[Décès de onze patients dialysés] Négligence criminelle confirmée

  • « Dialysis time was shortened from around three (3) to four (4) hours to aound one and a half (1.5) hours and no proper explanations were given to patients. Those tested positive to Covid-19 were admitted in the isolation ward at NSH and they complained of poor sanitation, lack of medical care, shortage of medical personnel and poor quality of food and service »
  • « Il y avait une mauvaise coordination entre toutes les parties impliquées dans le traitement de ces patients »

Promesse tenue par le gouvernement de l’Alliance du Changement. Les rapports du Fact Finding Committee et du Medical Negligence Standing Committee sur la mort des onze patients dialysés ont été déposés à l’Assemblée nationale, vendredi, à la suite d’une question du député Farhad Aumeer. Et ces rapports, que l’ancien régime de Pravind Jugnauth, et en particulier le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal, avait systématiquement refusé de déposer en dépit des appels pressants en ce sens, confirment qu’il y a bien eu ‘gross negligence’ dans le traitement des cas des onze victimes. Dans la plupart des cas d’ailleurs, incluant celui de Habib Unjore, les conclusions donnent froid dans le dos : « Mr Unjore was found Covid positive on 02 April 2021, most likely owing to contamination whilst being transported to Tamassa Hotel, when both positive and negative patients and staff were mixed together in the packed busus without proper sanitary precautions ».

En d’autres mots, Habib Unjore et d’autres patients dialysés avaient contracté le virus de la Covid-19 par la faute du précédent gouvernement. Celui-ci, rappelons-le, ne jurait que par le port du masque et la distanciation sociale. Or, il a péché en ne respectant lui-même pas les précautions de base, surtout lorsqu’il s’agissait de patients souffrant de comorbidités. D’ailleurs, lors des investigations menées par le Fact Finding Commitee, plusieurs griefs importants ont été exprimés par les familles et proches des patients concernant les événements du 26 mars 2021. Ces plaintes mettent en lumière les difficultés rencontrées face à une organisation jugée longue et éprouvante.

Frustration, inquiétude, et l’idée de devoir quitter brusquement leur domicile a été source d’un stress considérable pour de nombreux patients. Cette anxiété a été exacerbée par l’annonce qu’aucun proche ne pourrait les accompagner. De plus, lors de leur transfert vers l’hôtel Tamassa, les conditions de distanciation sociale n’étaient pas respectées. Puisqu’aucun test PCR n’a été effectué au préalable, il était impossible de déterminer qui était positif ou négatif à la Covid-19. Les risques de contamination étaient donc bien réels. Et ces craintes se sont malheureusement confirmées les jours suivants. De nombreux patients ont été testés positifs dès le lendemain, soit le 27 mars 2021, et d’autres ont été testés positifs le 2 avril 2021.

40 sur 89 patients dialysés testés positifs

Sur un total de 89 patients dialysés, 40 ont été testés positifs à la Covid-19. Ce taux élevé d’infections illustre l’impact des lacunes dans l’organisation et la gestion des mesures sanitaires pendant le transfert de ces patients. Pire, les patients dialysés ont été privés de nourritures, de médicaments et de ventilation adéquate durant de longues heures, aggravant ainsi leur état de santé. L’arrivée des patients à l’hôtel Tamassa a également été marquée par une organisation chaotique et un manque de considération pour leurs besoins spécifiques. Ce n’est qu’à 1h30 du matin, le jour suivant, que les patients ont finalement reçu une chambre, après une journée longue et éprouvante.

Une fois installés, les conditions ne se sont pas améliorées. Aucune alimentation adaptée aux besoins des patients ne leur a été fournie. De nombreux patients ont dû passer la nuit le ventre vide, tandis que d’autres ont reçu un plat de briani, un repas inapproprié pour les personnes sous dialyse. Cette situation a exacerbé le stress et les souffrances physiques des patients, révélant un manque flagrant de préparation et d’empathie envers ces patients vulnérables.

Outre des inconvénients tels que le manque de communication avec leurs proches et le personnel soignant, les repas inappropriés et le manque d’aide pour ceux qui souffrent de problèmes de vue ou de mobilité ou encore de complications cardiaques et autres, les visites médicales étaient rares durant les premiers jours. « Two patients died in quarantine at Tamassa Hotel. Both were found dead in their rooms during morning rounds by the medical staff. Relatives wanted to know whether there were medical rounds at night. Dialysis time was shortened from around three (3) to four (4) hours to aound one and a half (1.5) hours and no proper explanations were given to patients. Those tested positive to Covid-19 were admitted in the isolation ward at NSH and they complained of poor sanitation, lack of medical care, shortage of medical personnel and poor quality of food and service », souligne le rapport du FFC.

Mauvaise coordination

Le rapport du FCC déplore un manque de coordination entre toutes les parties impliquées dans le traitement de ces patients. De plus, les conditions dans le service d’isolement du New Souillac Hospital (NSH) ont révélé de nombreux problèmes, notamment pour l’accès aux médicaments prescrits. La pharmacie de l’établissement étant fermée, tous les médicaments nécessaires devaient être acheminés depuis l’hôpital Jawaharlall Nehru, ce qui entraînait des retards et des complications.

La décision de transformer le NSH en unité d’isolement et de dialyse a également posé des défis logistiques et organisationnels majeurs. Une grande partie du personnel infirmier initial ayant été testée positive à la Covid-19, une nouvelle équipe a dû être trouvée. Cependant, ces nouveaux membres n’étaient ni formés aux routines spécifiques de l’unité de dialyse ni familiarisés avec les problèmes particuliers des patients, notamment en ce qui concerne l’accès vasculaire crucial pour leur traitement.

Une confusion notable a également été observée dans la gestion des admissions des patients dialysés atteints de la Covid-19. Dans un premier temps, ces patients étaient dirigés vers le New ENT Hospital. Cependant, cet hôpital ne disposant pas des installations nécessaires pour la dialyse, ils devaient être renvoyés au NSH pour recevoir les soins adéquats. Ces inefficacités ont entraîné une grande détresse parmi les patients et leur entourage, mettant en lumière une mauvaise planification et gestion dans le traitement des patients.

Jugnauth-Jagutpal-Jommaye sur le banc des accusés

Alors que l’ancien gouvernement se targuait d’avoir bien géré la Covid-19, en dépit des critiques venant de toutes parts, il est maintenant prouvé qu’il y a eu négligence criminelle en ce qu’il s’agit de la mort des onze patients dialysés. Les premiers accusés sont, bien entendu, le Premier ministre Pravind Jugnauth, son ministre de la Santé Kailesh Jagutpal, et son conseiller Zouberr Joomaye, entre autres. Rappelons qu’ils faisaient tous partie du High-Level Committee sur la Covid-19. Ils ont délibérément choisi de ne pas rendre le rapport du FFC public, sachant qu’ils sont eux-mêmes les premiers coupables. La raison qui se pose maintenant : est-ce qu’ils seraient sanctionnés ? Devront-ils répondre de leurs manquements ? Le gouvernement est catégorique : ceux qui ont fauté auront des comptes à rendre. Attendons voir.