Décès de Rashid Khodaboccus à l’ENT : « Li pane gayn traitement dan lopital ! »

Rashid Khodaboccus, un chauffeur de taxi de 68 ans habitant Vacoas, a-t-il été victime d’une négligence médicale à l’hôpital ENT où il est mort ce mardi 31 août ? Alors qu’il avait été testé positif à la covid-19, on a attribué sa mort à une infection pulmonaire. La famille Khodaboccus monte au créneau pour dénoncer le traitement qu’a subi le chef de famille, et le flou qui entoure sa mort.

Le lundi 23 août, Rashid Khodaboccus s’était rendu dans une clinique privée car il ne se sentait pas bien. La clinique lui avait alors ordonné de se rendre à l’hôpital pour qu’il subisse un examen aux rayons X d’urgence. À l’hôpital Victoria, inexplicablement, on ne lui avait soumis aux rayons X, mais on l’avait soumis à un test PCR. Testé positif à la covid-19, on l’avait néanmoins autorisé à rentrer chez lui, ce qui apparemment est contraire au protocole sanitaire qui veut qu’un patient soit mis en isolement dès qu’il a été testé positif au coronavirus.  

En rentrant chez lui, les enfants de Rashid lui avaient demandé de s’isoler dans sa chambre. Entretemps, sa belle-fille Suhaira a pris contact avec le personnel de l’hôpital Victoria pour leur demander pourquoi on a autorisé son beau-père de rentrer chez lui alors qu’il a été testé positif.

Ce n’est que le mercredi 25 août, soit deux jours plus tard, qu’une ambulance s’est pointée chez la famille Khodaboccus à Vacoas pour récupérer le patient. On l’avait conduit dans un centre de quarantaine, un hôtel, à Balaclava.

Mais c’est un calvaire qui va débuter pour le vieil homme à l’hôtel. Le même jour, Rashid Khodaboccus avait appelé sa belle-fille pour lui raconter son traitement dans ce centre de quarantaine. Il avait ainsi dit à sa famille qu’il recevait de la nourriture froide et de mauvaise qualité, et que les heures des repas étaient erratiques. Rashid disait que c’était difficile pour lui de rester dans ces conditions,  et qu’il voulait regagner son domicile au plus vite.

Le samedi le 28 août, les membres de sa famille se sont rendus au centre de quarantaine pour laisser quelques affaires personnelles et quelques denrées à Rashid, notamment ses vêtements, des biscuits et de l’eau minérale, entre autres. Selon Suhaira, on n’aurait jamais remis ces choses au patient, selon ce qu’il leur avait dit.

Toujours selon la famille Khodaboccus, le sexagénaire serait tombé malade au centre de quarantaine mais il n’y avait pas de médecin pour s’occuper de lui. Suhaira se demande comment se fait-il qu’il n’y a pas de médecin dans les centres de quarantaine pour s’occuper des patients qui tombent malade ?  Ce n’est que vers 15 h qu’un médecin est finalement venu.

Le lundi matin (30 août), le centre de quarantaine devait informer Suhaira que l’état de santé de Rashid s’est détérioré et il faillait l’admettre d’urgence à l’hôpital ENT. Mais en arrivant à l’hôpital ENT, il n’y avait pas de lit pour le patient qui a dû patienter en s’asseyant sur une chaise à l’entrée de la salle où il devait être admis.

Selon sa belle-fille, le sexagénaire avait pris son repas vers 10 h du matin, dans le centre de quarantaine, et c’est vers 16 h qu’il avait été transféré à l’ENT. Pendant tout ce temps, il n’avait rien eu à manger. Vers 20 h, Rashid Khodaboccus n’avait toujours rien eu à se mettre sous la dent. « Comment se fait-il qu’un patient soit admis à l’hôpital et qu’il ne reçoit rien à manger ? Comment se fait-il que le personnel ne sait pas si le patient a pris un repas ou pas ? », fustige Suhaira.

Le même jour, Rashid avait informé les membres de sa famille qu’il avait des problèmes respiratoires aigus, mais il n’avait pas été mis sous respirateur ou reçu d’autres soins intensifs. Il disait aussi qu’il n’y avait aucun médecin pour le voir. En proie à une vive angoisse, Suhaira devait tenter d’entrer en contact avec la réception de l’hôpital ENT, mais personne n’était présent pour répondre à l’appel.

Le lendemain, mardi 31 août, la famille devait apprendre la triste nouvelle. Rashid avait rendu l’âme. « Si nou ti koner, nou pa ti pou laisse li alle lopital ! », dénonce Suhaira Khodaboccus.

Rashid Khodaboccus a-t-il reçu les soins appropriés ?

Sur le ‘Certificate of the Cause of Death’, il est fait mention que la cause principale du décès est un ‘cardiopulmonay arrest’, tandis que l’infection de covid-19 est mentionnée comme cause secondaire.

Selon sa famille, le sexagénaire était une personne en bonne santé, ne souffrait d’aucune maladie et ne suivait aucun traitement. À noter aussi que Rashid Khodaboccus avait déjà eu deux doses du vaccin Covaxin.

Il y a toutefois un flou concernant l’heure du décès. Trois médecins ont donné à la famille trois heures différentes. Selon les dires de Suhaira, le premier médecin avait dit que son décès avait eu lieu dans la soirée, un autre leur a dit qu’il est décédé à 4 h du matin tandis le dernier a dit qu’il était mort à 5 h 15 du matin. Le ‘Certificate of the Cause of Death’mentionne que le décès est survenu à 4 h 55 du matin.

Les affaires personnelles de Rashid Khodaboccus à l’hôpital ENT ont été récupérées par son fils. Toutefois, sa carte d’identité – qui a été utilisée pour faire son admission à l’hôpital –  et son livret bancaire sont toujours introuvables.

La familleKhodaboccus tient à dénoncer les conditions dans lesquelles Rashid a été traité, et se demandent s’il a reçu tous les soins nécessaires avant qu’il décède. Elle ne compte pas baisser les bras dans cette affaire. En tout cas, on peut se poser la question si d’autres patients sont en train de subir un calvaire similaire. Et qu’en est-il du ministère de la Santé ? Fait-il seulement un suivi ?