Dans le sillage de la covid-19 : Les syndicalistes dénoncent les licenciements « illégaux » et sous contrainte

Dans le sillage de la pandémie du covid-19 à Maurice, les fermetures des compagnies, les licenciements, les salaires payés à moitié, et autres résiliations de contrat du travail, sont déjà d’actualité. Or, un problème qui surgit concerne les lettres que des employeurs peu scrupuleux font signer à leurs employés, à l’effet que ce seraient ces derniers eux-mêmes qui soumettraient volontairement leur démission, cela avec la complicité de certains hommes de loi.

Nous sommes allés faire un tour mercredi dernier à Victoria House à Port-Louis (le siège de l’Inspectorat du ministère du Travail et du ‘Redundancy Board’). Dans une détresse humaine palpable, plusieurs employés essayaient de revendiquer leurs droits alors qu’ils ont été contraints à la démission.

Environ 87 employés de la compagnie Terre Océan battaient le pavé, alors qu’ils sont menacés de licenciement. Accompagnés de leurs représentants syndicaux de l’Hotel and Restaurant Employees Union (HREU) et de la General Workers Federation (GWF), ils tenaient à dénoncer les injustices qu’ils subissent de la part de leurs employeurs. Parmi eux, il y a des travailleurs qui comptent au moins une quinzaine d’années d’expérience au sein de la compagnie.

Ashok Subron, de Rezistans ek Alternativ, présent sur le lieu, nous fait comprendre qu’il faut attirer l’attention sur les lettres « illégales » que des employés sont contraints de signer, avec la complicité des avocats ou des avoués. Ces lettres ont pour but de résilier les contrats de service, ou pour faire en sorte à ce que les travailleurs acceptent des compensations inférieures prévues par la loi. « On a demandé que la ‘Law Society’ et le ‘Bar Council’ ouvrent une enquête à ce sujet », explique Ashok Subron.

Un employé de cette compagnie nous indique qu’il est en train de revendiquer ses droits sous la loi du travail. « On veut juste que la compagnie nous aide. Nous avons notre famille, et des enfants, à nourrir. Nous avons aussi contracté plusieurs emprunts », nous dit-il, le visage angoissé. Selon lui, dans la lettre que la compagnie lui a envoyée, il est fait mention qu’il y aura une cessation de son emploi à partir du 1er juillet.

Le secrétaire-général du HREU, Keswar Gujudhur, également présent, affiche son soutien à ces travailleurs, qui veulent sauvegarder leurs emplois, leurs salaires, et leurs conditions de travail.

« Les employeurs leur envoient une lettre dans le sillage de la covid-19, qu’ils sont contraints de signer. On leur dit qu’il n’y aura pas de travail, et que la compagnie fermera ses portes, alors que tel n’est pas le cas », dénonce-t-il. Pour lui, il est inacceptable que des employeurs intimident leurs employés en leur faisant croire qu’ils agissent selon les dispositions de la loi.

Il fait ressortir que sur une centaine d’employés de Pearl Beach, qui eux aussi étaient présents, on était en train de cibler plusieurs employés qui comptaient plusieurs années de service.

Toutefois, l’affaire qui se trouve devant le ‘Redundancy Board’, a été renvoyée pour la semaine prochaine. Ashok Subron nous indique que plusieurs entreprises bien connues font l’objet d’une procédure devant le ‘Redundancy Board’.

Pour sa part, Atma Shanto de la Federation des travailleurs unis (FTU) explique qu’il a envoyé une pétition au chef du gouvernement, Pravind Jugnauth, sur le licenciement de deux delegues syndicaux de Scott Health Ltd après leur passage devant un comité disciplinaire.

Jeudi matin, les employés d’Akriti Jewel Crafts Mauritius Ltd, soutenus par la FTU, ont protesté eux aussi devant Victoria House. La raison de cette protestation, selon Atma Shanto, est que les employés recevaient leur salaire en retard, et cela depuis décembre. « Ce qui est un problème majeur pour ces personnes qui essaient de joindre les deux bouts », dénonce-t-il.

Il insiste sur le fait que le ministère est au courant de cette situation, mais que, malheureusement, la situation reste inchangée. Il fait ressortir que  selon les dispositions  de la loi, il est explicite que les travailleurs doivent absolument recevoir leur salaire à la fin du mois.

Nous abordons un autre groupe d’employés d’un sous-contractant de DHL. Ils nous expliquent que ce sous-contractant a licencié environ une dizaine d’employés. L’un parmi, Wassil, a travaillé au sein de cette compagnie, à l’aéroport SSR, depuis bientôt trois ans. Il dit avoir lui aussi reçu une lettre de cet employeur, mais il compte déposer plainte à l’Inspectorat du Travail. Là-bas, des préposés demandent à cet habitant de L’Escalier de revenir la semaine prochaine.