les dommages ne peuvent s’élever au-delà de Rs 50 millions ? La nomination d’un comité de sages, sur lequel Dominique Paturau s’est retrouvé sans en avoir été informé au préalable et qui l’a fait sortir de ses gonds, ne fait que mettre en perspective l’amateurisme d’Appavou et de Seetaramadoo. Comme le diraient ceux qui sont dans le domaine, « there are no new ways to crash airplanes »…