Démission surprise du gouvernement tchèque

Plutôt que de limoger son ministre des Finances, soupçonné d’évasion fiscale, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a préféré jeter l’éponge.

La décision a surpris tous les commentateurs. Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a annoncé mardi sa démission, et donc celle de l’ensemble de son gouvernement, en raison du conflit qui l’oppose à son ministre des Finances, l’influent milliardaire Andrej Babis, soupçonné de fraudes fiscales. «Je présenterai prochainement, probablement cette semaine, ma démission au président Milos Zeman. Il est inadmissible qu’Andrej Babis reste au poste du ministre des Finances», a déclaré devant la presse le Premier ministre social-démocrate.

«Les règles doivent être valables pour tout le monde. Le ministre Babis fait face à un énorme conflit d’intérêts», a affirmé Bohuslav Sobotka, qui s’interroge notamment sur la façon dont son ministre a racheté les dettes de son groupe Agrofert, soit un milliard et demi de couronnes (environ 55 millions d’euros), sur l’origine de cet argent et sur des soupçons d’évasion fiscale accompagnant cette transaction. Il avait sommé son ministre des Finances, deuxième fortune du pays selon Forbes, de s’expliquer, mais Andrej Babis assure n’avoir commis aucune malversation. Le richissime homme d’affaires est le fondateur d’Agrofert, la plus grande entreprise non cotée du pays, qu’il avait transférée dans un trust en début d’année pour se conformer à la législation entourant les conflits d’intérêts. La justice tchèque s’interroge également sur le versement de subventions européennes à une société acquise par Babis.