Des scènes d’intimidation et d’abus de pouvoir sont venues troubler une manifestation pacifique contre le deal « mama-piti » par des membres de l’opposition lors de l’inauguration des maisons NSLD à Malherbes durant la semaine. Des agents proches du ministre du Logement et des Terres, Steven Obeegadoo, ainsi que des représentants de la NHDC et de la NSLD, ont agressé verbalement et physiquement des manifestants qui brandissaient des pancartes avec le slogan ‘Non au deal Mama-Piti ek Rann Nou Later’. Malgré la présence de la police en uniforme, aucune action n’a été prise pour empêcher ces provocations
Ce traitement contraste fortement avec l’incident qui a eu lieu à Côte d’Or le 27 août dernier, lors duquel des manifestants pacifiques avaient été brutalement réprimés par la police en civil. À Côte d’Or, les manifestants avaient également respecté les règles de la Public Gathering Act, tout comme ceux à Malherbes, mais ils avaient fait face à des violences policières démesurées. En revanche, à Malherbes, bien que les manifestants aient aussi respecté la loi, la police est restée passive face aux agressions des partisans du gouvernement contre les manifestants.
La différence de traitement entre les manifestants de Côte d’Or et ceux de Curepipe soulève de sérieuses questions sur l’impartialité des forces de l’ordre à Maurice. Rajen Narsinghen, conseiller légal du mouvement ‘Rann Nou Later’ et juriste, exprime ses préoccupations sur l’attitude des policiers dans ces deux affaires. Selon lui, la police agit avec fermeté dans certains cas, mais reste étrangement passive lorsque des proches du pouvoir s’en prennent à des manifestants pacifiques, comme cela s’est produit à Curepipe. « On ne peut pas mettre tous les policiers dans le même panier. Certains portent fièrement leur uniforme et servent le public avec loyauté, mais d’autres semblent plutôt servir leurs propres intérêts ou ceux de leurs alliés politiques », déclare-t-il. Il critique également l’instrumentalisation de la police par certains membres du gouvernement, ainsi que la présence de forces parallèles, notamment des ‘tapeurs’ ou des ‘bouncers’ qui, selon lui, s’infiltrent parmi les policiers en civil. « Aujourd’hui, ils ne se contentent plus de voler des terrains, ils volent aussi les banderoles des manifestants pacifiques », ironise le juriste.
Rajen Narsinghen fait remarquer que, dans ces deux cas, la complicité des forces de l’ordre est soit active, soit passive. Cette inaction policière dans le second cas est tout aussi dangereuse que l’agression active, conclut-il.